Innovation : l’outdoor du futur, éco-conçu et digital

par | 27 décembre 2018

La montagne française est propice à la création de nouveaux produits et services. Le développement durable apparaît de manière transversale dans les projets innovants, parfois positionnés sur des marchés différents.

Depuis dix ans, ses vêtements en coton bio et son logo dévalent les pistes alpines et habillent les adeptes des loisirs outdoor. L’entreprise Picture Organic Clothing, née à Clermont- Ferrand, fête en novembre une décennie d’existence. Les cofondateurs, Vincent André, Julien Durant et Jérémy Rochette, trois jeunes auvergnats adeptes des sports de glisse (photo ci-dessus), ont imaginé des vêtements techniques et une offre originale de prêt-à-porter sportwear, en rupture avec ce qui existait à l’époque : des produits éthiques, un design basé sur des “color blocks” (association de blocs de couleurs vives) et des couleurs “ flashy”. La mayonnaise a pris : Picture Organic Clothing s’est imposée sur un marché des sports de glisse dominé par de grandes marques comme Patagonia, North Face ou encore Colombia.

La marque française a trouvé sa place dans les rayons des boutiques de glisse et pèse désormais 18 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec 48 collaborateurs en France, sept franchises et 1 100 revendeurs indépendants dans le monde. Si le siège de l’entreprise est à Clermont- Ferrand, le design, le marketing et le pôle commercial sont installés dans le parc des Glaisins, à Annecy-le-Vieux. La recette de son succès ? Avoir choisi un modèle de production éco-responsable, en phase avec les préoccupations de son époque, avec des matières biologiques, recyclées et biosourcées et un modèle social dans la même veine. « 84 % de notre volume de production, soit 400 000 pièces, sont réalisés dans seulement deux usines en Turquie et en Chine, avec qui nous travaillons en partenariat depuis dix ans », explique Florent Palluel, responsable RSE de Picture Organic Clothing.

Ces usines sont labellisées et certifient notamment la non-toxicité et l’origine biologique des matières utilisées. « Ces dernières nous coûtent 20 à 30 % plus cher que les matières conventionnelles, précise-t-il. Cela nous oblige à marger moins pour conserver des prix publics compétitifs. » Si la PME est distribuée dans 30 pays, la France reste son premier marché et représente 40 % de son chiffre d’affaires.

« Les matières alternatives nous coûtent 20 à 30 % plus cher que les matières conventionnelles. »

Florent Palluel, responsable RSE de Picture Organic Clothing.

Matériaux alternatifs

À l’instar des produits de Picture Organic Clothing, ceux de la TPE Outdoor Kids perfluoros’adressent autant aux pratiquants de sports outdoor qu’aux urbains en quête d’articles techniques éco-conçus. Sous la marque Mero Mero, Hélène Allera- Marie fabrique et commercialise des « produits ingénieux pour parents actifs, décrit cette ancienne de Patagonia. Je veux faire entrer les codes et l’innovation des sports outdoor sur le marché de la puériculture ». Après un licenciement, elle a suivi, avec Outdoor Sports Valley (OSV), une formation sur les textiles techniques et fondé sa société en juillet 2016. Son premier produit est un sac à langer qui permet également de porter son enfant, à l’image de son positionnement : concevoir des produits hybrides, pour parents et actifs, mais aussi évolutifs pour un usage personnel, professionnel et de loisirs, avec des matériaux éco-responsables.

« Je n’ai pas changé de vie après avoir eu un bébé, je cherchais toujours des produits de haute qualité et adaptés à la pratique de sports outdoor, poursuit- elle. Nous voulons faire tomber les barrières entre les usages urbains, montagnards et de plein air. » Outdoor Kids est hébergée au sein de la pépinière d’OSV, Annecy Base Camp, comme une trentaine de jeunes entreprises du sport et de l’outdoor, tout près de “poids lourds” de la filière, dans le parc d’activités économiques des Glaisins, à Annecy-le-Vieux. Seize d’entre elles sont intégrées dans un programme d’incubation et bénéficient de l’accompagnement d’OSV. Ce réseau, labellisé “Cluster d’entreprises” depuis juin 2018, réunit 440 membres, (240 entreprises fabricants distributeurs, 200 prestataires de service, dont 70 % sont basés en Auvergne- Rhône-Alpes).

« Les porteurs de projets sont sur place, à proximité de leur terrain de jeu, et peuvent tester l’appétence du marché pour leur concept, explique Guillaume Bouvaist, coordinateur du pôle entrepreneuriat d’Outdoor Sports Valley et responsable de l’incubateur Annecy Base Camp. Ce dispositif permet de faciliter l’émergence de nouvelles entreprises et de renouveler le tissu économique de la filière. » Les créateurs de jeunes pousses ont en commun de changer la manière de concevoir et de fabriquer leurs produits dans une démarche de protection de l’environnement. Leur “produire propre” est une réponse au “consommer propre”. C’est le cas de Lagoped, créée par trois passionnés, qui conçoit et fabrique des vêtements de montagne techniques pour l’alpinisme, la randonnée et le ski. Les produits sont fabriqués en Europe, avec des matériaux recyclés sans perfluorocarbures (PFC) et destinés à de multiples usages. « Notre idée première est de concevoir des vêtements qui nous ressemblent pour retrouver ce qu’on cherche en montagne : la liberté, la nature, mais aussi le partage », relate Christophe Cordonnier, co-fondateur de Lagoped.

Comme beaucoup de nouvelles entreprises de la filière, Lagoped affiche ses valeurs, qui se traduisent dans le choix des matériaux, du modèle social chez ses fournisseurs, de circuits courts et d’un réseau de distributeurs physique, sans passer par le Net. « Notre choix de fabriquer en Europe met nos marges sous pression, mais nous ne sommes pas plus chers que nos concurrents, nous sommes compétitifs, insiste-t-il. En circuit court, nous consommons moins de ressources et nous nous appuyons sur des savoirfaire européens. » Fondée en avril, la société est en phase de démarrage et compte étendre sa gamme. Le projet à long terme est de fabriquer des vêtements à la demande et personnalisés.

Montagne connectée

Le premier produit de Mero Mero est un sac à langer qui permet également de porter son enfant. Hélène Allera-Marie, fondatrice de la TPE, veut faire entrer les codes et l’innovation des sports outdoor sur le marché de la puériculture.

Dans ce secteur, FolloWings propose une solution de suivi des événements sportifs. À l’aide d’une balise ou de leur téléphone mobile, les participants transmettent leur position qui s’affiche sur une interface où le public peut suivre leur localisation et leurs performances. « FolloWings s’adresse aux organisateurs d’événements sportifs, décrit Nicolas Vallet, son fondateur. Elle permet de sécuriser les pratiquants et d’améliorer le partage de leur course auprès de leurs proches ou leurs supporters. » Une balise permet en effet l’affichage du coureur en difficulté sur la page Web de l’organisateur et de transmettre ses données, y compris en zone blanche (géolocalisation, vitesse, niveau de charge batterie, temps de course, etc.).

Ce passionné de montagne, ancien ingénieur aéronautique, a créé l’entreprise en 2017 et prévoit pour 2019 d’accélérer la phase de commercialisation, notamment auprès des sociétés d’inscription aux courses. Le digital s’impose en force dans le secteur outdoor et inspire les entreprises innovantes. Le big data, les objets connectés, les technologies de géolocalisation, le phénomène des plateformes sont désormais présents dans ce milieu de la pleine nature. Qui court, qui grimpe, qui marche : l’esprit de communauté a gagné l’outdoor. Les pépites du secteur fournissent à leurs usagers les dernières innovations.


Dorothée Thénot


Cet article est paru dans votre hors-série Panorama des domaines skiables 2018-2019. Il vous est exceptionnellement proposé à titre gratuit. Pour retrouver l’intégralité de nos publications papiers et/ou numériques, et pour soutenir la presse, vous pouvez vous abonner ici.

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Découvrez également :

La réunion de présentation de l'observatoire de la commande publique.

Le BTP dans l’Ain de plus en plus en difficulté

Lors du douzième observatoire de la commande publique, les professionnels du bâtiment ont alerté sur une situation qui demeure compliquée. « Le décrochage du marché affaiblit l’ensemble de notre secteur d’activité et sans un rebond marqué de la commande publique,...

LIRE LA SUITE

Publicité

PUBLIEZ VOTRE ANNONCE LÉGALE EN LIGNE

Devis immédiat 24h/24
Attestation parution par mail
Paiement CB sécurisé

ANNONCES LÉGALES WEB

Consultez les annonces légales publiées sur notre site habilitées par la Préfecture >>

VENTES AUX ENCHÈRES

Consultez nos ventes aux enchères immobilières >>

publicité

abonnement

TESTEZ-NOUS !

9.90€ / mois
Paiement CB sécurisé
Déblocage immédiat
Tous les contenus premium
Résiliable gratuitement à tout moment

publicité

ARTICLES LES + LUS