La PME savoyarde ouvre un nouveau chapitre avec un changement d’actionnaires.
A respectivement 36 et 34 ans, Angélique Tisserand et Anthony Iuso se sont officiellement dit « oui » pour la reprise d’une entreprise. Le 8 avril dernier, le duo, qui forme aussi un couple dans la vie, a paraphé de concert l’acte d’achat d’Emprotec, située à Sainte-Hélène-du-Lac.
« Il y a longtemps que je voulais racheter une société », confie Anthony Iuso. Aussi, lorsque son patron, Alain Parisse, lui propose il y a un an et demi de reprendre la structure qu’il avait lui-même achetée à Martine Schaaff en 2014, il n’hésite pas longtemps. D’autant que sa compagne le soutient dans l’aventure. Nommé responsable d’exploitation six mois avant la vente, celui qui avait été engagé il y a deux an et demi en tant que responsable outillage et développement tient désormais la barre d’un navire qui réalise 1,8 million d’euros de chiffre d’affaires. Accessoirement, il détient en outre 70 % des parts de la holding IT3A créée pour l’acquisition. Angélique Tisserand étant la seule autre actionnaire.
Usineur de métier, Anthony Iuso a découvert chez Emprotec une technique qui lui était inconnue : l’emboutissage profond, un processus de fabrication par déformation de tôles. Une spécialité que seules deux ou trois autres firmes françaises maîtrisent également. Les pièces des clients sont ainsi formées à partir d’une feuille de métal (à 80 % de l’inox), qui passe sous des presses équipées d’outils spécifiques.
« Nous ne réalisons que des pièces techniques et sommes spécialisés dans la paroi fine », explique le nouveau président. Les outils, montés sur les presses et propres à chaque pièce, sont quasiment tous fabriqués en interne grâce à l’installation, en 2024, d’un tour à commandes numériques. Un investissement de 160 000 euros réalisé par Alain Parisse sur les conseils d’Anthony Iuso. « Il nous permet de gommer 70 % de sous-traitance », se félicite-t-il.

La PME de dix personnes (dont les deux dirigeants), travaille majoritairement pour le secteur automobile qui représente 56 % de son activité. Près de 50 % sont réalisés auprès d’un client tunisien pour qui elle usine des séries d’un million de pièces par an. L’export (vers la Tunisie, le Maroc, la Pologne, la Roumanie, le Portugal ou la République Tchèque), compte d’ailleurs pour 75 % de son chiffre d’affaires. 16 % proviennent des secteurs aéronautiques, armement et aérospatial, 11 % du transport poids lourd, 10 % du transport divers et 7 % de l’électronique.
« Le secteur automobile demeure très porteur pour nous, confirme Angélique Tisserand, directrice générale, ex-directrice-adjointe d’un centre de rééducation. Il nous fait vivre. Cependant, de façon à être moins dépendants d’un seul domaine d’activité, nous désirons petit à petit nous ouvrir à de nouveaux marchés. » La stratégie du couple pour l’instant consiste à sécuriser la production et à avoir une croissance maitrisée tout en poursuivant la dynamique de l’ancien dirigeant qui a fait doubler le chiffre d’affaires en 10 ans.
Avec seulement 4 presses sur 9 en fonctionnement, la croissance est envisageable. « Actuellement, poursuit Anthony Iuso, nous sommes obligés de refuser des marchés parce ce que nous ne sommes pas assez organisés. Mon travail est précisément d’optimiser cette organisation. » Avec 460 000 euros investis en 2024 (tour à commandes numériques, panneaux solaires et rétrofit d’une presse), Emprotec est prête à prendre un nouveau virage.
Transition en douceur
L’ancien dirigeant, Alain Parisse, accompagne la reprise par Angélique Tisserand et Anthony Iuso, dans un rôle de manager de transition. Il apporte notamment sa connaissance des dossiers en cours. Anthony Iuso a quant à lui été lauréat du Réseau Entreprendre et a obtenu un prêt de 50 000 € à taux zéro pour le rachat.









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