En Pays de Savoie et dans l’Ain, sur un marché immobilier pourtant réputé résilient, les transactions s’écroulent. Un phénomène accentué par la remontée brutale des taux de crédit et l’augmentation des prix.
Comme partout en France, et après deux années de forte progression, le volume des transactions immobilières chute. Sur douze mois glissants à fin octobre 2023, la Fnaim Savoie Mont-Blanc fait état de 32 996 ventes, en recul de 14,7 %. La Haute-Savoie, qui concentre 46 % des transactions, a vendu 15 162 logements anciens, suivie de la Savoie, 9 181, et de l’Ain, 8 652 (voir tableau).
« Certes, les ventes s’érodent mais la demande est là, sur un territoire dont l’attractivité ne se dément pas », tempère le président, Sébastien Cartier.
Si l’on raisonne par ville, il s’est échangé 1 925 logements à Annecy, qui se place en tête du top 20 des villes sur nos territoires ayant enregistré le plus de ventes, contre 989 à Chambéry, 736 à Aix-les- Bains et 622 à Bourg-en-Bresse.
Sur un marché en tension, l’offre est très limitée, avec peu de biens disponibles. De plus, certains acquéreurs, faute de financement, se reportent sur le marché locatif. Mécaniquement, les prix s’inscrivent à la hausse (excepté les logements classés F et G au DPE, qui décotent de 10 à 15 %).
Sans surprise, les valeurs sont variables en fonction des secteurs. Dans l’Ain, elles passent du simple au quadruple, selon si l’on achète à Oyonnax (1 563 €/m2) ou à Divonne-les- Bains (5 950 €/m2). En Pays de Savoie, le bassin chambérien reste plus accessible, à 3 061 €/m2. Quant à Annecy, acheter un appartement dans l’existant réclame d’avoir un apport personnel important. Dans la Petite Venise des Alpes, le prix moyen du mètre carré s’élève à 5 664 €.
Sur douze mois glissants à fin octobre 2023, la Fnaim Savoie Mont-Blanc fait état de 32 996 ventes, en recul de 14,7 %.

Capacité d’emprunt
Si la demande sur nos territoires persiste, en revanche, la capacité d’emprunt des Français a diminué de 25 % en deux ans. À titre d’exemple, pour un prêt contracté sur vingt ans, avec des mensualités de 1 000 €, elle passe de 216 000 € à 162 000 € !
Sur fond de taux bancaires qui ont flambé de plus de trois points depuis janvier 2022 pour atteindre 4,25 % en janvier 2024, limitant les conditions d’accès au crédit. Les premiers impactés sont les primo-accédants. Le pouvoir d’achat immobilier a baissé, dans le même temps, de 15 % malgré l’augmentation des revenus.
Faire bouger le crédit
Si l’on en croit les spécialistes du secteur, la baisse des volumes de ventes devrait encore se poursuivre en 2024 pour s’établir autour des 30 000 en Savoie Mont-Blanc et dans l’Ain. Côté prix, ils devraient afficher une certaine stabilité, sachant qu’ils restent élevés. Quant aux taux d’intérêt, la Banque de France anticipe une stabilisation au premier trimestre 2024.
« Le taux d’usure, supérieur à 6 %, permettra d’octroyer plus de crédits bancaires », se réjouit Bérengère Servat. La coprésidente de la Fnaim Savoie Mont-Blanc évoque également davantage de prêts à taux zéro ou à taux bonifié, qui devraient redonner des couleurs au crédit en 2024.
Enfin, la Fnaim entend faire bouger les lignes et a fait plusieurs propositions au gouvernement. À commencer par la portabilité et la transférabilité des prêts, pour permettre au vendeur, soit de reporter son crédit à un même taux sur une nouvelle acquisition (dans le premier cas), soit de transférer son prêt à un taux intéressant à l’acquéreur de son logement.


Patricia Rey
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