Environnement : les carrières ne mangeront pas la Maurienne

par | 09 juin 2023

Le projet de transformer 1 000 hectares en carrière de gypse au coeur de la vallée de la Maurienne est abandonné. La fronde populaire et politique a fait plier les ministères.

Le 17 juin 2022, la commission nationale du débat public annonçait une lettre de mission visant à mener une concertation dans la vallée de la Maurienne, dans le cadre d’un projet de zone spéciale de carrières (ZSC) susceptible de faire réagir face à « l’atteinte exorbitante au droit de propriété de ce plan » (sic). Le dossier en question (porté par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et celui de l’Économie et des Finances) concernait l’exploitation du gypse et de l’anhydride dont regorge ce territoire savoyard.

L’objectif était d’arriver à une production annuelle de 200 000 tonnes sur une durée de cent vingt ans afin de répondre aux enjeux de la rénovation énergétique des bâtiments à l’échelle nationale, en donnant au groupe Saint- Gobain (déjà présent sur la carrière Gypse de Maurienne, sur la commune de Saint-Jean-de- Maurienne) les moyens d’amplifier la production de plaques de cloisons en plâtre (obtenu après transformation du gypse) et au groupe Vicat d’augmenter ses volumes de ciment.

Dans cette perspective, l’État validait la réquisition de 404 hectares dans la vallée de l’Arvan et 627 hectares en Haute-Maurienne, dont le village de Bramans, entièrement englobé, afin d’y accorder un droit d’excavation qui « permet aux exploitants de s’affranchir de l’accord des propriétaires sur l’ensemble des surfaces concernées » dénonçait, dès septembre, le Collectif non-ZSC alors constitué.

« C’est une véritable réquisition par l’État de nos forêts, de nos terres, de nos espaces de vie. »

Redoutant la déstructuration de l’économie touristique, agricole et industrielle de la vallée, habitants comme élus ont, depuis, massivement réagi à l’encontre de « cette zone spéciale de carrières qui nous est rapidement apparue délirante », selon les propos de la députée de la 3e circonscription de la Savoie, Émilie Bonnivard. La mobilisation des strates communales et intercommunales, puis de celles de l’Assemblée nationale et du Sénat – jusqu’à la visite, la semaine dernière, d’une délégation d’élus de la Maurienne à l’Élysée pour réclamer l’annulation – a finalement payé.

Épilogue de ce « douloureux chahut » (comme le dépeint le vice-président de la communauté de communes Haute-Maurienne Vanoise, Yann Chaboissier) : le périmètre a finalement été révisé. « Il représentera les 60 hectares prévus dans le projet d’intérêt général d’extension de la carrière Gypse de Maurienne », a annoncé lundi soir Kevin Poveda, sous-préfet de l’arrondissement de Maurienne, à l’issue d’une réunion tenue en préfecture de la Savoie en présence des maires des communes impactées et de la députée.

« Nous ne sommes pas anti-carrière, conscients des enjeux de la transition écologique et des besoins de l’usine de placoplatre de Chambéry pour maintenir ses emplois, mais il convenait de revenir à l’équilibre », résumait la parlementaire.

Les maires des communes de Bramans, Sollières-Sardières, Villarembert-Le Corbier, Fontcouverte-La Toussuire, Aussois, Modane, Saint-Jean-de-Maurienne, le président de la CC Coeur-de-Maurienne Arvan, et la députée Émilie Bonnivard étaient reçus en préfecture en présence du sous-préfet, Kevin Poveda.

30 ans d’exploitation

Après neuf mois de fronde, de réunions publiques d’information, de contestations officielles et de négociations, les élus sont apparus partagés entre agacement et soulagement. Trois consultations publiques vont désormais se succéder. La première portera sur la modification, dès juillet, du plan local d’urbanisme de la ville de Saint-Jean-de-Maurienne, afin d’intégrer les réquisitions du projet d’intérêt général décrété fin 2021 par l’État pour étendre la carrière Gypse de Maurienne.

« Nous gardons ainsi la main sur les choix, afin d’intégrer les remarques des riverains », soulignait Philippe Rollet, maire de la ville, au terme de la réunion préfectorale. D’ici trois ans, une dernière enquête devra valider le classement du site en « installation classée protection de l’environnement ». La carrière actuelle, dont les stocks sont estimés à quatre années, pourra alors fonctionner pour une durée maximale de trente ans.


Raphaël Sandraz
Photo à la une : Baptiste Buisson sur Unsplash

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