La fiscalité genevoise est-elle moins avantageuse qu’ailleurs ? C’est en tout cas ce qu’aurait pu laisser entendre le départ annoncé en juillet de deux ex-associés de la banque Pictet pour l’Italie. La réalité est plus nuancée.
Le régime fiscal ordinaire qui s’applique aux ressortissants suisses peut atteindre jusqu’à 60 % du montant des revenus, en additionnant l’impôt sur le revenu et celui sur la fortune (le taux est de 0,85 % dans le canton de Genève). Un maximum qui, selon Xavier Oberson, professeur de droit fiscal suisse et international à la faculté de droit de l’Université de Genève, « reste supportable compte tenu d’autres facteurs liés à la localisation à Genève ». À ce taux s’ajoute encore l’impôt fédéral, fixé à 11,5 %.
Durant l’été 2025 le départ pour l’Italie de Renaud de Planta, cofondateur de la Fondation pour l’attractivité du canton de Genève (Flag), et Bertrand Demole, tous deux anciens associés de la banque Pictet, a suscité quelques interrogations. Depuis 2017, la péninsule propose en effet aux nouveaux résidents et expatriés un régime forfaitaire avantageux : plafonné à 200 000 euros depuis 2024 (contre 100 000 auparavant, avec 25 000 euros par membre supplémentaire du foyer), un forfait qui s’applique à l’ensemble des revenus étrangers durant quinze ans.


Au pied du podium
« Leur départ est de l’ordre du symbole. Il marque les esprits », souligne Xavier Oberson, qui ne constate toutefois pas de fuite massive des grandes fortunes depuis la réforme fiscale helvète de 2017, moins favorable aux plus riches. La Suisse conserve d’ailleurs une solide attractivité comparée à ses voisins immédiats. Selon une étude publiée en 2025 par Henley & Partners, elle figure au quatrième rang mondial des destinations privilégiées par les grandes fortunes, derrière les Émirats arabes unis, les États-Unis et l’Italie – cette dernière ayant fait une percée remarquée en 2024, passant de la 7e à la 6e place, juste devant la Confédération.
La Suisse, de son côté, a progressé pour atteindre son meilleur niveau depuis 2022. L’étude estime que 142 000 millionnaires pourraient changer de pays en 2025, invoquant des raisons fiscales mais aussi la sécurité, la qualité des systèmes éducatifs et de santé, les opportunités professionnelles, la stabilité politique ou encore le cadre juridique. Autant de paramètres qui rappellent que la fiscalité ne constitue qu’une partie de l’équation : dans la compétition mondiale des territoires, c’est bien l’ensemble de l’environnement de vie qui fait la différence.



Sandra Molloy
Photo à la une : OLEKSII – STOCK.ADOBE.COM
Cet article est issu de notre magazine La Frontière en chiffres 2025-2026 >>








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