Le 17 avril, le département de la Haute-Savoie et la Compagnie du Mont-Blanc ont présenté le tout nouveau projet de modernisation du Tramway du Mont-Blanc, qui s’affiche d’emblée “très touristique“ pour redorer le blason de cet équipement en perte de vitesse.
Cette nouvelle concession de service public, réattribuée pour quinze ans à la Compagnie du Mont-Blanc, est l’occasion de « repenser le Tramway du Mont-Blanc, ce patrimoine vieillissant », déclare Christian Monteil, président du Département de la Haute-Savoie, en préambule de la conférence de presse. Car, depuis dix ans, le plus haut train à crémaillère de France, qui relie Le Fayet (580 m d’altitude) au Nid d’Aigle à 2 376 m, connaît une lente érosion de sa fréquentation. Soit environ 140 000 passages, contre 180 000 dans les années 2000. Et c’est sans compter son déficit annuel récurrent estimé annuellement à environ 700 000 euros. En cause, la vétusté des équipements et le manque de confort. Pour redonner tout son attrait à cette “pépite“, mise en service en 1909, le Département de la Haute-Savoie vient d’engager 65 millions d’euros d’investissement, auxquels s’ajoutent 15 millions au titre de la subvention d’équilibre. Au global, ce sont donc 80 millions d’euros qui seront alloués au Tramway du Mont Blanc jusqu’en 2035. La CMB – associée à 20 % à la Caisse des dépôts et consignations –, en ajoutera trois autres pour les investissements courants. Cette concession donnera naissance à une société dédiée, la Compagnie du Tramway du Mont-Blanc (un clin d’œil à l’histoire).
« La collectivité territoriale a investi, depuis huit ans, plus de 20 millions d’euros dans la voie et abonde de 700 000 euros chaque année pour combler le déficit d’exploitation. »
Christian Monteil, président du conseil départemental de la Haute-Savoie.

Un projet touristique ambitieux
Pour répondre au cahier des charges de l’appel d’offres, il fallait un projet touristique à la hauteur, qui soit moderne, durable et totalement intégré à l’environnement. La Compagnie du Mont-Blanc a fait appel au cabinet norvégien Snøhetta [ndlr : le cabinet d’architecture retenu pour la réalisation du (feu) centre des congrès d’Annecy], connu pour ses réalisations à travers le monde. Point d’orgue de ce projet ambitieux, la construction d’une nouvelle gare sommitale au Nid d’Aigle. À cet endroit, point de départ de la voie royale du mont Blanc, sera érigé un bâtiment HQE sur 450 mètres carrés, semi-enterré pour limiter l’impact sur l’environnement. La voie ferrée actuelle sera étendue sur 300 mètres pour permettre une arrivée à plat et sécuriser le débarquement des usagers.
« Le Tramway du Mont-Blanc est un train difficile à exploiter, bien qu’attachant, auquel il manquait ces nouveaux aménagements pour le transformer en véritable produit touristique pour le territoire. »
Mathieu Dechavanne, pdg de la Compagnie du Mont-Blanc

Objectif mont Blanc
Autour, un circuit de randonnée d’une heure sera aménagé pour favoriser un accès encadré et pédagogique jusqu’au glacier de Bionnassay, que les clients surplomberont depuis la plateforme d’observation installée à cet effet. Chacune des gares qui jalonnent le tracé sur 12,5 km – celles du Fayet, de Saint-Gervais, du col de Voza et de Bellevue – sera réhabilitée et dotée d’un espace scénographique. Celui du Nid d’Aigle « permettra de toucher des yeux le mont Blanc » et de vivre l’expérience au sommet « comme si on y était ». Enfin, les trois nouvelles motrices commandées au suisse Stadler remplaceront les trois existantes (Jeanne, Anne et Marie) datant des années 1950, et une quatrième, hybride (motorisation diesel-électrique), complètera le parc ultérieurement.
« Je salue le côté innovant, intéressant et respectueux de ce projet qui permet de toucher des yeux la haute montagne avec un vrai train d’avance, grâce à un moyen de transport doux, rapide, propre et multisaisons… »
Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais-Mont-Blanc, pour qui le TMB est « un fleuron touristique de la Haute-Savoie »


De quoi séduire, été comme hiver, les touristes du monde entier. Et c’est bien là, la volonté affichée du Département et de l’exploitant. « Avec ce nouveau produit, la Compagnie du Mont-Blanc prévoit une croissance du chiffre d’affaires de 1,5 à 3,3 millions d’euros à l’échéance du contrat en 2035 », avance son PDG Mathieu Dechavanne. Pour y parvenir, il annonce plus de rotations à la journée, un prolongement de la phase d’exploitation jusqu’à début novembre et la mise en place de deux tarifications. L’une sera à destination des alpinistes qui utilisent le TMB comme moyen de transport pour accéder au mont Blanc, et l’autre pour les touristes qui auront accès à l’intégralité du produit touristique (les billets passeront de 39 à 44 euros en 2026). Pour l’heure, la CMB espère rouvrir dès le mois de juin sous haute protection sanitaire.
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Par Patricia Rey
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Le calendrier des travaux
- Décembre 2021 : mise en service de la gare de Saint-Gervais, totalement rénovée et dotée d’un espace restauration.
- Juin 2022 : réouverture de la gare et espace d’accueil du Fayet.
- Juillet 2022 : mise en circulation des trois trains neufs.
- Décembre 2022 : livraison du nouveau hangar et atelier des trains au Fayet sur 80 m2.
- Juin 2023 : mise en service du nouveau train hybride et de la nouvelle gare de Bellevue
- Juillet 2025 : prolongation de la voie ferrée et ouverture partielle de la gare du Nid d’Aigle. Création du sentier thématique et de la plateforme d’observation du glacier
- Juillet 2026 : ouverture de la gare du Nid d’Aigle, qui comptera le centre d’interprétation du mont Blanc, restaurant et boutique
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