Un an après la reprise par Bourrelier Group son président, Jean-Michel Bourrelier, évoque pour notre site les perspectives de développement de Mavic sur le marché du vélo électrique, dans les vêtements et accessoires et revient sur la perte du contrat historique d’assistance neutre sur le Tour de France.
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Cet article est un complément de celui paru dans Eco Savoie Mont Blanc du 24 septembre 2021, dans lequel Jean-Michel Bourrelier, président de Mavic, détaille les volets et « nouveau siège social », « embauches » et « développement international » du redressement opéré depuis la reprise de la société. A lire en version papier ou sur notre liseuse en ligne.
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Shimano remporte la course au Tour de France
« Je n’y pense pas jour et nuit : nous sommes plus tournés vers l’avenir que vers le passé. Mais c’est vrai que j’ai trouvé la décision d’ASO un peu…expéditive », reconnaît Jean-Michel Bourrelier, président de Mavic Group SAS (c’est le nouveau nom de la société).
En janvier, Amaury sport organisation (ASO), le propriétaire du Tour de France, a préféré le Japonais Shimano pour assurer l’assistance neutre (intervention au profit de toutes les équipes sans distinction) des coureurs pendant les étapes du Tour de France et des autres grandes courses qu’il organise (Vuelta, Paris-Nice, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège…).
Un coup dur pour Mavic, qui occupait la place depuis… 1977 et qui était même « l’inventeur du concept d’assistance neutre », rappelle Jean-Michel Bourrelier. Au fil des ans, la prestation, assurée par des voitures et motos jaunes (la couleur de la marque) très reconnaissables, a fait beaucoup pour la notoriété internationale de la Manufacture d’Articles Vélocipédiques Idoux et Chanel comme elle s’appelait de son nom complet (création : 1889).
A peine reprise à la barre du tribunal et après plusieurs années de dégringolade économique et d’imbroglio administratif, Mavic n’a pas pu s’aligner sur les propositions de Shimano (dont les montants ne sont évidemment pas dévoilés : ASO est un champion de la discrétion financière…). Elle en prend acte mais aurait apprécié un peu plus d’égards vis-à-vis « d’un partenaire historique. Là, ça a été net, sans remerciement, sans phase progressive », soupire le président. Annoncée en janvier, la décision a en effet été effective dès le Tour 2021, le premier sans les voitures jaunes depuis 43 ans.
Mavic a donc perdu sa principale vitrine auprès du grand public. Mais ne se morfond pas pour autant et a déjà mis en place d’autres partenariats, avec des courses moins prestigieuses mais « au plus près du terrain et des pratiquants » ainsi que du mécénat d’athlètes de haut niveau en cyclisme, VTT et triathlon.
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Le VAE ? Un marché qui manque encore de maturité
Si la perte du marché de l’assistance neutre sur le Tour est une mauvaise nouvelle, Mavic peut néanmoins se réjouir d’évoluer dans une conjoncture globalement favorable au cycle. Selon l’Union Sport et & Cycle, qui réunit fabricants et revendeurs, 2020 a même été une année « hors norme » sur le marché français, qui dépasse pour la première fois les 3 Md€ (+25% par rapport à 2019).
Si la crise des matières premières et le manque de pièces a pu ralentir les livraisons – Mavic en a souffert elle aussi – les commandes restent fortes, pour le vélo musculaire comme pour ceux à assistance électrique (VAE).
Ce dernier paraît très prometteur… mais pas tout de suite pour Mavic. « Pour le moment les acheteurs de VAE regardent la batterie, le look, le freins… mais n’accordent pas encore l’importance qu’il faudrait à la roue, qui est pourtant déterminante », analyse le président. Mavic mise donc sur la maturité du marché à moyen terme en créant « des produits qui répondent aux contraintes du marché urbain et aux évolutions sociétales sur l’environnement : résistance, solidité, capacité de charge importante mais aussi réparabilité. »
La société annécienne peut pour cela s’appuyer sur les développement déjà réalisés sur les roues de VTTAE, dont les derniers modèles ont été bien accueillis par la critique (lire ICI et LÀ).

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Vêtement et accessoires ? Mavic ne quitte pas le maillot

« Le soft reste une ambition à moyen terme », insiste Jean-Michel Bourrelier.
Depuis la reprise, le nouvel actionnaire s’applique à « se recentrer sur la roue », son cœur de métier historique. Avec à la fois l’ambition de développer de nouveaux produits et l’intention de simplifier sa gamme pour une meilleure lisibilité.
Mais une fois ce travail mené sur « le hard » (les matériaux durs), Mavic compte bien reprendre sa marche en avant sur le soft (vêtements et accessoires type casques, chaussures, gants, …), qu’il ne fait pour le moment qu’entretenir commercialement avec les produits déjà existants.
Dans le giron de Salomon (qui l’avait reprise en 1994), Mavic a bénéficié elle aussi de la « parenthèse » Adidas (propriétaire de Salomon et des ses filiales, donc Mavic, de 1997 à 2005) : l’équipementier allemand avait fait profiter les deux marques françaises de son savoir-faire en matière de textile et accessoires. Au point que Mavic, ces dernières années, en avait fait quasi une priorité… délaissant un peu trop la roue aux yeux de certains de ses clients.
« Nous sommes maintenant un acteur reconnu sur ce marché et nous n’avons donc aucune intention de l’abandonner », souligne Jean-Michel Bourrelier. Alors que la production des vêtements a déjà été recentrée sur « le bassin méditerranéen », Mavic travaille maintenant à rapprocher aussi la fabrication de ses accessoires en Europe, afin de moins dépendre de l’Asie : l’effet Covid et la pénurie de matière en cours, qui touche aussi les textiles techniques, n’y est sans doute pas pour rien.
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Un an après sa reprise par Bourrelier Group, Mavic remet donc « du braquet », tirée par une conjoncture favorable. L’entreprise est en train de se construire un nouveau siège social (Chavanod-Annecy) et de rétablir ses filiales commerciales à l’international, ce qui a déjà entraîné l’embauche de plus d’une cinquantaine de personnes ces derniers mois : sur ces différents aspects, retrouvez plus d’infos dans l’article paru dans Eco Savoie Mont Blanc du 24 septembre 2021 en version papier ou dans notre liseuse en ligne.
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