Le projet de loi de finances pour 2026 prévoit d’économiser 175 M€ en abaissant d’un tiers les dotations aux chambres de commerce et d’industrie. Une annonce qui ne manque pas de soulever colère et incompréhension.
Alors que le déficit public se creuse, Bercy multiplie les coupes budgétaires pour tenter de redresser les comptes. Et les CCI ne sont pas épargnées. Selon le projet de loi de finances pour 2026, elles devraient voir leurs dotations publiques amputées de 30 %, à hauteur de 175 M€. Ce qui se traduira par une baisse des taxes affectées, à savoir la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) et la CFE (cotisation foncière des entreprises), les 70 % restants provenant de leurs prestations.
« Un contresens historique »
Déjà ponctionnées, les CCI crient au loup.
Pour Philippe Carrier, président de la CCI Haute-Savoie, « cette décision incompréhensible est contreproductive et va à contresens pour la création de richesse et la compétitivité de nos entreprises. Celles qui, justement, permettront la redistribution et la pérennité sociale ».
À une période où les entreprises rencontrent de graves difficultés, avec un record de défaillances approchant les 68 000 en 2025. « Et ce, alors que nous sommes les soldats de l’économie, dont la mission est de soutenir et d’accompagner les petites entreprises du commerce, de l’industrie et des services [selon des études d’impact, les 525 M€ versés par an aux CCI créent a minima quatre fois plus de valeur, soit plus de 2 milliards d’euros, NDLR] », tempête Marc Beggiora, le président de la CCI Savoie (5,7 M€ de budget, 57 salariés, 40 000 clients), qui n’en revient toujours pas. « D’autant que nous nous étions déjà engagés à verser 100 M€ sur nos fonds de roulement jusqu’en 2027 », note-t-il, rappelant également que les ressource fiscales des CCI ont diminué de 66 % depuis 2013.
Marc Beggiora prévient : « Si c’est adopté, on fermera la boutique en Savoie ».
Cette résolution impactera les petites entreprises qui recourent à ces structures pour les accompagner et les former. À titre d’exemple, en 2024, la CCI Haute-Savoie (budget 2024 : 11,4 M€, 80 salariés), qui compte 63 500 entreprises inscrites, a accompagné 3 000 TPE, 3 300 créateurs repreneurs, 13 collectivités et formé 2 600 dirigeants, collaborateurs et apprentis. Au-delà, cette baisse du budget pourrait entraîner des licenciements. CCI France évoque la suppression de 3 000 emplois, sur les 13 000 recensés dans l’Hexagone.
Bien décidés à se battre « alors que d’autres services de l’État sont, eux, préservés », les présidents des CCI 73 et 74, comme ceux de la France entière, ne comptent pas en rester là :
« Nous sommes tous unis pour soutenir notre système social et de répartition, et demandons au gouvernement de renoncer à cette trajectoire budgétaire destructrice », conclut Philippe Carrier, qui mise aussi sur la mobilisation des entreprises.
Patricia Rey
Photo Une : CCI Haute-Savoie basée à Annecy – crédit CCI Haute-Savoie








0 commentaires