Il reste toujours aussi difficile de se loger dans le grand Genevois. La vacance des biens y est faible, et la cohabitation plus ou moins forcée s’accroît dans de nombreux ménages. Les prix haussiers du neuf limitent les ardeurs et les capacités des candidats à l’achat immobilier, d’autant que l’arrivée de nouvelles lignes de transports en commun booste des périmètres adjacents.
Depuis 2006, le canton de Genève enregistre un faible taux de vacance des logements. Il s’établit en moyenne à 0,54 % mi 2019, quasi identique à 2018 (0,53 %) et 2017 (0,51 %). Selon l’Office cantonal de la statistique, le seuil de fluidité du marché n’y est plus, même pour les 7 pièces (ou plus) qui représentent la catégorie la plus disponible (1,37 %). Les habitats de 5 pièces (cuisine comprise) restent le coeur de cible. Quant aux quatre pièces, c’est le modèle estimé le plus réclamé d’ici à 2040. Près de 12 700 unités devraient être fournies d’ici là.
Ce contexte conjugué à la faible augmentation du parc concentre la population et densifie la taille des ménages qui passe de 2,12 personnes en 2000 à 2,33 en 2015. D’autant que le départ des jeunes adultes du foyer parental, la cohabitation avec un partenaire et la première parentalité sont plus tardifs.
En Haute-Savoie, la ventilation des logements a peu évolué depuis 1999. Le parc et la demande se concentrent sur les coeurs d’agglomération attendu que les logements subventionnés y sont plus facilement intégrés dans les programmes immobiliers collectifs. Les centres urbains du Genevois savoyard concentrent d’ailleurs 70 % du parc locatif ; une tendance durable compte tenu des contraintes induites par la raréfaction du foncier et l’encadrement de la consommation d’espace.
Course au logement
Le nombre de logements collectifs ou en résidence augmente (72 % de la construction en 2016) au détriment des individuels (16 % des constructions en 2016). En parallèle, le Pôle métropolitain accompagne l’habitat privé ancien et renforce son service « Regenero », une plateforme dédiée depuis mars 2017 à la rénovation énergétique des logements du Genevois français (excepté le Pays de Gex qui a « internalisé » son dispositif). L’outil entend contrarier le vieillissement du parc de logements compte tenu que, sur le canton de Genève, 27,7 % de celui-ci a été construit avant 1946 et 33 % entre 1946 et 1980.
La course au logement est telle sur le bassin franco-valdo-genevois que les résidences secondaires y sont rares. Leur présence n’excède pas 12 % des logements dans la très grande majorité des collectivités. Les rives du Léman se caractérisent plus par une forte représentation des propriétaires étrangers qui travaillent en Suisse. Ils s’installent dans le Genevois français (25 % sur Nernier, Thollon-les-Mémises et Veigy-Foncenex) pour bénéficier du coût d’accès au logement moindre. Globalement, les habitants du territoire genevois sont jeunes. Ils ont moins de 35 ans et représentent, selon les communes, 47 % à 56 % de la population. Leur parcours résidentiel est en revanche très actif.
Le turn-over est important sur le Genevois haut-savoyard où 16 % des ménages occupent leur logement depuis moins de deux ans, 42 % depuis moins de dix ans. C’est l’effet des évolutions familiales et de loyers en hausse inaltérée. La valeur mensuelle médiane oscille, sur le Grand Genève, entre 1 100 francs pour les studios et 5 500 francs pour les 7 pièces ou plus. Les 4 pièces s’établissent à 1 942 francs, stables sur un an.
Impact du Léman Express
L’arrivée du Léman Express n’est pas sans conséquence. À l’horizon 2026, 1 600 logements verront le jour à Bernex et 200 à Confignon. Lancy- Pont-Rouge en annonce 640, Bachet près de 2 000 et les abords de la gare d’Eaux-Vives près de 150. Sur la CC du Genevois, les réservations et les mises en vente sont en hausse, apportant une baisse provisoire des prix de 3,16 %. La moyenne s’établit à 4 316 €/m², notamment dans l’agglomération d’Annemasse. Les demandes s’accroissent par contre (+13 %) dans le Pays de Gex où les disponibilités en ventes reculent de 40 %, engendrant un prix moyen de 5 113 €/m² (hors stationnement). Ici, le foncier inflationniste freine les projets.
Raphaël Sandraz
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