Face à la crise climatique, le projet “Erable – Agir pour les glaciers” mobilise chercheurs, artistes et élus pour protéger ces écosystèmes essentiels.

Une chronique rédigée par Jean-Christophe Clément, enseignant-chercheur au laboratoire Carrtel et directeur de l’école doctorale Sciences, ingénierie, environnement de l’Université Savoie Mont Blanc.
Porté par l’Université Savoie Mont Blanc (USMB), le projet Erable ambitionne de célébrer les écosystèmes, renouveler les imaginaires et faire émerger coopérations et actions concrètes. Né dans la continuité du projet Ice and Life (1), le projet Agir pour les glaciers (2) intégré au programme Erable (3) s’inscrit dans la stratégie nationale pour la biodiversité 2030, et vise à renforcer l’ancrage territorial des actions climatiques. Nous avions déjà une approche globale (4), mais il nous manquait un ancrage territorial pour montrer que l’on peut faire des choses à cette échelle.
Ce projet associe ainsi la commune de Bourg-Saint-Maurice pour imaginer collectivement, à travers une approche transversale, de nouvelles modalités d’action et d’implication visant à protéger les glaciers et les écosystèmes qui leur succèdent. Le choix de ce territoire alpin, directement touché par le recul des zones glaciaires, illustre notre volonté de conjuguer recherche et implication citoyenne.
L’Université Savoie Mont Blanc, moteur de cette collaboration scientifique
L’USMB est particulièrement engagée pour répondre aux grands défis de demain en développant des recherches innovantes et interdisciplinaires autour des transitions environnementale, industrielle et sociétale. Nous sommes ainsi plusieurs chercheurs du laboratoire Carrtel de l’USMB (Florent Arthaud, écologue, Adrien Guérou, ingénieur de recherche en écologie spatiale, et moi-même) à nous impliquer dans ce projet, aux côtés d’experts de renommée internationale tels que Sandra Lavorel (écologue au Leca), Philippe Billet (spécialiste en droit public), Virginie Maris (philosophe de l’environnement), ainsi que le glaciologue Jean-Baptiste Bosson, qui dirige l’association Marge sauvage (5).
L’objectif du projet est d’apporter de la connaissance sur le retrait des glaciers et les écosystèmes qui se créent en conséquence, à travers trois volets : scientifique, artistique et politique. Le volet scientifique s’intéresse aux écosystèmes précédemment cités, en analysant leur fonctionnement écologique, les services écosystémiques qu’ils rendent (c’est-à-dire les bénéfices que les humains en tirent), ainsi que leur statut juridique. Une dimension philosophique est également explorée, questionnant le rapport à ces espaces en transformation. Le second volet est artistique.
Des collaborations avec des artistes, comme Lauriane Miara (illustratrice) et Justin Fayard (réalisateur), sont mises en place afin de renouveler les imaginaires liés aux glaciers et de véhiculer une image plus positive de ceux-ci. Souvent vus comme des symboles du réchauffement climatique, les glaciers seront ici réinterprétés afin de mettre également en valeur leur richesse écologique et leur potentiel de transformation.
Le dernier volet concerne les actions politiques. Il s’agit de réfléchir à « Comment mettre en place des outils ou des actions localement, via les politiques territoriales, pour protéger les glaciers et écosystème qui se créent ». Une première action est déjà entreprise : celle de « donner les clés du glacier » aux enfants de Bourg- Saint-Maurice impliqués au sein du conseil municipal des jeunes, en les faisant participer à la création d’une aire protégée autour de l’aiguille des Glaciers.
Un festival pour rassembler
L’un des points d’orgue du projet est l’organisation du festival “Agir pour les glaciers” (6), à Bourg-Saint-Maurice, en partenariat avec la maison d’édition Actes Sud, qui aura lieu du 20 au 22 mars. Inspiré du festival “Agir pour le vivant” d’Arles, cet événement réunira chercheurs, artistes, acteurs socioprofessionnels comme les guides ou stations de ski, et grand public autour de tables rondes, ateliers et spectacles.
En associant recherche, art et politique, Agir pour les glaciers ambitionne d’inscrire la préservation des glaciers et des écosystèmes qui leur succèdent dans une dynamique territoriale, tout en inspirant des actions à l’échelle globale. Ce n’est donc pas un hasard si ce projet a été lancé à la veille de l’année 2025, déclarée Année internationale de la préservation des glaciers par les Nations Unies.
(1) Projet porté par la Fondation USMB : fondation-usmb.fr/projet/ice-life
(2) Projet porté par le Carrtel de l’USMB : agirpourlesglaciers.org
(3) Programme lancé par le groupement d’intérêt public Epau en lien avec les ministères de la Culture et de l’Écologie : erable.archi.fr/le-programme-erable
(4) Pour en savoir plus : urlz.fr/tMSW
(5) Association Marge sauvage : margesauvage.org
(6) Festival “Agir pour les glaciers” : agirpourlesglaciers.org

Photo de Thomas Serer sur Unsplash
0 commentaires