Retraites : une réforme contestée par les salariés… et les patrons

par | 17 février 2023

Il n’y avait pas d’urgence à entamer cette réforme, dont tout porte à croire qu’Emmanuel Macron en fait une question éminemment dogmatique. C’est en substance l’avis des représentants syndicaux – patronal et de salariés – que nous avons interrogés.

Force Ouvrière 73 : « Trouver des saisonniers serait encore plus dur ! »

Pierre Didio, secrétaire général de l’Union départementale des syndicats Force ouvrière de la Savoie

Pour Force ouvrière, il n’y a rien de bon dans ce projet ?

Ce que contestent les salariés qui défilent dans les rues, c’est le recul de l’âge de départ à 64 ans. Les mesurettes proposées n’y changeront rien.

À quelles « mesurettes » faites-vous allusion ?

À l’indice seniors, par exemple. On ne règlera certainement pas le problème de l’emploi des seniors par l’instauration de cet indice. En 2022, 61 % des salariés de 61 ans ne sont plus en activité. Autre mesure que le gouvernement s’échine à mettre en avant : les 1 200 euros nets du Smic versés en brut pour les retraites. Il faut savoir que ce ne sera possible qu’à deux conditions : avoir 43 annuités et avoir été payé au moins au Smic pendant tout ce temps. Beaucoup de temps partiels subis ne pourront donc pas en bénéficier ! Cerise sur le gâteau, on nous présente cela comme une nouveauté, alors que la réforme Fillon le prévoyait déjà. Les décrets d’application ne sont jamais sortis…

Que proposez-vous ?

Nous disons d’abord qu’il n’y a aucune urgence à faire cette réforme. Le système n’est pas déficitaire. Il y a plus de 26 milliards d’euros de réserve. En 2021, le budget des retraites a été excédentaire de 900 millions et de 3,2 milliards en 2022. FO a proposé une hausse de 0,9 % des cotisations sur les salaires, qui suffirait à dégager 10 à 12 milliards d’euros. Sur ce pourcentage, seul 0,3 % pèserait sur le salarié. Pour un salaire moyen de 2 500 euros, cela ferait 90 euros par an à sa charge.

Y a-t-il une spécificité sur nos territoires ?

Oui, les saisonniers. Pour eux, c’est la double peine. La réforme du chômage leur impose déjà de travailler six mois pour recharger leurs droits. Mais d’une année sur l’autre, ils n’auront pas ces six mois et il leur manquera donc des trimestres. Ils se retrouveront avec une retraite minimale à 936 euros… Et pourtant, on a besoin d’eux !

CPME 74 : « Se bloquer sur 64 ans est une absurdité »

André Falcomata, secrétaire général de la Confédération des PME de la Haute-Savoie

Êtes-vous pour cette réforme ?

Nous sommes pour que quelque chose soit fait pour sauver ce système par répartition. Mais je ne pense pas que cette réforme soit la bonne façon de le faire…

Qu’est-ce qui vous gêne dans ce projet ?

Je pense que faire un blocage sur l’âge de départ à 64 ans n’est pas la bonne solution. Certains entrent dans la vie active à 20 ans, d’autres à 25, mieux vaudrait donc prendre la durée de cotisation comme référence. Il faudrait aussi prendre davantage en compte la pénibilité de certains métiers. Et puis, il faudrait que ceux qui veulent partir tôt aient une décote significative et que ceux qui veulent poursuivre tard aient une surcote plafonnée, afin de redistribuer aux moins bien pourvus.

Que pensez-vous de l’indice seniors ?

Pour un patron, plus un salarié prend de l’âge, plus il coûte cher et, théoriquement, moins il rapporte. Plutôt que d’instaurer un indice, l’État devrait nous aider à réorienter les carrières de ces personnes vers l’accompagnement des plus jeunes, notamment. Pour cela, il faudrait allèger les charges sur ces salaires. Or, rien n’est fait pour inciter les entreprises à garder les anciens. En France, on ne pense qu’aux sanctions !

Y a-t-il quelque chose de bon dans ce projet ?

Ce qui me paraît essentiel, c’est de mettre tout le monde autour de la table pour réfléchir à l’avenir de ce système formidable basé sur la solidarité. Mais je pense aussi qu’engager cette réforme maintenant est uniquement politique. Il n’y avait pas d’urgence à le faire. L’État ferait mieux de s’attaquer aux vrais problèmes du moment : l’inflation, le coût de l’énergie et des matières premières… Les entreprises n’avaient pas besoin de ça en plus ! Je dis simplement au gouvernement de s’attaquer à la refondation totale de la dépense publique avant de s’en prendre aux retraites !


Propos recueillis par Sylvie Bollard


Pour aller plus loin :

https://www.france24.com/fr/20200102-derri%C3%A8re-la-pol%C3%A9mique-blackrock-l-ombre-de-la-retraite-par-capitalisation

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