Solidarité / Dépanniers : les paniers qui dépannent

par | 05 juin 2020

Christelle Favetta-Sièyès et Guillaume Holsteyn sont à l’origine d’une initiative citoyenne solidaire qui a vu le jour au début de la crise sanitaire, afin d’aider les familles qui en ont besoin : Dépanniers.

Baisse de revenus pour cause de chômage partiel, arrêt des repas pris auprès des cantines scolaires, saturation des associations de distribution alimentaire traditionnelles… : la crise a fragilisé de nombreuses familles. Le traiteur Christelle Favetta-Sièyès et le directeur de centre social Guillaume Holsteyn ont décidé de ne pas rester les bras croisés et de trouver une solution. Ils ont uni leurs compétences : elle possède le réseau et le savoir-faire de la restauration, il connaît le territoire et les familles. Ensemble, dès la première semaine du confinement, ils ont créé une association de groupement d’entraide alimentaire, Dépanniers, sur les hauts de Chambéry, territoire particulièrement sous tension durant la crise sanitaire. Ils en sont tous les deux les coprésidents.

Repas sains et équilibrés

La deuxième étape a été de concevoir un plan alimentaire avec trois repas par jour, en lien avec une nutritionniste. « L’objectif et la priorité étaient de faire des paniers équilibrés, avec un mélange de produits frais et secs : fruits, légumes, céréales et protéines », explique Christelle Favetta-Sièyès. « Mais nous ne voulions pas imposer des produits. Il fallait aussi respecter les choix alimentaires des familles. » Elle a mobilisé son réseau et négocié un partenariat avec des grossistes de la restauration afin d’optimiser les achats de première nécessité. Acheter en masse et au prix de gros aide beaucoup, évidemment, mais la structure peut aussi compter sur toute une chaîne de bénévoles pour le conditionnement et la distribution, et les paniers sont assemblés dans l’atelier des traiteurs Sièyès, dans le respect des règles sanitaires, ce qui permet de ne pas avoir de dépenses de loyer. Résultat : le coût de revient est de 1 euro par repas et par personne (soit 84 euros par semaine pour une famille de quatre personnes à raison de trois repas par jour). Un coût très attractif permettant aussi aux foyers les plus précaires d’avoir accès à une alimentation équilibrée.

Dépanner et (re)créer des liens

« Dépanniers » comme dépanner, soit une solution temporaire en attendant de retrouver son pouvoir d’achat. Ainsi, chaque famille bénéficiaire peut s’impliquer par une participation financière symbolique jusqu’à prix coûtant, allant de 20 centimes à 1 euro en fonction du quotient familial. « On est dans l’entraide, dans de la “dépanne”, et non pas dans de l’aide pure », détaille Christelle. Guillaume Holsteyn se charge de l’action sociale en identifiant les familles pouvant être bénéficiaires. Ce n’est pas par hasard que les paniers sont livrés à domicile : pour éviter les attroupements liés à un nouveau point de distribution, certes, mais surtout pour créer du lien social.

« Une partie des bénévoles qui se chargent de la distribution sont des travailleurs sociaux salariés du centre que je dirige. Ils font de la médiation, de la prévention et peuvent détecter les problèmes », souligne le directeur de centre social. « Nous avons l’ambition de faire de la santé par l’alimentation en distribuant ces repas composés de produits frais. Nous voulons faire de la pédagogie en imaginant des vidéos tutorielles faites par des chefs, des concours de cuisine, des visites aux producteurs, pour faire découvrir une alimentation plus saine et expérimenter des moments en famille. » La structure est loin de s’être arrêtée après le déconfinement car « les besoins sont toujours là ; tous les jours nous avons des demandes ». Dépanniers va être prochainement développé au Biollay, un autre quartier populaire de Chambéry, avec l’aide du directeur du centre social du secteur. La suite ? Christelle et Guillaume imaginent que le projet pourrait essaimer vers d’autres territoires.

Pour en savoir plus : https://www.depanniers.fr/

Christelle Favetta- Sièyès et Guillaume Holsteyn (en vignette) proposent des menus équilibrés à moins d’un euro.

Par Alexia Bontron


Cet article est paru dans votre magazine ECO Savoie Mont Blanc du 5 juin 2020. Il vous est exceptionnellement proposé à titre gratuit. Pour retrouver l’intégralité de nos publications papiers et/ou numériques, vous pouvez vous abonner ici.

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Découvrez également :

Formation : l’Inseec Chambéry ouvre le chapitre BTS

L’école supérieure de commerce et de gestion savoyarde ouvre en septembre son premier BTS. D’autres pourraient suivre dans les années à venir. Si, jusqu’à présent, les étudiants désireux d’intégrer l’Inseec de Chambéry avaient le choix entre de nombreux bachelors...

LIRE LA SUITE

Publicité