Basé à Metz-Tessy, Techmeta, le fabricant mondial de machines spéciales pour le soudage des métaux par faisceau d’électrons, a fait l’acquisition stratégique, en décembre, de Bodycote Haute-Savoie, spécialiste de la soudure pour l’armement et le nucléaire.
Il est loin le temps où Jean Sommeria, alors chercheur chez Alcatel (aujourd’hui Pfeiffer Vacuum), créait de toutes pièces Techmeta à Metz-Tessy (74). C’était en 1964. Si son expertise dans le soudage par faisceau d’électrons a fait sa renommée aux quatre coins du monde, l’entreprise haut-savoyarde s’est, depuis, considérablement développée, devenant un fleuron français de l’industrie de haute technologie. Ses deux secteurs d’activité : la fabrication de machines spéciales pour le soudage des métaux par faisceau d’électrons et la soudure en sous-traitance pour les industriels.
Dernièrement, la PME a racheté Bodycote Haute-Savoie (siège à Metz-Tessy) au groupe britannique de traitement thermique Bodycote, son propriétaire depuis 2007. Rebaptisée Techmeta Welding, cette PME, qui emploie 45 personnes et pèse 5 M€, est un sous-traitant majeur dans le soudage pour l’armement, le nucléaire, le spatial et l’aéronautique.
Croissance tous azimuts
« Il s’agit d’une opération stratégique, qui nous permet de regrouper à nouveau toutes nos expertises », se félicite Franck Oudot, PDG et actionnaire unique de Techmeta, entré dans l’entreprise en 2011 comme directeur général, avant d’en faire l’acquisition à 51 % en 2018 (et à 100 % en 2021).
D’autant qu’il a dû se battre face à une concurrence féroce et emprunter l’intégralité du montant auprès de ses banques partenaires (Société générale, Banque de Savoie, Cera) et de Bpifrance.
« Car, vante le dirigeant, ce qui fait la force de Techmeta, c’est son canon à électrons (ou tube cathodique) – ils ne sont que six autres, dans le monde, à maîtriser cette technologie – et son savoir-faire dans le soudage, dont l’ultraprécision repose sur soixante années d’expertise. »
Une technologie de pointe que l’on retrouve dans les pièces de sous-marin, le contrôle de puissance des centrales nucléaires… Et jusque dans les moteurs des avions et hélicoptères de Safran, du détecteur CMS du Cern ou dans les chargeurs de batteries de Tesla. La liste est longue.
Et Franck Oudot ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Après avoir créé deux filiales en 2022 – Techmeta India (Bangalore), dédiée au développement commercial et au service après-vente, et Techmeta Strips (Argonay – 74), experte dans le soudage de bande en continu pour les capteurs de précision dans l’automobile –, le dirigeant vient de transférer (en janvier) son activité de fabrication de machines spéciales, opérée par sa filiale Techmeta Engineering, sur un nouveau site de 4 000 m2 à Alby-sur-Chéran (73).
Un investissement de 6 M€. Chaque année, y seront fabriquées sept à huit machines sur mesure à destination des industriels (depuis cinquante ans, l’entreprise en a conçu et installé 440 dans le monde). Des équipements dont la R & D est assurée sur le site (et siège) de Techmeta à Metz-Tessy, où œuvrent cinquante chercheurs, ingénieurs et techniciens.
Une usine en chine fin 2026
En pleine croissance, le groupe prévoit d’ouvrir, fin 2026, une usine en Chine (Techmeta China) afin d’accompagner son partenaire allemand Isabellenhütte (fabricant mondial de matériaux résistifs), pour lequel elle produira des capteurs pour l’automobile dès 2027. Elle en profitera pour assurer le SAV de son parc machines sur place (le plus gros, avec 150 équipements). Ce site de 2 000 m2, qui emploiera 30 personnes, intègrera des machines spéciales « boîtes noires » entièrement automatisées ou presque, pour faciliter la tâche des opérateurs, et aussi éviter le transfert des compétences dans un pays connu pour son copiage industriel.
En 2024, le groupe Techmeta a réalisé 21 M€ de chiffre d’affaires consolidé (13 M€ pour Techmeta Engineering, 3 M€ Techmeta Strips et 5 M€ Techmeta Welding), avec 140 salariés déployés sur quatre sites. Sa part à l’export est ramenée à 50 % (au lieu de 80 % auparavant), sa croissance provenant davantage des marchés français de la défense et du nucléaire.
Patricia Rey
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