Le Centre d’élevage de Poisy accueille depuis peu le premier démonstrateur agrivoltaïque bovin de l’entreprise Voltalia. Objectif : en comprendre ses effets.
En ce jour de présentation du premier démonstrateur agrivoltaïque bovin de la société Voltalia, le soleil et la chaleur sont justement de la partie, faisant suer les invités regroupés au Centre d’élevage de Poisy. Pas un temps à mettre une vache dehors. A moins qu’elles puissent bénéficier d’un ombrage approprié. Un rapide coup d’œil au démonstrateur le confirme : le troupeau de 80 laitières du pôle de formation en élevage laitier s’est entièrement réfugié à l’ombre des six rangées de panneaux solaires, en quête d’un peu de fraîcheur.
Leur prairie de 7 820 mètres carrés accueille en effet depuis septembre 2024 une installation photovoltaïque composée de 1 152 mètres carrés de panneaux disposés à différentes hauteurs (1,80 m, 2 m, 2,20 m) : c’est le fameux démonstrateur agrivoltaïque bovin, d’une puissance de 250 kW. Un équipement dont l’objectif est l’étude et l’analyse des effets de ce type d’installations sur les animaux, sur la qualité et la quantité des productions fourragères et sur l’évolution du microclimat.
Pendant cinq ans, les interactions entre les vaches et le démonstrateur seront surveillées à la loupe. La production fourragère sera elle aussi jaugée très précisément ainsi que la nature des sols et leur évolution. Faudrait-il par exemple se réjouir de voir les vaches trouver refuge à l’ombre ? Claire du Colombier, directrice développement France de Voltalia, se veut plus prudente : « Nos premières observations confirment que les animaux trouvent refuge sous les panneaux en cas de soleil ou de vent fort, mais à long terme, nous devons vérifier, entre autres, si cela n’impacte pas la pousse de l’herbe ou si ces zones n’auront pas tendance à concentrer leurs déjections, au détriment de la végétation. »
Développé en collaboration avec le Centre d’élevage Lucien Biset de Poisy – qui, outre sa mission de formation des futurs éleveurs, est également une ferme d’innovation depuis 20 ans (14 programmes en R&D y sont en cours) – et l’Institut de l’élevage (Idele), le démonstrateur représente au total un investissement d’un million d’euros sur cinq ans, porté entièrement par Voltalia.
Le Centre d’élevage a mis une de ses prairies et à disposition et ses vaches servent de « cobayes » ; l’Idele a quant à lui en charge la partie analyses. « Ce n’est facile de juger du comportement et du bien-être des animaux, relevait avec justesse le président de la Chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc, Cédric Laboret. L’institut de l’élevage est capable de le faire et va permettre d’objectiver la situation pour nous permettre, à nous agriculteurs, de nous décider à nous lancer dans l’aventure ou pas. »
Car l’idée, derrière tout cela, est de récolter un maximum de données qui permettront de progresser sur la voie de l’agrivoltaïsme bovin. Ou comment concilier au mieux agriculture et production d’énergie sur un même foncier. Le producteur d’énergie Voltalia ne cache d’ailleurs pas son ambition d’atteindre 50 % de sa capacité solaire sur des sols co-utilisés ou revalorisés d’ici 2027, contre 39 % en 2023. Quand lui gèrerait la production d’électricité agrivoltaïque, les agriculteurs bénéficieraient de leur côté d’une redevance stable compensant les contraintes.


Voltalia
Entreprise à mission depuis 2021, Voltalia a été créée à Paris en 2005. Il s’agit d’un producteur d’énergie et d’un fournisseur de services international spécialisé dans les solutions d’énergies renouvelables. Son chiffre d’affaires 2024 était de 546,6 M€ (359,4 M€ de ventes d’énergies et 187,2 M€ de services) avec 2 055 collaborateurs dans le monde. Il utilise 5 technologies : l’éolien (34 % de puissance installée), le solaire (63 %) et le stockage d’énergie, la biomasse et l’hydroélectricité (3 % pour les 3). En 2024, Voltalia a produit 4 706 GW. 61 % de sa puissance installée est en Amérique latine, 36 % en Europe et 3 % en Afrique.


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