En ouverture du salon Mountain Planet, l’expert suisse Laurent Vanat nous livre ses derniers enseignements à l’occasion de la présentation de son 16e Rapport sur le tourisme de neige et de montagne.
Si le climat joue au yoyo, nous privant parfois de neige en raison du réchauffement des températures, le ski affiche des niveaux de fréquentation dans la moyenne des vingt dernières années, avec 372 millions de journées-skieurs enregistrées dans le monde pour la saison 2022-2023.
« Le ski n’est pas encore mort, et il n’y a aucune raison de le faire disparaître tant qu’il est encore parfaitement viable. Cette industrie est en bonne santé », martèle Laurent Vanat, pointant du doigt les médias grand public qui se plaisent à conforter une idéologie anti-ski.
Premier constat : le nombre de skieurs augmente, mais ils skient moins qu’avant (stabilité des journées-skieurs). « Plusieurs grands marchés matures enregistrent des records de fréquentation, à l’instar des États-Unis et de l’Italie, a contrario de l’Allemagne (la pire saison qu’elle ait connue) et de la zone Asie-Pacifique, à la traîne en raison du déclin du Japon », dit le spécialiste, ajoutant que « la France, et surtout l’Autriche, n’ont pas encore retrouvé le niveau des moyennes quinquennales d’avant-covid ».
Pour lui, cette hausse de fréquentation est également due au développement des forfaits saison, notamment multistations, dans différents pays. Dans cette logique, la billetterie évolue.
« On voit émerger de nouvelles solutions innovantes et se généraliser la tarification dynamique et des modèles de tarification alternatifs (paiement à l’utilisation…). »
Améliorer l’expérience client
Quant aux investissements, on apprend que 25 % des remontées mécaniques ont été renouvelées en moyenne, mais beaucoup plus dans les Alpes où ce chiffre atteint 70 %, en Europe de l’Est et en Asie centrale aussi.
Selon Laurent Vanat, pour qui créer de l’offre ne génère pas systématiquement de la demande (données à l’appui),
« les stations doivent développer la clientèle domestique , c’est indispensable pour avoir un marché fort, sinon on est faible ».
Il étaye cette affirmation en donnant quelques pistes d’amélioration. À commencer par l’expérience client au sein des stations, qui est très importante : « Il existe un potentiel énorme de progression pour capter les clientèles et rendre ces destinations plus attractives. » L’autre vrai défi, ce sont les débutants (toujours), « quand plus de 80 % d’entre eux ne veulent plus skier après avoir essayé une première fois ».
Et l’expert de conclure : « Il n’y a pas d’adaptation standard. Chaque station doit trouver son chemin et ne pas faire un copié-collé de ce qui se fait ailleurs ».
S’agissant de la montagne “quatre-saisons”, il reconnaît que « les investissements réalisés l’hiver sont tellement énormes, qu’il est impossible d’imaginer d’en faire autant l’été, d’où la nécessité d’utiliser au maximum les installations existantes toute l’année. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un restaurant d’altitude ou un mont Blanc ! »
Patricia Rey
Il est difficile de faire une analyse globale du marché du ski, car la situation diffère énormément selon l’altitude de la station. En France, cet hiver ne s’est pas déroulé de la même manière dans le Jura, les Vosges ou les grandes stations culminant à plus de 2500 m.