Créée en début d’année 2016, la fondation Kunz veut révéler les talents des personnes en situation de handicap. Rencontre avec son fondateur, le haut-savoyard Sylvain Dizerens.
Sylvain Dizerens, vous avez monté la Fondation Kunz début 2016, du nom de l’entreprise que vous dirigez depuis 1997. Pour quelles raisons avez-vous créé cette structure ?
Cela faisait longtemps que j’en rêvais. En 2003, mon épouse et moi-même avons eu notre premier enfant, Adrien. Très vite, nous nous sommes rendu compte qu’il était différent. Les médecins nous ont confirmé qu’il était atteint d’une maladie génétique orpheline. Une maladie qui n’a pas de nom et qu’on ne sait pas guérir. Les généticiens nous ont seulement assuré d’une chose : Adrien ne marcherait ni ne parlerait jamais, il ne serait jamais autonome. Mon épouse s’est arrêtée de travailler pour lui donner toutes les chances de sortir de cette situation programmée. Aujourd’hui, Adrien marche, parle, il sait lire et écrire et est même scolarisé en institut médico-éducatif, dans une classe délocalisée. Il n’y a pas de fatalité. C’est tout le sens de la fondation.
Quel est l’objet de la Fondation Kunz ?
Il s’agit de révéler les talents des personnes en situation de handicap mental, moral ou physique. Notre fondation, qui est sous l’égide de la Fondation hospitalière Sainte-Marie, collecte des fonds auprès d’entreprises ou de particuliers, puis finance des opérations dont l’objet consiste à redonner le goût de vivre et l’estime de soi à ces personnes. Ce peut être des projets artistiques, sportifs ou culturels. Les résultats de ces opérations devront être exposés au plus grand nombre, car nous voulons aussi faire changer le regard des gens sur le handicap.
La Fondation a-t-elle déjà financé des projets ?
Oui, sept projets ont déjà bénéficié d’une aide, de 5 000 euros en moyenne. Ils sont portés par des particuliers, des professionnels ou des associations. Le skieur nordique bonnevillois Thomas Clarion, qui est aveugle, avait par exemple besoin d’un binôme pour s’entraîner pour les prochains mondiaux et jeux olympiques. La Fondation s’est engagée à participer au financement de ce coach pour les deux prochaines saisons. Une art-thérapeute de Lucinges, qui intervient chaque semaine auprès d’adolescents hospitalisés au sein du service psychiatrique du Chal, a aussi bénéficié de ce soutien. Un minibus, destiné au transport de personnes en situation de handicap pour leurs sorties culturelles ou sportives (association Kyfékoi), a pu être en partie financé grâce à la Fondation…
“PERSONNE N’EST HANDICAPÉ. IL Y A SEULEMENT DES GENS PORTEURS DE HANDICAPS. CAR IL ARRIVE PARFOIS QUE LE HANDICAP S’EN AILLE OU S’ATTÉNUE.”
Comment s’opère la sélection de ces dossiers ?
Une commission d’engagement, composée de sept bénévoles, et un comité consultatif de 3 ou 4 membres, étudient les demandes et les sélectionnent si elles répondent à nos deux critères : révéler les talents de personnes en situation de handicap et permettre au plus grand nombre d’en être le témoin. La commission suit ensuite la mise en œuvre de ces projets tout en informant les donateurs de leur progression.
À propos, qui sont les donateurs ? D’où proviennent les fonds que vous redistribuez ?
Les donateurs peuvent être des entreprises, des particuliers, des associations, des legs… Nous récoltons dans le monde entier et redistribuons sur le territoire français. Presque tous les dons qui nous sont faits sont “défisca- lisables” : nous avons eu des fonds provenant de l’impôt sur la fortune, de l’impôt sur le revenu, de l’impôt sur les sociétés… Depuis janvier 2016, la collecte a atteint 75 000 euros.
Quels sont vos objectifs pour 2017 ?
Nous espérons donner un coup de pouce à une vingtaine de projets par an. Pour cela, nous allons avoir besoin de plus d’argent. Nous lançons donc un appel aux entreprises qui souhaiteraient faire du mécénat avec nous. Et nous réfléchissons à la possibilité de mettre en place un système d’arrondi à la caisse pour des commerces qui voudraient nous soutenir. Toutes les enseignes Kunz en seront dotées dès le mois d’avril. J’ajoute d’ailleurs que presque tous les franchisés Kunz se sont ralliés à notre cause en devenant mécènes.
Propos recueillis par Sylvie Bollard.
Pour plus d’informations et/ou pour faire un don, rendez-vous sur www.fondationkunz.fr
Mécénat : mode d’emploi
Une entreprise intéressée pour soutenir la Fondation Kunz a la possibilité de réaliser une déduction fiscale de 60 % des sommes versées, à concurrence de 0,5 % de son chiffre d’affaires. Elle peut communiquer, «mais très peu», précise Sylvain Dizerens, sur son engagement. En revanche, elle peut communiquer autant qu’elle veut sur la fondation. «Il s’agit d’un engagement philanthropique, résume le dirigeant. Ce peut être l’occasion, pour un chef d’entreprise, d’aider un de ses collaborateurs ou de fédérer son personnel autour d’un projet porteur de sens.» Pour la fondation, une convention de mécénat permet d’envisager le financement de projets pluriannuels.
KUNZ : une histoire de famille
L’entreprise familiale Kunz a été créée à Gaillard en 1925 par Charles Kunz. À l’époque, il s’agit d’un atelier de teinture qui se transforme progressivement en blanchisserie jusque dans les années 1970 où le déclin s’amorce. Adrien, le père de Sylvain Dizerens, décide alors de changer de modèle : il licencie les 120 salariés de Gaillard et s’associe avec le fondateur de l’enseigne 5 à sec. Il ouvre le premier pressing 5 à sec à Thonon en 1971 et développe un réseau de franchisés, tout en gardant la marque Kunz en sommeil. En 1997, quand Sylvain Dizerens prend la direction de l’affaire, elle compte 12 5 à sec et 2 pressings Kunz. En 2008, il rachète les parts de sa sœur et devient propriétaire à 100 % de Kunz SAS. Mais en 2013, le dirigeant quitte 5 à sec et transforme ses 14 magasins en boutiques Kunz. Il crée aussi, avec l’aide de Yann Voillot qui en devient le président et co-actionnaire, la société KTM qui commercialise la marque Kunz. Aujourd’hui, la holding comprend donc deux entités : Kunz SAS (16 pressings dans les deux Savoie, 3,5 M€ de CA, 60 collaborateurs) ; et KTM qui gère les franchises partout en France. Au total, les deux réunies comptent 43 pressings.
Vidéo : présentation de la fondation Kunz
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