Logistique, pénuries, hausse des prix : le conflit en Ukraine pèse sur l’industrie

par | 22 avril 2022

Les difficultés d’approvisionnement et les coûts de production qui augmentent fragilisent les entreprises industrielles.

La période n’a jamais été aussi incertaine. Alors que la crise sanitaire de la covid est encore bien présente, la guerre russe en Ukraine depuis fin février a ajouté des tensions sur l’économie. Si l’impact de la pandémie a été variable selon les entreprises, leur organisation, leurs marchés cibles, en revanche, les conséquences du conflit ukrainien ont des effets sur toutes les structures, fragilisant davantage celles qui étaient déjà en situation de faiblesse et augmentant la pression sur les autres.

La période n’a jamais été aussi incertaine. Alors que la crise sanitaire de la covid est encore bien présente, la guerre russe en Ukraine depuis fin février a ajouté des tensions sur l’économie.

Hausse du prix de l’énergie, du coût des matières premières et difficultés d’approvisionnement touchent tous les secteurs. La possibilité d’un embargo sur la Russie, gros producteur de titane, de nickel et autres matières premières, accentue le phénomène et fait peser des risques sur la production industrielle française. L’Ukraine est, quant à elle, spécialisée dans le gaz néon utilisé pour produire des semi-conducteurs qui servent le marché automobile.

Maintien de la production

Des difficultés auxquelles s’ajoute, sur le sol national, la campagne de l’élection présidentielle, dont le résultat n’est pas absolument certain (cet article a été bouclé avant le premier tour du 10 avril) et qui conditionnera probablement la couleur dominante de la future Assemblée nationale. Sans compter qu’il est difficile de prévoir quelle sera l’issue de la guerre, tout comme les modifications des équilibres géopolitiques et économiques engendrés par ce conflit aux implications mondiales.

L’industrie mécanique, déjà fortement impactée par l’augmentation du prix du métal depuis plus d’un an, fait face à des hausses conséquentes qui se sont accélérées les dernières semaines. Dans les entreprises de Haute-Savoie, il faut jongler en permanence pour maintenir les niveaux de production. « La principale fragilité du tissu productif en sortie de crise est de nature financière, car la crise a fortement affecté la liquidité des entreprises en raison de la baisse d’activité, alors que les coûts fixes sont restés, par nature, inchangés.

Aussi généreuses que les aides aient pu être, elles n’ont pas totalement compensé les pertes des TPE et PME qui s’accumulent dans les bilans au moment de la reprise », indique l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) dans une analyse parue le 22 mars. L’OFCE pointe deux leviers majeurs pour sortir de cette situation : l’investissement dans l’innovation et la R & D, et l’ajustement des compétences pour coller aux exigences de l’industrie 4.0 et du bouleversement climatique.

Investir sans visibilité

Des enjeux encore plus prégnants dans une industrie haut-savoyarde qui doit se remettre en question face aux mutations de la mobilité, et en particulier du marché automobile dont elle dépend encore à 60 %. « Augmenter le financement public de la recherche et renforcer les partenariats avec les entreprises en conditionnant le CIR [ndlr : crédit d’impôt Recherche] à plus de partenariats publicprivé », préconise encore l’Observatoire.

Environ 500 entreprises françaises sont implantées en Russie, ce qui les contraint à prendre des mesures immédiates. La guerre a des effets sur l’ensemble de l’industrie avec la hausse du prix des matières premières.

Le souci est que le contexte international pousse les entreprises à l’attentisme et à ne pas investir (alors que les mesures de soutien à l’économie durant la crise sanitaire ont pu renforcer les investissements entre 2020 et 2021). Autant d’éléments qui alimentent l’inflation et les incertitudes quant à l’avenir.

Dans une économie dominée par les services, la France doit passer la vitesse supérieure de la réindustrialisation, en parallèle d’une politique énergétique qui doit consacrer son autonomie. Le déficit commercial ne cesse de s’accroître et doit pousser les entreprises à être plus offensives à l’international. Une équation qui semble actuellement difficile à résoudre.

La hausse des prix fragilise les trésoreries

En mars, l’acier dépasse les 1 200 euros la tonne, l’aluminium 2 500 € et le cuivre plus de 8 000 €. Déjà en forte hausse suite à la reprise économique d’après confinement, le prix des matières premières poursuit sur sa lancée, sans perspectives de baisse à court ou à moyen terme.

Entre 2020 et 2021, le cours de l’aluminium avait presque doublé, quand ceux du cuivre, du zinc ou du nickel bondissaient de 90 %. Des sous-traitants haut-savoyards en viennent même à conserver les chutes de barres pour poursuivre la fabrication de pièces, une parade surtout possible pour la production de petites et moyennes séries. En effet, ces chutes doivent être guidées manuellement vers les machines d’usinage pour optimiser l’utilisation de la matière. Une situation qui semble incroyable à l’heure de l’automatisation.

D’autres investissent massivement pour accroître leurs stocks de matières premières avant les nouvelles hausses, pour éviter de trop fragiliser leur trésorerie. Les entreprises sont obligées de répercuter ces augmentations sur leurs prix de vente, ce qui engendre des tensions avec les donneurs d’ordres. À long terme, ce rythme ne sera pas tenable.


Sandra Molloy
Image à la une : cours boursier du Cuivre ©Boursorama


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