L’année 2022 s’est relativement bien passée compte tenu de l’inflation et de la crise énergétique. L’activité est revenue, ou presque, à son niveau d’avant-covid. Pour autant, la situation reste fragile pour beaucoup d’entreprises.

L’année a été particulière et riche de rebondissements : alors que la menace de la covid commençait à s’estomper, les hausses du prix des matières premières et du transport maritime se sont poursuivies sur un bon rythme, avec comme conséquence des difficultés d’approvisionnement. « En 2022, comme de nombreuses entreprises, Évian a rencontré des problématiques d’approvisionnements de certains matériaux comme les palettes en bois ou encore le verre », note la direction de l’entreprise haut-savoyarde d’agroalimentaire.

12 % : c’est la hausse estimée du chiffre d’affaires des industries régionales en 2022, supérieure aux prévisions établies en 2021, qui prévoyaient une augmentation de seulement 7 %. Dans le même temps, la part de l’export des industries régionales a crû de 16 %.

Source : Banque de France Auvergne-Rhône-Alpes, Les entreprises en région – Bilan 2022 et perspectives 2023

Inflation

La guerre en Ukraine a ajouté une couche de complexité à la situation économique mondiale, engendrant une crise énergétique qui semble vouloir durer et une forte envolée des prix générale. Cependant, les entreprises ont maintenu l’investissement à un bon niveau et ont poursuivi le recrutement de nouveaux collaborateurs, subissant néanmoins un manque de candidats.

« L’activité est restée bien orientée malgré un léger tassement fin 2022 », souligne Philippe Carrier, président de la CCI de la Haute-Savoie. Il évoque plusieurs facteurs : « une demande à la fois intérieure et mondiale en progression ; la capacité d’adaptation des entreprises, qui ont su résister aux crises et se transformer ; et le dynamisme économique intrinsèque de la Haute-Savoie et de ses entrepreneurs ; sans oublier, bien sûr, le déploiement de dispositifs publics d’envergure qui ont permis à la fois d’absorber les chocs immédiats et de relancer la machine économique ».

La crise énergétique a aussi fait naître des projets pour accéder à davantage d’autonomie et également répondre aux enjeux environnementaux. Ainsi, le site de production des eaux d’Évian a bénéficié d’un investissement de près de 280 millions d’euros ces dernières années pour être rénové et réduire sa consommation énergétique.

« L’engagement des salariés, combiné à des technologies performantes et un pilotage toujours plus fin des usages, a ainsi permis de réduire nos consommations d’énergie de près de 30 % entre 2012 et 2022 », précise la direction.

Fragilité annoncée

Selon l’enquête semestrielle publiée en février par la CCI Auvergne-Rhône-Alpes, 28 % des TPE-PME (400 répondants) se déclarent fragilisées ou menacées par la hausse des prix de l’énergie. Car même si les sous-traitants ont dû se résoudre à augmenter leurs prix de vente, la hausse ne suffit pas à compenser et les marges se contractent. Si, dans son enquête mensuelle publiée en décembre 2022, la Banque de France note que les trésoreries des entreprises se stabilisent, elle relève cependant que le niveau reste relativement bas dans l’industrie.

Montagne : le vertige de l’altitude

Les exploitants de la montagne souffrent particulièrement de la situation. Malmenées par les mesures de confinement, les stations ont connu un début d’hiver 2022-2023 marqué par la nécessité de réaliser des économies d’énergie. Dès l’automne, Domaines skiables de France publiait des recommandations pour la saison à venir, sachant que beaucoup de stations veillent depuis plusieurs années à moderniser leurs installations et leur organisation pour réduire leur impact carbone et s’engager vers la transition énergétique.

Le peu d’enneigement pour les fêtes de fin d’année a accentué les inquiétudes, secouant encore fortement la filière qui s’interroge, depuis plusieurs années déjà, sur la pérennité de son modèle économique. Est-ce que le pire reste à venir ? Les acteurs économiques restent prudents sur leurs prévisions, mais craignent un effet retard des crises successives des dernières années, dans un contexte où il faut cependant faut innover, investir pour l’avenir. Pas simple.

« Les effets vont se faire sentir en 2023, voire en 2024 »

« En début d’année 2022, les industries avaient de fortes inquiétudes liées à la hausse des prix des matières premières et à l’approvisionnement. Au fur et à mesure, ces inquiétudes ont basculé vers le coût de l’énergie, avec un point haut en septembre-octobre, qui a ralenti en fin d’année pour revenir à un niveau plus acceptable », relève Jean-Patrick Bailhache, secrétaire général de l’UIMM 73.

« Les industries électro-intensives subissent finalement moins que les plus petites sociétés, plus durement frappées par la hausse des coûts dans leurs nouveaux contrats. Les électro-intensives bénéficient de contrats à long terme moins dépendants du prix spot de l’électricité. De fait, le coût de l’énergie n’a pas un impact au même moment. Pour un certain nombre, les effets vont se faire sentir en 2023, voire en 2024. »

---

Sandra Molloy
Image à la une : ©Evian