Annoncée fin mars, la « mise sous cocon » des sites FerroPem de Château-Feuillet (Savoie) et des Clavaux (Isère) pourrait entraîner la suppression de 350 emplois. Après plusieurs relances, la direction de Ferroglobe, le groupe américano-espagnol qui détient FerroPem, a finalement répondu à nos questions. Voici la transcription des réponses écrites de Cristina Feliu Roig, directrice exécutive « Communications, Branding & Public Affairs », basée à Madrid.
Sur quels critères a été prise la décision de « mettre sous cocon » les deux sites de Château-Feuillet (Savoie) et des Clavaux (Isère) ?
L’entreprise a perdu ces deux dernières années 74 millions d’euros pour un chiffre d’affaires moyen de 327 millions d’euros. Ce n’est pas viable et ne permet d’envisager aucune pérennité pour Ferroglobe en France et pour les près de 1000 salariés basés sur nos 6 sites industriels (périmètre FerroPem). La direction de l’entreprise a présenté un projet de transformation de Ferroglobe avec plusieurs axes. Quatre sites industriels FerroPem employant près de 600 salariés seraient maintenus et renforcés ; le projet entrainerait la suppression de 129 postes de travail au sein de l’établissement des Clavaux et 221 postes de travail au sein de l’établissement de Château-Feuillet.
Cette décision est difficile mais dans les conditions de marché actuelles et au vu des coûts de production en France, malgré tous les efforts, il n’est pas possible de faire autrement que de prévoir l’arrêt de production sur deux des sites français. La direction a parfaitement conscience de l’impact social et humain de ce projet pour ses salariés mais aussi pour les territoires. Elle proposera dans le cadre de l’information consultation en cours, un accompagnement et des mesures sociales de qualité pour un retour à l’emploi rapide de tous les salariés. De plus, la direction a lancé une procédure de recherche de repreneur ou d’alternative économique pour les sites concernés, avec l’aide d’un cabinet indépendant spécialisé.
Pour Les Clavaux : Le site est dépendant de son client principal historique qui représente 75% des volumes produits sur les dernières années, et qui a choisi de se désengager en 2020, nos coûts de production n’étant pas assez compétitifs. Du fait de son manque d’accès direct à la logistique ferroviaire, le site des Clavaux est pénalisé par une reprise additionnelle de ses matières premières en camion par rapport aux autres sites. Cette localisation est due à son histoire car l’usine a été installée près de sa source d’énergie, la fameuse houille blanche. Ces deux raisons poussent la direction à envisager l’arrêt de production sur ce site.
Pour Château-Feuillet : Du fait de sa localisation géographique et des contraintes de terrain, le site nécessite une manutention plus importante que les autres (chargement, déchargement). Là aussi, la localisation du site est due à l’histoire et à la proximité de l’énergie hydraulique. Les coûts de production sont les moins compétitifs pour ce site sur l’ensemble de sa gamme de produits. Ces deux raisons poussent la direction à envisager l’arrêt de production sur ce site.
Pourquoi avoir opté pour une « mise sous cocon » plutôt que pour une fermeture de ces deux sites ? Pourquoi ne pas avoir envisagé de bénéficier du dispositif d’activité partielle de longue durée (APLD) qui existe en France, et qui aurait pu permettre d’attendre de voir comment la conjoncture évolue avant de procéder à un plan social ?
Le projet de restructuration tel qu’envisagé a pour vocation de répondre à des contraintes économiques et de marché structurelles, alors que l’APLD constitue une réponse conjoncturelle qui, si elle mise en œuvre, ne pourrait pas assurer la pérennité des autres sites français, ce qui reste l’objectif premier. Ferroglobe en France intervient sur un secteur dit hyper électro intensif nécessitant des coûts énergétiques bas pour produire à des prix compétitifs sur un marché mondial et ultra concurrentiel. Dans cet environnement, l’entreprise connait des pertes cumulées de -74M€ sur les deux dernières années pour un chiffre d’affaires moyen de 327 millions d’euros.
Avec des perspectives où les coûts de production ne pourront être compétitifs, au vu principalement du cout de l’énergie en France, et afin de pouvoir maintenir un équilibre économique viable pour les 4 autres sites FerroPem en France, un projet de transformation doit être mis en place au risque de voir l’ensemble de la filiale péricliter. Dans les conditions actuelles du marché c’est la seule façon d’assurer l’avenir des activités françaises sur un marché mondial extrêmement compétitif.
Des projets de recherche et développement sont en cours, notamment sur le développement du silicium dans les anodes des batteries Lithium qui pourraient, s’ils aboutissent, créer de nouveaux débouchés pour les produits de Ferroglobe à moyen terme. La temporalité est différente pour le dispositif d’APLD (24 mois maximum) et pour ce type d’opportunités.
Quelle est votre position par rapport à la loi Florange ? Envisagez-vous de céder/vendre l’un ou l’autre de ces sites à d’éventuels repreneurs ?
Une procédure de recherche de repreneur est bien prévue par le projet de restructuration, qui a été confiée à un cabinet spécialisé indépendant et qui, si elle aboutit, doit permettre les cessions d’établissement.
À combien chiffrez-vous les mesures sociales d’accompagnement de chacun des deux plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) ?
L’entreprise proposera dans le cadre de l’information consultation en cours, un accompagnement et des mesures sociales de qualité pour un retour à l’emploi rapide de tous les salariés. La direction ne souhaite pas rendre public le chiffrage de ces mesures à ce stade.
Calendrier : à quelle échéance pensez-vous être en mesure de « mettre en sommeil » chacun des deux sites ?
Nous nous conformons au calendrier social prévu par la loi. L’interruption de production interviendrait après avis du CSEC de FerroPem et validation du PSE par le ministère du Travail.
L’électricité en France est parmi les moins chères d’Europe, y compris pour les industriels.
L’argument de la directrice exécutive est donc discutable. D’autres entreprises électro intensives ont négocié avec le fournisseur pour obtenir des tarifs préférentiels.
Pourquoi cette piste est-elle écartée ?
Les salariés affirment que la trésorerie de l’usine Ferropem à été pillée au bénéfice de FerroGlobe. Pourquoi cette stratégie financière est-elle permise ? La valeur produite en France ne devrait pas parti à l’étranger. Il s’agit d’une faille que le gouvernement devrait corriger.
Certains rapports notamment celui du cabinet d expertises économiques du comité européen démontrent que les motifs invoqués par la direction de ferroglobe ne sont pas en corrélation avec les aspects conjoncturels.
En effets ces rapports mets en évidence que le manque de compétitivité invoqués par la ferroglobe pour les 2 établissements sont erronés car le groupe prend en compte dans les coûts de revient les sur coûts liés à la sous activité, sans prendre en compte le potentiel de marche nominale dans un fonctionnement éligible au dispositif d electro intensif .sans prendre également en compte les améliorations de coûts faute d d’investissements sur le changement d electrodes.
Certains documents montrent également que château.feuillet bénéficie de coûts fixes plus faibles que certains établissements dont la production est saturée.
De plus la mise sous cocon n est qu’une volonté du groupe de ne pas ouvrir à la conurrence ces établissements .
Pour plusieurs raisons:
Ne pas voir un concurrent avec une structure financière saine qui représenterait une vraie menace à terme stratégique
Continuer à faire du chantage à l emploi pour bénéficier d un accès et tarif électrique sans contrepartie.
Garder une influence sur les volumes et prix de ventes.
Concernant les mesures sociales que propose ferroglobe aujourd’hui dans le cadre du PSE elles sont au minimum de ce que prévoit la loi .
Le calendrier de consultation des IRP est également au minimum légal.
Un certain nombre de contentieux sont en cours à l initiative des représentants des salariés du fait que la direction ne souhaite pas communiquer les éléments légaux dans le cadre de cette consultation.
Au sujet de la loi Florange et de la lettre de mission du cabinet oneida ,tout porte à croire que les intentions du groupe sont toutes sauf sincères.
En conclusion la seule raison de ce PSE se trouve dans l endettement financier structurel du groupe issu d une gestion d acquisition kamikaze, de vente d actifs stratégiques ( centrale hydrau electrique ) et de positions commerciales agressives sur certains de ses propres clients stratégiques de gros volumes ( dow corning notamment)
Aujourd’hui malgré la saturation des 4 sites au détriment des 2 sacrifiés, ferroglobe ne présente aucun garantie pérenne de maintien des emplois .
Ferroglobe serait d ailleurs incapable de faire face à un rebond du marché tant son fond de roulement à été impacté par des coûts de siège et financiers ne correspondant à son activité de production.
La filiale ferropem sur les 10 dernières années a enregistré des marges nettes de plus de 400 millions d euros .
La mauvaise anticipation et gestion des cycles bas (, volume et prix ,) constituent également les raisons des difficultés dont fait face ferroglobe.
Certe la crise sanitaire du covid-19 prolonge ce bas cycle en ayant malgré tout contribué a relancer la demande lors des mois de confinement en Chine au début de la pandémie.
C est donc encore plus incompréhensible de ne pas solliciter les dispositifs d apld ,dans un contexte de sortie de pandémie probablement proche qui devrait permettre de retrouver les volumes de vente d avant la crise .