Plan France Relance : le point dans les Savoie

par | 03 septembre 2021

Le premier anniversaire du plan « France Relance » de 100 milliards d’euros est l’occasion de dresser un bilan de son déploiement en Pays de Savoie.


Par Matthieu Challier

Quel est le point commun entre la rénovation énergétique des bâtiments, un plan en faveur de l’indépendance protéinique, la réhabilitation des friches industrielles, le soutien à la demande en véhicules propres, la modernisation des abattoirs, la baisse des impôts de production, la mise à niveau numérique de l’État, le développement d’une offre de tourisme durable, ou une prime à l’embauche de travailleurs handicapés ? Ils font tous partie des soixante-huit items du plan France Relance dévoilé le 3 septembre 2020 par le président de la République.

Alors que cette rentrée coïncide avec la fermeture annoncée du robinet d’argent public, nous avons voulu profiter du premier anniversaire de ce qui devait être le bras armé du « quoi qu’il en coûte » gouvernemental pour esquisser un premier bilan. Un an après, où en est le déploiement de ce “plan qui valait 100 milliards” sur nos territoires?

À dire vrai, la réponse n’a pas été facile à obtenir. Les services de l’État ont en effet rencontré certaines difficultés à agréger les données demandées, en raison du caractère à la fois tentaculaire et protéiforme de ce plan dont l’ambition était manifestement d’essayer d’apporter des réponses à tous les maux d’une société française entravée par les mesures sanitaires prises pour essayer de juguler la propagation de la Covid.

15 000 : c’est le nombre d’entreprises qui ont demandé à bénéficier du dispositif d’activité partielle depuis le début de la crise en Savoie. Au 30 août, 632 établissements avaient encore une demande d’autorisation en cours, pour un effectif de 9 935 salariés.

3 grands volets

D’après les informations récoltées auprès des préfectures, les Pays de Savoie auraient bénéficié à ce jour d’au moins 639,6 millions d’euros (M€) au titre du plan France Relance, dont respectivement 216,6 M€ en Haute-Savoie et 423 M€ en Savoie.
Sur le territoire haut-savoyard, le plan de relance – qui s’articule autour de trois grands volets – se décline comme suit :

  • 76,5 M€ sur le volet Écologie ;
  • 120,4 M€ sur le volet Compétitivité (dont 112,3 M€ pour la baisse des impôts de production)
  • 19,6 M€ sur le volet Cohésion.

À ce jour, 397 structures sont lauréates du plan France Relance en Haute-Savoie : 175 au titre de l’Écologie, 132 pour la Compétitivité et 90 pour la Cohésion. Par ailleurs, 62 projets portés par les collectivités locales ont été soutenus, pour près de 11 M€. Si le montant des aides versées en matière de compétitivité apparaît relativement modeste (8,1 M€), c’est que les nombreux lauréats des fonds de modernisation des filières automobile (30,1M€ d’aides au total) et aéronautique (12,1 M€) – qu’on pourrait intuitivement classer dans l’axe Compétitivité – sont rattachés par l’État à l’item «Technologies vertes » du volet Écologie.
En Savoie, les 423 M€ reçus pour l’heure se ventilent de la manière suivante : 270 M€ pour l’Écologie, 126 M€ pour la Compétitivité et 25 M€ pour la Cohésion.

Mais au fait, comment expliquer que la Savoie ait, selon des décomptes préfectoraux, reçu presque deux fois plus de subsides que sa voisine ? Tout simplement “grâce” à la présence sur son territoire du chantier ferroviaire LyonTurin, qui bénéficie de 200 M€ au titre du fonds Relance, au sein du volet Écologie.

Ces exemples illustrent combien l’immersion dans les entrailles de ce Léviathan administratif peut donner l’impression d’une sur-catégorisation et d’un cloisonnement qui semblent complexifier à l’extrême la mécanique. L’administration française aurait-elle pondu une énième usine à gaz – pardon, à hydrogène… – où même un expert en comptabilité nationale ne retrouverait pas toutes ses lignes de comptes ?

« La complexité du dispositif reflète celle de notre pays et de son tissu économique », objecte Thomas Fauconnier, secrétaire général de la préfecture de la Haute-Savoie, en charge du suivi du déploiement de France Relance. « En outre, la complexité n’est pas un vice. Les ramifications du réseau participent à sa robustesse, à l’image d’une toile d’araignée. L’important, c’est d’avoir une orientation stratégique partagée, qui donne du sens à cette apparente complexité nécessaire pour coller au plus près de la réalité.»

Dans le prolongement de l’appel estival du gouvernement à « renforcer la territorialisation de la mise en œuvre du plan», cette vision stratégique doit se co-construire dans une relation partenariale entre l’État et les collectivités locales. C’est l’objet des accords départementaux de relance signés (le 23 juillet pour la Haute-Savoie) entre l’État et les conseils départementaux ; et des contrats de relance et de transition écologique (CRTE) passés avec les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) pour ajuster les projets de territoire. À ce jour, 19 protocoles d’engagement des CRTE sur 21 ont été signés. L’objectif affiché est de finaliser les CRTE d’ici la fin de l’année.

D’ici là, le plan de relance, qui doit se déployer jusqu’à fin 2022, devra faire un peu de place à un nouveau plan d’investissement, pour l’instant baptisé « France 2030 », que le Président voudrait présenter à la mi-septembre.


Il en coûte… plus de 6 milliards

6,25 milliards d’euros (Md€). Tel serait a minima le montant de l’ardoise du désormais iconique « quoi qu’il en coûte » gouvernemental en Pays de Savoie, selon les éléments communiqués par les préfectures. L’addition s’élèverait à plus de 3,5 Md€ en Haute-Savoie et à au moins 2,75 Md€ en Savoie. Des montants qui restent modestes par rapport aux 240 Md€ nationaux. Dans nos deux départements, les prêts garantis par l’État (PGE) constituent le premier poste de dépenses (1,74 Md€
en Haute-Savoie ; 1,04 Md€ en Savoie), devant le fonds de solidarité dont ont bénéficié 31 321 entreprises
en Haute-Savoie (831,72 M€, dont 152,4 M€ pour les remontées mécaniques) et 24 000 entreprises en Savoie (990 M€, dont 286 M€ pour les remontées mécaniques). L’activité partielle constitue le troisième poste en HauteSavoie (421 M€) et le quatrième en Savoie (295 M€).


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