L’EPFL, épicentre de la Drone Valley

par | 16 juillet 2020

La Suisse est en train de s’imposer comme l’un des leaders mondiaux dans le domaine des drones commerciaux. On parle aujourd’hui d’une Drone Valley, centrée autour des Ecoles polytechnique fédérales de Zurich (EPFZ) et de Lausanne (EPFL).

Au CES de Las Vegas, la grand-messe de l’innovation technologique qui a lieu chaque année en janvier, les visiteurs se pressaient au pavillon officiel suisse. L’une des stars du salon 2020 est la start-up de l’EPFL Flybotix, spécialisée dans les drones. Elle a pris le parti d’un système de propulsion qui s’apparente à celui de l’hélicoptère : deux hélices et un système de stabilisation numérique. « Cela nous donne un avantage au niveau du temps de vol et du bruit », explique le fondateur de Flybotix, Samir Bouabdallah.

Une manière de repenser entièrement le système de propulsion : en diminuant par deux le nombre d’hélices, on peut augmenter la taille de ces dernières et l’efficacité de l’engin. L’énergie nécessaire est ainsi drastiquement réduite et le temps de vol est prolongé. Pour ce drone d’un nouveau genre, Samir Bouabdallah a oeuvré plus de vingt ans dans le domaine des drones tant à l’EPFL qu’à l’EPFZ.

Car c’est grâce notamment à ces deux écoles polytechniques que la Suisse a pu émerger comme capitale du drone commercial, avec sa Drone Valley. Elle englobe des entreprises reconnues à travers le monde comme Verity, Flyability ou SenseFly, Pix4D, Windshape ou Picterra. Il existe aujourd’hui environ cent entreprises spécialisées dans les drones dans le pays.

« J’étais l’un des premiers en Suisse à créer des robots volants autonomes, dès le début des années 2000. »

Dario Floreanoi

Réglementation favorable aux drones

A École polytechnique fédérale de Lausanne, le Laboratory of Intelligent Systems est au coeur de l’innovation. Bon nombre d’entreprises y sont nées, fondées par des chercheurs devenus entrepreneurs. Il est dirigé par le professeur Dario Floreano, qui est également le directeur du Swiss National Center of Competence in Robotics. « Je crois que j’étais un des premiers en Suisse à créer des robots volants autonomes, dès le début des années 2000. Je me suis beaucoup inspiré du monde animal, explique-t-il. Alors que les drones n’étaient à l’époque que pour l’usage militaire, je me suis demandé avec mes collaborateurs comment on pourrait construire une machine volante qui soit capable d’éviter les obstacles, de pouvoir voler à l’intérieur des bâtiments tout comme à l’extérieur. »

En 2006, il met au point un drone capable, avec un système de vision intégré, de se déplacer à l’intérieur d’un bâtiment de manière complètement autonome, tout en évitant les obstacles. Une première mondiale. Ce projet devient en 2009 l’entreprise Sensefly. Elle a depuis développé des drones pour l’usage professionnel, notamment dans le domaine de la cartographie et du GIS (systèmes d’information géographique), ainsi que dans l’agriculture et l’inspection. « L’une des raisons qui ont permis à la Suisse d’émerger en tant que leader dans les drones vient du fait que l’EPFL encourage les innovations à entrer dans le secteur privé. Nous avons reçu beaucoup d’aide pour créer notre entreprise, alors qu’en tant que scientifique, je ne savais pas vraiment comment m’y prendre », raconte Dario Floreano.

Une autre raison qui selon lui a contribué au développement de la Drone Valley est un environnement réglementaire favorable « Très tôt, l’Office fédéral de l’aviation civile nous a autorisé à faire voler nos drones pour de l’expérimentation. Ils ont même travaillé avec nous pour créer de nouvelles règles pour encadrer le vol de ces engins, et ce avant tout le monde. » Ainsi, le pays est devenu attractif pour les chercheurs du monde entier dans ce domaine, et il l’est encore aujourd’hui. Des conditions idéales qui poussent le professeur à continuer d’innover. Il a fondé une autre entreprise, Dronistics, qui représente, selon lui, le futur du drone. Son objectif : assurer la livraison par les airs de colis, quelle que soit leur taille, en toute sécurité à domicile.


Romain Fournier

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