Le tunnel ferroviaire du Ceneri aplanit les alpes suisses

par | 10 septembre 2020

La Suisse vient d’inaugurer ce nouveau tunnel qui doit transformer le trafic ferroviaire du nord au sud de l’Europe.

C’est l’épilogue du « chantier du siècle ». La Confédération helvétique vient d’inaugurer, vendredi 4 septembre, le tunnel de base du Ceneri, dans le Tessin. Avec le tunnel du Loetschberg (2007) et celui du Saint-Gothard (2016), ce troisième et dernier grand ouvrage donne enfin corps au projet de Nouvelle ligne ferroviaire à travers les Alpes (NLFA) lancé dans les années 1990. Ouvert à la circulation en décembre, le tunnel du Ceneri constitue le chaînon manquant que toute la Suisse et l’Europe attendaient pour fluidifier le transport ferroviaire entre le nord et le sud du continent, via un axe reliant Rotterdam (Pays-Bas) à Gênes (Italie).

Réduire les temps de trajet et le nombre de camions

Si les voyageurs apprécieront la réduction sensible de leurs temps de trajet – il faudra par exemple 3 heures pour aller de Milan à Zürich, contre 3 h 40 actuellement –, c’est en matière de fret ferroviaire que les progrès devraient être les plus spectaculaires, pour ne pas dire révolutionnaires. Car l’objectif est aussi et surtout de limiter le nombre de camions qui traversent les Alpes, en permettant aux marchandises de transiter par ce nouveau couloir ferroviaire. Long de 15,4 kilomètres, ce tunnel qui culmine à 329 mètres au-dessus du niveau de la mer pourra en effet accueillir jusqu’à 170 trains de marchandises et 180 trains de voyageurs par jour.

« C’est le dernier verrou qui nous permet d’avoir une ligne plate à travers les Alpes », a expliqué à l’AFP Vincent Ducrot, le directeur des Chemins de fer fédéraux suisses (CFF), à la veille de l’inauguration. « À l’avenir, on pourra avoir des trains de fret de 750 mètres de long pouvant transporter jusqu’à 2 100 tonnes de marchandises. » D’après le dirigeant, ce nouvel axe ferroviaire pourrait permettre de transporter quotidiennement à travers les Alpes l’équivalent de 3 000 semiremorques, et ainsi permettre de réduire les émissions de CO2 de « 900 tonnes par jour ».

Investissement historique

« C’est le plus grand investissement qu’on ait jamais eu dans notre pays », a tenu à rappeler Simonetta Sommaruga, la présidente de la Confédération helvétique, estimant qu’il s’agit également « d’un signal fort pour une politique de transport intelligente ». Approuvé dans les urnes par les citoyens suisses en 1992 puis 1994, cette Nouvelle ligne ferroviaire à travers les Alpes a nécessité vingt-trois années de travaux et 24 milliards de francs suisses (22,18 Md€) d’investissements, financés en partie par les redevances sur les poids lourds. Dommage que le projet de tunnel pour la liaison ferroviaire Lyon-Turin (lancé dans les années 1980 !) ne passe pas par la Suisse, il serait peut-être déjà terminé…


Par Matthieu Challier (avec AFP)

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