Les 14 sommets de plus de 2000 mètres du massif des Bauges représentent un itinéraire sportif et unique. En 2020, Aurélien Dunand Pallaz l’a bouclé en courant, les 82 km et 8 800 m de dénivelé positif dans le temps record de 14 h 26. Le Savoyard livre ici des conseils pour qui souhaite s’attaquer au challenge version performance… ou non. Interview.
Aurélien, que représente ce massif des Bauges pour vous ?
J’ai grandi sur ses bords, à Marthod. C’est là que j’ai commencé à découvrir le trail et les sorties en montagne. J’ai pris goût à cette pratique en m’aventurant sur ses sentiers. Les premières années, j’avais l’habitude de monter à la Dent de Cons, le premier sommet que j’ai réalisé lors de mon record. J’allais me balader dans ces coins et, petit à petit, ça a débordé sur le trail et des entraînements plus structurés qui m’ont amené, finalement, à la compétition.
Comment le définiriez-vous ?

Il est très sauvage. Son contour est très habité, en revanche, son coeur est constitué de petits villages. Il n’est pas aussi célèbre que d’autres et c’est ce qui fait son charme. Nous avons des sommets esthétiques avec des chemins magnifiques et de belles vues dégagées. Dans l’ensemble, nous sommes sur des grands paysages où l’on voit loin et avec une faune très présente. J’aimerais qu’il soit connu au-delà de chez nous.
Quand on étudie votre chrono, on devine un terrain plus technique qu’on pourrait l’imaginer. Est-ce le cas ?
Oui, car j’avais choisi la trace la plus directe. Je l’avais reconnue à plusieurs reprises, car il existe des passages délicats, notamment sur arêtes et, parfois, il ne faut pas être trop sujet au vertige. Après, “Monsieur Tout le Monde” a la possibilité de faire différemment et de tracer un itinéraire plus accessible.
Justement que conseillez-vous aux randonneurs avertis qui souhaiteraient se lancer dans l’enchaînement ?
C’est un beau challenge que je conseillerais non pas de faire en une traite, mais en trois jours. Je débuterais par la Dent de Cons, la Sambuy et la Pointe de Chaurionde, puis j’enchaînerais avec l’Arcarlod, le Tré le Mollard et mont de la Coche qui sont dans le même secteur géographique. Ce serait ma première étape. Le deuxième jour, je réaliserais une boucle avec un départ dans la vallée de Bellevaux. Je commencerais par le Pécloz, le mont d’Armenaz et les trois sommets situés à la suite (pointe des Arces, Grand Parra et pointe des Arlicots). Je terminerais par la Dent d’Arclusaz en aller et retour avant de redescendre dans la vallée. Le dernier jour, j’enchaînerais seulement le Colombier et le Trélod, qui sont éloignés l’un de l’autre.
Et au-delà du parcours ?
Il faut bien se préparer et choisir ses traces en étudiant les cartes. Il y a des lieux où les chemins sont peu marqués et une erreur est vite faite. En plein été, il faut être vigilant et anticiper car parfois l’eau manque. Il faut respecter les zones interdites aux chiens, au camping sauvage, aux drones… Ces règles sont essentielles pour préserver ces milieux.
Quelle est l’ascension la plus technique pour vous ? Et la plus facile ?

La plus difficile, c’est l’Arcalod avec environ 300 à 400 m de dénivelé très techniques. Le chemin n’est pas vraiment marqué, il faut suivre des points jaunes. Le plus facile, c’est le mont Colombier. En revanche, l’ascension est assez longue.
Quels conseils pour un randonneur qui souhaite gravir tranquillement ces sommets ?
Je débuterais par les sommets les plus isolés, la Dent de Cons, le Trélod et le mont Colombier. Ensuite, je m’attaquerais à la chaîne entre l’Arclusaz et la Chaurionde. Mon conseil, c’est de prendre son temps car ce sont de belles balades et de profiter de cette nature sauvage.
Avez-vous imaginé un autre parcours dans ce massif ?
Depuis 2020, je suis installé sur le bord du massif, à Saint-Jorioz. J’apprends à le connaître par d’autres lieux. Et je pourrais tracer un chemin autour du mont Trélod. C’est peut-être l’endroit où on retrouve un mixte de tout ce que les Bauges abritent (verticalité, animaux sauvages, alpages…).
Clin d’œil
Il y a 14 sommets de plus de 2000 m d’altitude dans les Bauges… Comme un clin d’oeil aux 14 “8000” de l’Himalaya.
Les « 14 » des Bauges :
Dent de Cons (2 062 m).
Départ Marthod. D+900 m.
Pointe de la Sambuy (2 198 m).
Station de la Sambuy. D+1 200 m.
Pointe de Chaurionde (2 173 m).
École en Bauges. D+1 300 m.
Arcalod (2 217 m).
École-en-Bauges. D+1 220 m.
Tré le Mollard (2 035 m) et mont de la Coche (2 070 m).
Hameau du Coudray. D+1 155 m.
Pécloz (2 197 m) et mont Armenaz (2 158 m).
Tamié. D+1 490 m.
Pointe des Arces (2 076 m).
Vallon de Bellevaux. D+1 208 m.
Grand Parra (2 012 m) et Pointe des Arlicots (2 060 m).
Tamié. D+1 400 m.
Dent d’Arclusaz (2 041 m).
Col du Frêne. D+1 200 m.
Mont Trélod (2 181 m).
Doucy-en-Bauges. D+1 125 m.
Mont Colombier (2 045 m).
Aillon-le-Jeune. D+950 m.
Benoît Prato
Cet article est issu de notre magazine hors-série « Naturez-vous Printemps-Été 2024 » disponible gratuitement ici >>

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