Mavic, le spécialiste des roues de vélo et équipements pour cyclistes (siège : Metz-Tessy, près d’Annecy), a été placé en redressement judiciaire le 2 mai et cherche un repreneur ou un investisseur. Les syndicats sont inquiets pour les plus de 200 emplois concernés et dénoncent un sous-investissement chronique et une étrange reprise, l’an dernier, par une société américaine.
Le fabricant français de roues de vélos Mavic a été placé le 2 mai en redressement judiciaire, annonce un communiqué du comité social et économique (CSE, successeur du comité d’entreprise) et de l’intersyndicale CFDT / CFE-CGC. Une information que mentionne aussi le site économique verif.com, mais pas encore ses homologues societe.com ou infogreffe.
L’entreprise, née il y a plus de 130 ans à Lyon (1889), comptait 226 salariés à fin 2018 (dernier bilan publié) contre 276 en 2014 . Selon un représentant du CSE, ils seraient aujourd’hui 170 à Annecy et 45 à Saint-Trivier-sur-Moignans (Ain). Le CSE et l’intersyndicale de Mavic demandent des comptes à Salomon, leur ancienne maison-mère, et à son actionnaire le groupe finlandais Amer Sports.
Mavic avait été cédée par Amer en juillet 2019 au fonds d’investissement américain Regent LP (le montant n’avait pas été communiqué). Cette vente est intervenue après qu’Amer Sports a sorti Mavic de ses comptes consolidés 2018, juste avant le rachat du Finlandais, en mars 2019, par le consortium chinois Anta Sports.
Le chiffre d’affaires et le résultat dérapent
Depuis très peu d’infos ont été diffusées sur Mavic. Plus grave, la situation financière de la société se détériore : 88 M€ de chiffre d’affaires (CA) 2018 avec 9,1 M€ de perte (et moins de 70 M€ de CA pour près de 13 M€ de perte en 2019, selon une de nos sources), contre 127 M€ de CA et 8,7 M€ de bénéfices en 2015.
« Mavic a été laissée à l’abandon de manière incompréhensible », déplore le CSE. Les représentants du personnel de Mavic affirment en outre que « contrairement à ce qui avait été publiquement annoncé, Mavic n’aurait pas été vendue à Regent LP mais à une société M Sports, basée dans le Delaware aux États-Unis ». Au-delà du redressement judiciaire et des difficultés économiques, ce sont donc aussi les questions de la reprise de Mavic et même de l’identité du propriétaire actuel qui sont posées par les élus du CSE.
« Dans ces circonstances, pour le CSE et l’intersyndicale, Salomon doit toujours être considéré comme le véritable propriétaire de Mavic », poursuit le communiqué, avant de conclure : « Les représentants du personnel seront particulièrement vigilants sur les garanties apportées par les candidats repreneurs et veilleront à la sauvegarde d’un maximum d’emplois sur le bassin annécien, ainsi qu’à la pérennité du site de production français de Saint-Trivier-sur-Moignans.«
Selon nos informations, Mavic est sous observation du tribunal de commerce de Grenoble pour six mois et les candidatures d’investisseurs ou repreneurs sont attendues avant le 2 juin 2020.
Par Patricia Rey et Éric Renevier
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