Selon le dernier rapport publié par l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, l’état des eaux superficielles et souterraines s’améliore en 2024, mais les marges de progression restent importantes.
En Auvergne-Rhône-Alpes, 52 % des rivières et 81 % des eaux souterraines sont en « bon » ou « très bon » état. Ces chiffres sont issus d’un rapport 2024 que vient de publier l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse (RMC). « Disposer d’un état des lieux est important pour informer l’ensemble des acteurs et déterminer et évaluer l’efficacité des actions financées grâce aux 500 millions d’euros de redevances que nous collectons chaque année », rappelle Nicolas Mourlon, son directeur général.
6,5 millions de données
Ce rapport est basé sur l’analyse de plus de 6,5 millions de données collectées chaque année sur les bassins Rhône-Méditerranée et Corse. Pour les eaux souterraines, ce sont les quantités (niveau des nappes par rapport à leur capacité de recharge) et l’état chimique (présence de substances dangereuses comme les nitrates, pesticides, solvants, métaux…) qui sont mesurés.
Concernant les eaux superficielles, l’évaluation porte sur l’état chimique (présence de substances dangereuses) mais aussi la qualité physicochimique (oxygène, température, présence de nutriments, acidification…) et biologique (présence de poissons, phytoplancton, macrophytes…). « L’eau des rivières est de bonne ou très bonne qualité dans les zones montagneuses. Les états les plus dégradés s’observent sur les zones fortement peuplées où se concentrent activités économiques, agricoles et touristiques », résume Oliver Fontaine, chef de projet à l’agence.
1900 : c’est le nombre de stations de mesure en place sur les eaux souterraines, cours et plans d’eau des bassins Rhône Méditerranée Corse permettant d’effectuer les analyses et prélèvements déterminant la qualité de l’eau.
Tendance à l’amélioration
Le rapport souligne une amélioration globale de la qualité de l’eau durant les dernières décennies, liée à l’évolution des systèmes d’assainissement et des techniques. mises en œuvre.
Mais les marges de progrès restent énormes, car la multiplication des paramètres pris en compte (1 400, soit huit fois plus qu’il y a trente ans) dévoile d’autres types de pollution. Depuis 2015, l’agence de l’eau suit ainsi 159 polluants « d’intérêt émergent » (médicaments, stimulants et autres cosmétiques…) rejetés dans les excreta humains et animaux. Plus de 130 d’entre eux sont détectés dans les cours d’eau du bassin RMC, comme le Formans, dans l’Ain, cité parmi les rivières qui cumulent le plus grand nombre de ces substances.
Polluants éternels
Concernant les PFAS – ou polluants éternels –, les plus fortes concentrations sont localisées à l’aval des sites industriels les produisant ou les utilisant, actuellement ou dans le passé.
La station de surveillance mise en place sur le Dadon, un affluent de la rive gauche du Chéran, à Rumilly (74), figure parmi les sept de RMC où plus de 30 % des prélèvements d’eau présentaient une contamination très élevée sur la période 2020-2022. L’agence précise que « trois entreprises sont suspectées d’être à l’origine de la pollution par les PFAS : un fabricant d’ustensiles de cuisine à proximité immédiate de la station, une entreprise qui produisait des skis en amont de la station, et, plus en aval, une ancienne tannerie ». « Trois PFAS sont quasi systématiquement quantifiés dans les échantillons prélevés : le PFOA, le PFHpA et le PFHxA », ajoute-t-elle.
Parmi les seize nouveaux points de pollution détectés en 2023, figure le site de Terre-Nue, à Voglans (73), où une surveillance amont et aval permettra d’évaluer la situation et de déterminer les actions à mettre en place.
Si les cours d’eau d’Auvergne-Rhône-Alpes sont de meilleure qualité que la moyenne européenne (37 %), ils sont encore loin de l’objectif fixé par la France (67 % des masses d’eau en bon état en 2027). Pour Jean-Philippe Deneuvy, directeur de la direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (Dreal) Auvergne-Rhône-Alpes, ce constat est à l’image de l’histoire du droit de l’environnement en Europe, où les problèmes résolus débouchent sur d’autres problèmes à résoudre : « On peut à la fois se satisfaire du chemin parcouru et être insatisfait du résultat. »
Gestion intégrée sur le bassin versant du Bourget
Si l’amélioration de la qualité des cours d’eau profite à la biodiversité, le réchauffement climatique et la baisse de débit qu’il induit ont l’effet inverse. La gestion intégrée mise en œuvre par le Cisalb sur le bassin versant du lac du Bourget permet de mobiliser l’ensemble des acteurs du territoire pour répondre à tous les enjeux, dans le cadre d’une solidarité amont-aval.
« Une démarche exemplaire », salut Marc Vérot, chef du service “planification” à l’agence de l’eau Rhône-Méditérranée-Corse. D’un montant total de 25 M€, le programme a notamment consisté à réduire de 1,6 million de mètres cubes les prélèvements d’eau sur les sources, afin de maintenir un débit compatible avec la vie aquatique. En contrepartie, la nappe et le lac du Bourget sont davantage utilisés, tandis que les réseaux ont été réparés et les pratiques changées pour économiser la ressource.
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