2008 : l’entreprise ferme sa dernière usine en france. 2018 : elle est numéro un mondial du trail. Focus sur une transformation réussie.
Lors de sa création, en 1947, Salomon fabriquait des carres de ski. C’est peut-être de là que lui vient cette culture de bien s’accrocher, même quand la pente est raide et glissante. Et ce fut le cas dans les années 1990 et 2000 : aux premiers licenciements sur fond d’hiver sans neige (1990), ont succédé les transferts de production vers la Roumanie puis les fermetures des usines françaises, en Chautagne (1998) et à Rumilly (2008).
Avec entre les deux, des restructurations sévères (2004, 2005-2006). Certains y virent la conséquence de la vente de l’entreprise à des capitaux extérieurs au territoire : Adidas en 1997 puis Amer Sports en 2005. L’exigence de rentabilité élevée des groupes et leur capacité à trancher dans le vif quand elle n’est pas au rendez-vous a bien sûr joué. Mais la conjoncture aussi, avec un marché du ski en net repli. Et il ne faut pas oublier qu’à l’inverse, Adidas puis Amer Sports ont aussi apporté à Salomon des moyens et des savoir-faire.
Le virage du souple
La parenthèse Adidas (1997-2005) fut courte mais déterminante. Sous l’égide de la marque aux trois bandes, Salomon a su passer de spécialiste du “hard” (les matériaux durs : chaussures, fixations et planches de ski, roues de vélo avec Mavic…) à experte du “soft” (matériaux souples). C’est ce qui lui a permis de réussir le virage de la “désaisonalisation”, après lequel elle courait depuis le milieu des années 1980 avec les rachats de TaylorMade en 1984, de Mavic en 1994, d’Arc’Teryx en 2001…
Dès 2009, grâce aux vêtements et aux chaussures, Salomon réalise ainsi plus de la moitié de son chiffre d’affaires (CA) en dehors du ski. Et c’est presque 70 % aujourd’hui. L’entreprise a engrangé près de 875 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an passé (estimation Eco), poursuivant sa croissance. Mais sa piste reste parsemée de virages à négocier : la digitalisation du commerce, la conquête des marchés chinois et américains, l’implantation sur le segment de la course à pied sur route (face à des géants comme Asics, Nike ou… Adidas). De sacrés défis en perspective pour le millier de salariés de l’ “Annecy design center”.
Par Éric Renevier
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