L’entreprise de Bellignat s’est placée en sauvegarde pour contraindre les banques à négocier.
« Nous ne sommes pas un groupe qui perd de l’argent. Nous dégageons un Ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements, NDLR) de 9,5 % en France et de 8,5 % à l’échelle du groupe. Une performance stable sur trois ans, malgré la hausse des coûts de l’électricité », lance Michaël Palisse, directeur opérationnel et directeur financier d’Adduxi.
Mais alors, pourquoi ce fabricant et assembleur de pièces techniques de précision pour l’automobile a-t-il engagé, le 29 janvier, une procédure de sauvegarde auprès du Tribunal de commerce ? « Au cours des trois dernières années, nous avons réduit notre endettement de 40 %. Nous devions rembourser davantage au cours des prochains mois, grâce à un marché obtenu par notre filiale aux États-Unis auprès de Tesla, pour la production de tubes de refroidissement des batteries. Mais, ce contrat, qui devait nous apporter 2 M€ d’Ebitda supplémentaire par an, a été annulé. Nous avons donc proposé aux banques de revenir au rythme de remboursement des dernières années. Mais, elles ne veulent rien entendre », explique le dirigeant.
Et celui-ci de rappeler que la sauvegarde est une démarche volontaire. Son père, Alain, président de la SAS, connaît bien cette procédure, pour avoir été juge pendant 15 ans et même vice-président du Tribunal de commerce de Bourg-en-Bresse.
Une entreprise internationale
Adduxi a été créée par Alain Palisse, il y a 28 ans. « Nous avons axé notre développement sur l’automobile allemande et, d’une manière générale, sur des pays matures et solvables », raconte le fondateur. Ainsi, l’entreprise a implanté un bureau commercial et centre d’innovation Outre-Rhin depuis 2002, une usine aux États-Unis depuis 2015 et un site de production en Chine depuis 2022. « Nous ne sommes allés là-bas qu’à partir du moment où il a été possible d’y faire du high cost », note le président, à propos de cette dernière destination.
Sous-traitant d’équipementiers comme Bosch ou Continental, Adduxi voit son chiffre d’affaires, réalisé à 95 % dans l’automobile, progresser. Il s’est élevé à 52 M€ en 2023, pour un effectif global de 260 personnes (190 en France, hors intérim).
Un tiers de l’activité provient des pièces pour les moteurs, notamment diesel (50 %) avec les technologies AdBlue, mais aussi hybrides et électriques. Pour le reste, elle produit – le plus souvent par surmoulage plastique de pièces métalliques – de la connectique et des capteurs, « des systèmes de gestion de la température, notamment pour les clims, des éléments de refroidissement des batteries ou encore des capteurs de positionnement pour les parechocs », cite Michaël Palisse. De plus, quelque 70 % du chiffre se fait à l’international. « Et nos implantations en Chine et en Amérique nous ont permis de capter de nouveaux marchés en France », relève le directeur financier.
Certes, le secteur automobile subit un effondrement depuis 2019. Mais l’enjeu n’est pas là. « Nous sommes inscrits sur un marché de niche, mais très fiable. Car nous produisons des pièces très différenciantes dont nous sommes les seuls fournisseurs. Nous avons du travail. La preuve, nous avons encore des équipes de week-end », souligne Michaël Palisse.
Si l’entreprise veut rééchelonner sa dette, c’est pour préserver l’avenir. Cet étalement lui permettrait, notamment, de renouveler ses capacités d’investissement. « L’enjeu pour les équipementiers, c’est de proposer de nouvelles technologies aux constructeurs. Le nôtre, c’est de pouvoir produire ces pièces sans qu’un éventuel échec commercial impacte trop lourdement nos finances ou les leurs. » Aussi, depuis 2015, l’entreprise imagine des lignes de production plus souples, qui ne soient pas conçues pour une seule pièce, mais puissent facilement être adaptées.
Sébastien Jacquart
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