Voici donc le grand retour de l’emprunt obligataire. Délaissé depuis de nombreuses années, ce produit financier avait en effet la réputation de n’être que peu rémunérateur face aux envolées de la bourse et de la pierre notamment. Mais aujourd’hui tout change : la conjoncture nous rappelle l’instabilité des actions et même l’immobilier a du plomb dans l’aile. Les investisseurs échaudés sont donc tout prêts à se tourner de nouveau vers des produits sécurisés. Une situation qui aurait pu profiter à l’écureuil si celui-ci n’avait pas décidé de se transformer en vilain petit canard, en baissant subitement sa rémunération de 4% à seulement 1,75%.
Dans ce contexte, la palme de l’ingéniosité revient à EDF qui remporte un vrai succès populaire, en lançant à point nommé son emprunt obligataire. En effet, alors que l’entreprise espérait récolter un milliard d’euros pour poursuivre son programme d’investissement, les souscriptions s’élevaient déjà à 2 milliards en une semaine seulement, et à 15 jours de la clôture. Tout cela grâce à un taux d’intérêt garanti à 4,5%, associé à la sécurité d’un grand nom.
De quoi donner des idées à d’autres. Ainsi le Président de l’UNEDIC annonce son intention de lancer un grand emprunt, devancé par Nicolas Sarkozy qui s’apprête lui aussi à émettre des obligations destinées au grand public.
L’Etat dispose de nombreux atouts pour réussir. Non seulement le taux proposé sera sans doute proche de celui offert par EDF mais il pourrait même être indexé sur la hausse des prix. Enfin, pourquoi ne pas imaginer qu’il s’accompagne de mesures de défiscalisation, à l’instar des méthodes employées en d’autres temps par Edouard Balladur.
Bardé de tous ces avantages, nul doute que le grand emprunt de l’Etat sera à son tour un succès, capable de récolter les 80 milliards d’euros espérés. On peut en revanche s’interroger sur le bien-fondé de cette opération, menée par un pays dont la dette publique frôle déjà les 80% de son PIB.
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