Depuis 2018, tous les deux ans, le groupe ECO édite un Panorama du décolletage publié une quinzaine de jours avant le lancement du Salon du décolletage et de la fabrication mécanique de précision (Simodec) à La Roche-sur-Foron.
En 2024, ce rendez-vous rédactionnel est maintenu, sauf que pour l’occasion le hors-série change de nom et devient Panorama de l’Industrie. Une mutation rendue nécessaire par l’évolution du secteur mécanique de la Haute-Savoie qui historiquement s’est construit avec le décolletage, puis a étendu au fil des décennies ses compétences pour réaliser aussi des pièces de plus en plus complexes, en petites (voire très petites), moyennes et grandes séries.
« Il faut réindustrialiser un pays dépouillé de son outil de production par des choix politiques sans vision à long terme. »
Cette industrie explore tout le spectre des technologies de l’usinage, et ajoute des savoir-faire dans l’assemblage, l’électronique et par extension la mécatronique, jusqu’à la fabrication additive. L’industrie du département, c’est aussi des activités connexes, telles que le traitement de surface qui ont enrichi l’écosystème et surtout contribuent à maintenir une activité économique dynamique de proximité. Cette grande diversité explique aussi la formidable capacité des industriels haut-savoyards à relever les défis et à surmonter les crises.
Des atouts encore plus incontournables dans un contexte où l’incertitude tend à devenir structurelle, au coeur d’une société alignant les paradoxes et les défis. Notre époque est à un carrefour comparable à la grande révolution industrielle du XIXe siècle, dont les enjeux ne se résument pas à des innovations technologiques, mais incluent des changements profonds et systémiques. Et surtout très rapides.
Le numérique a modifié nos façons de vivre au quotidien et les procédés de production, démultipliant les possibilités, nécessitent d’ajouter des briques de compétences à des métiers déjà très techniques. À cela s’ajoute l’obligation d’engager une transition environnementale à tous les niveaux et l’exigence de produire au plus près pour réduire les délais d’approvisionnements, mais aussi l’empreinte carbone.
La pandémie en 2020 a fait figure d’alerte rouge dans un monde où tout était tellement globalisé qu’effectivement une quinte de toux à l’autre bout de la planète a engendré un arrêt de travail international. Les difficultés ont surgi en cascades au moment de la forte reprise économique accentuant cet impératif de mutation.
Les questions de souveraineté nationale ont été remises de façon urgente sur le devant de la scène, intensifiées par l’inflation sur le coût de l’énergie. La relocalisation des productions est désormais une question de survie et se conjugue avec la réindustrialisation d’un pays dépouillé de son outil de production par des choix politiques sans vision à long terme.
L’État et les collectivités locales n’ont pas d’autres options que de soutenir ce mouvement à coups de subvention et d’aide diverses et variées qui on l’espère auront un effet bénéfique pour nos territoires. Mais là encore, les injonctions paradoxales troublent les stratégies des entreprises industrielles comme au niveau local avec des politiques qui soutiennent le travail transfrontalier, alors que les entreprises peinent à recruter de la main-d’oeuvre qualifiée.
Bref, même si les industriels affichent une résilience sans faille et un goût pour l’innovation très prononcé, sans soutien des élus ils auront plus de mal à relever tous ces défis.
Sandra Molloy
s.molloy@groupe-ecomedia.com
Cet édito est issu de notre Panorama économique Industrie 2024, disponible au format liseuse en ligne ou au format papier.

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