Si l’on fête Noël depuis des siècles, la manière de le faire a beaucoup évolué, s’adaptant aux nouveaux modes de pensée et de vie. Tour d’horizon des Noëls d’autrefois et de leurs traditions dans la région du XVIIIe jusqu’au début du XXe siècle.
« En Savoie, Noël était appelé Chalande en patois, explique Florence Gruffaz, de l’Ecomusée du lac d’Annecy. Ce mot faisait référence aux calendes romaines, calendae en latin, qui désignaient les premiers jours du mois. Autrefois Noël était avant tout une fête religieuse, optimiste et joyeuse, qui se passait en famille dans la communauté paroissiale. On disait à l’époque qu’il fallait préparer son corps, son coeur, son âme et sa maison. On faisait alors le grand ménage, on rafraîchissait les costumes et on amidonnait les coiffes. »
Rendez-vous à l’église
La messe de minuit, à laquelle tout le monde se rendait à pied et à jeun, était l’élément central des célébrations. Il faut imaginer la scène : « Les gens marchaient des kilomètres et des kilomètres dans la neige, qui était bien plus importante qu’aujourd’hui, en portant leur habit de fête. »
Pour se préserver du froid, les villageois mettaient, par exemple, des pierres dans le feu à la maison. Ils les enveloppaient ensuite d’un chiffon en chanvre et les glissaient dans leurs poches pour se réchauffer les mains. De grands bâtons entourés de résine auxquels on mettait le feu permettaient d’éclairer le chemin. C’est au retour de la messe que se déroulait le réveillon. Mais avant de passer à table, il fallait donner du grain ou du sel béni aux animaux et l’on observait de quel côté ils se couchaient. Si toutes les bêtes étaient couchées du même côté, c’était le signe que l’année serait bonne. Le réveillon restait frugal.
« Les gens consommaient très peu de viande par manque d’argent, mais à Noël on mangeait de la cochonnaille, précise Florence Gruffaz. On avait engraissé toute l’année le plus beau des cochons avec des pommes de terre cuites et du lait et on l’abattait à Noël pour en faire surtout des saucisses. Le pain dans nos montagnes était spécial, plutôt noir fait avec de l’avoine, du seigle, de l’orge. Il était assez dense. Pour Noël, on enlevait le gros son dans la farine, ce qui le rendait plus blanc et plus léger. Et on essayait de le faire durer jusqu’à la fête des rois. »
Le menu du matin de Noël était un peu plus festif avec, à la place de la soupe habituelle, un bol de café ou de chocolat pour ceux qui pouvaient se l’offrir.
L’assiette du pauvre
A midi, les gens se réunissaient plus nombreux autour d’un repas amélioré avec un genre de ragoût composé des légumes qu’on avait alors à la cave. Vers la fin du XIXe siècle arrive le gratin de cardons. En dessert, il y avait les rissoles composées d’une pâte feuilletée ou brisée et fourrées de compote de coings, de pommes ou de prunes.
Le jour de Noël, tous les foyers ajoutaient une assiette pour la personne de passage qui frapperait à la porte. « La tradition était très répandue en Savoie. » Les enfants recevaient des noix et plus tard, à partir du XXe siècle, une pomme-orange que l’on appelait ainsi à cause de sa taille. « On les enveloppait dans du papier argenté qui en faisait quelque chose de précieux, qui sortait de l’ordinaire. Et puis ces feuilles de papier d’étain coûtaient assez cher. »
Noël au XIXe siècle
Durant les vacances scolaires, l’Ecomusée du lac d’Annecy, à Sevrier, propose de plonger dans la vie des Savoyards du XIXe siècle au temps de Noël et des hivers d’autrefois. Un programme riche avec la projection du court-métrage “La Noël de Célestine”, des jeux-énigmes dès 6 ans et le parcours ludique ”Célestine et le lutin de Noël” pour les 3-6 ans. www.ecomusee-lacannecy.com
Odile Habel
Cet article est issu de notre magazine Noël dans tous ses états 2025, disponible gratuitement au format liseuse en ligne ici >>
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