Vélo, vignoble, ambiance. Prenons la direction de Jongieux, dans l’avant-pays savoyard pour un petit tour bucolique à souhait.
Il se présente comme le plus occidental des Alpes et l’un des plus pittoresques de Savoie. Bien encadré par le mont de la Charvaz (1 150 m), la dent du Chat ou le mont Tournier, et blotti à quelques encablures du lit naturel du Rhône, le vignoble de Jongieux ne manque pas de cachet.
Lui qui s’étire sur quelque 300 hectares et cinq communes (Billième, Jongieux, Lucey, Saint-Jean- Chevelu et Yenne), à une quinzaine de minutes des deux lacs d’Aiguebelette et du Bourget, compte une vingtaine d’exploitations et peut même se flatter d’être classé au niveau national pour son côté pittoresque. Mais en toute discrétion…
Pour en percer les secrets, rien de mieux que de partir à vélo (musculaire ou à assistance électrique) sur l’un des quatre Chemins de l’Altesse (cf encart p.20) ; un itinéraire jalonné de pauses, spécialement créé il y a deux ans par l’office de tourisme de Yenne et que l’on peut parcourir en solo, en s’appuyant sur l’application Mhikes, ou encadré par un guide local. Cette option a notre préférence pour savourer au mieux le parcours et… se laisser porter !
Par les petites routes
« L’itinéraire routier compte une trentaine de kilomètres pour 760 mètres de dénivelés positifs. Il emprunte principalement les petites routes, traverse les cinq communes du cru Jongieux et croise une dizaine de caveaux partenaires chez qui les cyclistes peuvent faire une pause le temps d’un échange avec les vignerons, d’une dégustation…» , résume, avant le départ du centre de Yenne, Gaétan Rey, moniteur-guide de VTT et cofondateur de Cycl’OLac, à Chanaz.
Notre accompagnateur pour la matinée nous promet des paysages particulièrement variés, ponctués par quelques-unes des 36 maisons fortes que compte le territoire, et les kilomètres vont rapidement lui donner raison. On s’attarde ainsi tout d’abord près des marais des Lagneux, site naturel sensible entièrement réhabilité, et doté d’un observatoire pour apprécier au mieux le site.
Puis l’itinéraire rejoint Lucey, son château, sa belle cascade du Biez Blanc, bien cachée par une forêt de feuillus, ou encore son église, singularisée par son étonnant clocher à bulbe. La route se hisse jusqu’à Les Morainières, le restaurant du chef doublement étoilé Mickaël Arnoult avec un point de vue époustouflant sur le vignoble.
En toile de fond, les méandres du Rhône dans une mosaïque de parcelles mêlant vignoble, forêts, prés…. De belles échappées Nous sommes à mi-parcours. C’est le (bon) moment pour faire étape à Jongieux, à la cave du Prieuré, propriété de la famille Barlet et d’en apprendre un peu plus sur le vignoble. Ici, un tiers de la surface est notamment dédiée à la Roussette de Savoie, avec deux crus Monthoud et Marestel.
Quelque 200 000 à 220 000 bouteilles (15 vins différents) sont produites par an, autant en rouge qu’en blanc. L’occasion est belle de goûter, avec modération bien sûr, l’excellent Marestel avant de reprendre la route. S’ensuit une belle échappée avant de se hisser sur l’un des points forts du parcours : la chapelle Saint- Romain et sa belle vue, idéale pour le piquenique ; une chapelle qui croise aussi le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, entre Genève et le Puy.
L’itinéraire bascule alors dans une combe, au milieu d’une véritable mer de vignes avant de passer Billième puis Monthoux. Là, il rejoint Saint-Jean-de-chevelu et ses lacs entourés de marais à la forte valeur patrimoniale. Puis retour à Yenne où il fait bon s’attarder sur les bords du Rhône et visiter ce village qui abrite, dit-on, le secret du véritable gâteau de Savoie.
Les Chemins de l’Altesse, ce sont aussi trois autres balades au coeur des vignobles de Savoie Aix-les-Bains Riviera des Alpes : au départ de Seyssel (les Chevaliers de l’Altesse) ; de Motz (la vigne se raconte) et de Brison (la vigne se dévoile).
Détour pédestre à Jongieux
Découvrir les paysages viticoles de Jongieux-Marestel, c’est le but de la Boucle pédestre de Saint-Romain (7,7 km 190 m D +), au départ de l’église de Jongieux. Tout en offrant une immersion dans le vignoble, elle passe par l’église Saint-Maurice – dont les vitraux retracent des étapes clés du processus de développement de la vigne — et par le site de la chapelle Saint-Romain, avec sa vue imprenable sur le bassin de Yenne et le Rhône.
Détour gourmand à Yenne
La légende racontre que le gâteau de Savoie, dessert traditionnellement confectionné pour les fêtes familiales, les mariages et les grandes fêtes religieuses, a été inventé à Yenne (3000 habitants) par le maître queue du “comte vert”, Amédée Vl (1291-1343). La petite commune mérite donc un détour gourmand, mais pas seulement. Un itinéraire balisé de trois kilomètres, jalonné de panneaux informatifs, permet d’en découvrir les nombreuses curiosités architecturales et historique comme les passages, le canal de la Méline, le prieuré, le moulin des Chartreux… Au départ de la Maison de la Dent du Chat. Compter 1h30.
Détour pédagogique à St Jean-de-Chevelu
À cinq minutes de Yenne, le circuit pédestre et pédagogique des lacs et marais de Saint-Jean-de-Chevelu permet de découvrir la naissance des lacs, leur conservation et leur gestion, mais également l’utilisation ancienne des marais et leur lien étroit avec la vigne implantée tout autour et exploitée très tôt par les commis des anciennes maisons fortes. L’itinéraire passe par le château de Bergin, longe les coteaux viticoles de Billième… Départ de la base de loisirs des lacs. 6,9 km. Compter trois heures.
Hélène Vermare
Cet article est issu de notre magazine Naturez-vous Automne-Hiver 2024, disponible gratuitement ici >>
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