Le Fonds Air-Bois se consume trop lentement

par | 09 août 2021

Ce dispositif, qui aide les particuliers de la vallée de l’Arve à financer le remplacement de leur cheminée à foyer ouvert, arrivera à échéance fin 2021 sans que l’ensemble des crédits disponibles aient été consommés. Explications.

Faire un feu de bois pendant deux heures dans une cheminée à l’ancienne émet autant de particules fines qu’un trajet de 2 000 kilomètres avec un vieux diesel, selon le ministère de la Transition écologique. Face à ce fléau, le gouvernement vient de lancer le 23 juillet un plan d’action national pour réduire de moitié de la pollution aux particules fines liée au chauffage au bois domestique d’ici 2030.

Dans la vallée de l’Arve, on n’a pas attendu cette tardive prise de conscience gouvernementale – certains pourraient parler de retard à l’allumage… – pour tenter d’adresser cette problématique. Le territoire dispose depuis 2013 d’un fonds air-bois qui est l’un des piliers de son plan de protection de l’atmosphère (PPA). Le secteur résidentiel serait en effet responsable de plus des deux tiers des émissions de particules fines.

Ce fonds vise donc à inciter les particuliers à remplacer leur cheminée à foyer ouvert par un dispositif à foyer fermé ou un mode de chauffage alternatif fonctionnant avec des énergies renouvelables, via l’attribution d’une aide de 2 000 euros par projet, sans conditions de ressources. Ce dispositif est également cumulable avec d’autres types aides, comme MaPrimeRenov.

La première vague du dispositif (2013-2018) a permis de remplacer 3 200 appareils, pour un budget consommé de 4,33 millions d’euros (M€). Forte de ce succès, la deuxième vague (2019-2021) s’est fixée un objectif encore plus ambitieux : remplacer 3 500 unités supplémentaires en trois ans. Pour y parvenir, le dispositif dispose d’un budget de 7,3 M€, abondé à hauteur de 50 % par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), l’autre moitié étant financée à parts égales (1,2 M€ chacun) par la Région, le Département de la Haute-Savoie, et les collectivités du territoire. En termes d’efficacité attendue, la présentation du PPA2 tablait sur une réduction des émissions de l’ordre de 42 tonnes de PM10 et de 41 tonnes de PM2,5.

Dernière chance

À six mois de la fin du dispositif, où en est-on ? « 1 550 appareils ont été remplacé depuis le début de la deuxième vague, soit 45 % de l’objectif. En termes d’enveloppe, 3,1 M€ de crédits ont été consommés », explique Bruno Forel, maire de Fillinges et président du Syndicat mixte d’aménagement de l’Arve et de ses affluents (SM3A), chargé de gérer le dispositif. « Après un léger recul en 2020, avec 430 dossiers validés – à cause de la crise sanitaire –, nous enregistrons une recrudescence en 2021, avec déjà 400 dossiers validés à fin juillet et un atterrissage attendu aux alentours de 700 dossiers, nettement au-dessus de la moyenne de 550 dossiers par an enregistrée depuis le début du dispositif. »

En dépit de ce bouquet final, le FAB2 devrait donc s’achever avec seulement 1 850/1 900 installations réalisées, à peine au-dessus de la moitié de l’objectif affiché.

Comment expliquer ce qu’il faut bien qualifier de contreperformance ? « L’objectif était particulièrement ambitieux puisque nous voulions faire mieux en trois ans que lors des cinq années précédentes. Les plus motivés se sont déjà saisis du dispositif et il s’avère plus difficile de toucher les autres, en dépit des efforts fournis pour faciliter l’accès au dispositif, par exemple en l’élargissant aux énergies renouvelables et en permettant aux foyers modestes de ne pas avoir à avancer les fonds. »

Au global, moins de 5 200 appareils performants auront été installés en huit ans, alors qu’un potentiel d’au moins 9 500 foyers avait été identifié, selon une étude préliminaire réalisée par BVA en 2012.

Pourtant, un arrêté préfectoral du 3 décembre 2019 dispose que l’utilisation d’un chauffage à bois “ouvert” sera strictement interdite sur les 41 communes du bassin d’air de la vallée de l’Arve à compter du 1er janvier 2022… « Je ne suis pas sûr que tout le monde ait entendu le message », observe Bruno Forel. « Pourtant, c’est la dernière chance pour bénéficier d’une aide de 2 000 euros pour contribuer à améliorer la qualité de l’air que nous respirons tous. »

© SM3A


Matthieu Challier

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