Énergie : les Alpes roulent pour l’hydrogène…

par | 24 mars 2023

Face aux objectifs fixés par l’État en termes de décarbonation de l’industrie, les territoires alpins font le choix de l’hydrogène… à condition de relever quelques défis majeurs…

La région Auvergne-Rhône-Alpes recense 80 % des acteurs du marché français de l’hydrogène. En organisant dans sa commune, le 8 mars, une journée d’information sur les perspectives d’avenir de cette filière, Fabrice Pannekoucke, maire de Moûtiers et vice-président du conseil régional, a attiré un nombreux public d’élus, de dirigeants et, surtout, d’acteurs de la montagne avides de solutions innovantes pour la préservation des Alpes. Parmi les invités du jour : Luigi Crema, président d’Hydrogen Europe Research et directeur de la fondation Bruno Kessler.

Luigi Crema, président d’Hydrogen Europe Research et directeur de la fondation Bruno Kessler.

À ses yeux, « les territoires alpins ont un avantage, ils sont pionniers en termes d’énergie hydrogène. Ils sont désormais capables d’attirer des investisseurs privés, pour faire grandir la communauté ». La stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné est dotée d’une enveloppe de 7 milliards d’euros d’investissements à horizon 2030. Lancé le 9 septembre 2020, le plan Hydrogène France poursuit trois objectifs : la décarbonation de l’industrie, le soutien à l’innovation et au développement des compétences, et le développement des mobilités lourdes.

De son côté, la Région Aura a inscrit 15 millions d’euros à son budget pour accélérer le mouvement : « Quand la Région Aura décide de porter ce sujet de l’hydrogène, elle le fait d’abord parce qu’il y a une telle concentration d’acteurs de l’hydrogène sur son territoire que cela l’oblige. Même l’Europe reconnaît que c’est le territoire opportun pour lancer cette industrie », explique Fabrice Pannekoucke.

« Hympulsion SAS (Hympulsion SAS réunit la Région Aura, Engie, Michelin, la Banque des territoires et le Crédit agricole, NDLR) est notre opérateur régional pour le déploiement et l’exploitation des stations d’hydrogène : le choix est fait d’en installer vingt en Aura d’ici 2024 et, dans le même temps, de trouver les moyens de financer des véhicules pour la mobilité des usagers. C’est dans ce cadre-là qu’une première station a été inaugurée à Chambéry et une deuxième à Moûtiers. »

Fabrice Pannekoucke, maire de Moûtiers, vice-président de la région Aura

70 M€ : c’est le montant du projet de déploiement de l’hydrogène en région Aura, porté par Hympulsion SAS : soit 20 stations de recharge, 3 électrolyseurs de grande capacité et 400 véhicules utilitaires ou légers.

De l’hydrogène décarboné sinon rien

Cependant, pour être vertueux, l’hydrogène ne doit plus être produit grâce à des énergies fossiles mais avec une électricité décarbonée ou renouvelable. De nombreux défis restent donc à relever pour que cet hydrogène “vert” fasse partie intégrante du mix énergétique de la France et de l’Europe. Comment produire cette ressource de manière massive ? Comment et où la stocker ? Comment la distribuer ? Luigi Crema apporte quelques perspectives : « Il ne faut pas oublier que lorsqu’il a fallu s’organiser pour couvrir nos besoins en gaz naturel, cela nous a pris vingt ans. Aujourd’hui, nous commençons à préparer les infrastructures, à planifier la création d’énormes réservoirs pour stocker l’énergie à grande échelle et l’acheminer jusqu’aux stations. Dans les deux ou trois prochaines années, en Italie, nous réaliserons le premier test sur un réservoir sous-terrain d’hydrogène ».

Et de prédire : « Quand les infrastructures seront prêtes et que les investissements seront effectués, l’hydrogène jouera un rôle prédominant à tous les niveaux de la société, y compris pour les usages domestiques ». Espagne et Portugal misant sur leurs capacité en énergie éolienne et solaire pour devenir des leaders de la production d’hydrogène “vert”, un projet d’autoroute sous-marine de l’hydrogène entre Barcelone et Fos-sur-Mer a été présenté en octobre dernier par le ministère de la Transition écologique, avec pour objectif d’accélérer la décarbonation de l’industrie.

Luigi Crema en est persuadé : « L’hydrogène vert est un nouveau marché. C’est la seule chaîne énergétique vertueuse, depuis la production jusqu’à la consommation : elle n’impacte pas l’environnement et ne présente aucun danger pour la communauté. Cette solution répond aussi aux habitudes du consommateur : faire le plein de sa voiture en quelques minutes et rouler entre 600 et 700 km sans contrainte. »


Leïla Oufkir
Crédit photo à la une : DepositPhotos

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