Après trois années, exceptionnelles, SOREA a redressé sa situation financière et investit dans de nouveaux développements. Les explications de son directeur général, Benjamin Simon.

Quel bilan faites-vous de l’année 2023 ?

Comme les deux précédentes, l’année restera exceptionnelle, en raison notamment d’un marché de l’énergie relativement haut. Nous devrions revenir à la normale en 2024, en sachant que la progression de notre chiffre d’affaires ne s’est pas faite au détriment de nos clients mais est liée à des mécanismes de marché. En 2019, l’entreprise, dont le cœur de métier est d’exploiter un réseau public de distribution d’électricité pour le compte des huit communes autorités concédantes, a opté pour un contrat d’approvisionnement, jusqu’à fin 2023, à prix fixe. Cette décision s’est avérée, in fine, intéressante par rapport aux niveaux de prix du marché de court terme observés ces deux dernières années. Le débouclage de nos positions lors des excès de couverture a encore accru cet avantage.

Quels ont été les investissements ?

En juillet, nous avons inauguré le poste source Henri-Deville, dont la construction avait été engagée en octobre 2020. En service depuis novembre, l’équipement dispose d’une puissance de 50 MW pour desservir principalement le bassin de Saint-Jean-de-Maurienne. Il pourra répondre jusqu’en 2050, et même au-delà, aux nouvelles demandes de raccordement. La hausse de la demande, liée en particulier aux activités touristiques et surtout à Telt, pour les chantiers du Lyon-Turin, nous a conduits à cette restructuration du réseau. L’investissement, qui s’élève pour Soréa à 8 M€, sera, en réalité, financé en grande partie par notre client Telt. À l’interface entre notre réseau et celui de RTE, qui transporte l’énergie, cet outil de travail de qualité va, par exemple, alimenter les bandes transporteuses utilisées pour l’évacuation des matériaux excavés.

La Soréa a traversé de fortes difficultés, mises en exergue par la chambre régionale des comptes. A-t-elle redressé la situation ?

En 2017, ce sont principalement des filiales qui étaient en difficulté. Leur cession a permis un retour à un endettement normal. La maison mère, dont le modèle est toujours resté solide, était impactée par les garanties qu’elle leur apportait. Les résultats de ces deux dernières années lui ont permis de reconstituer sa capacité d’autofinancement pour, ainsi, envisager de futurs investissements. Ce travail d’assainissement a été réalisé par le président Dominique Jacon et par mon prédécesseur Jean-Luc Demay, qui ont aussi structuré l’organisation, avec notamment l’instauration de garde-fous dans les prises de décision. Je suis arrivé en fonction en octobre 2023, à un moment où nous pouvons de nouveau nous projeter, de manière concertée et transparente, dans une période de développement.

Quelle est votre feuille de route ?

Je place l’année 2024 sous le signe du changement dans la continuité. J’ai à cœur d’aboutir à un projet d’entreprise défini collectivement avec les salariés, administrateurs et partenaires, pour Sorea et sa filiale Électricité de Savoie, définissant les grands enjeux pour 2025-2030. Nous allons poursuivre nos efforts pour apporter un service de qualité en termes de fourniture électrique et de services de proximité à nos 14 000 clients. Et renforcer nos engagements collectifs et individuels en matière de sécurité des biens et des personnes.

Quels sont les investissements en vue ?

Côté réseau, nous finalisons le calendrier pour le remplacement et le déplacement du poste source historique de Valloire. Deux grosses années d’études seront probablement nécessaires, suivies par quatre ou cinq ans de travaux, pour la réalisation du nouvel équipement, en bas dans la vallée, et la pose de lignes électriques souterraines qui le connecteront au réseau existant. Estimé entre 12 et 13 M€, ce projet industriel majeur est conduit en étroite collaboration avec RTE, qui est à l’origine du besoin. Il s’accompagne d’une restructuration du réseau, avec notamment l’enfouissement de lignes électriques.

Qu’en est-il de la production d’énergies renouvelables (EnR) ?

Nous exploitons dix centrales hydroélectriques pour le compte de tiers et trois centrales photovoltaïques dont nous sommes propriétaires. Ce parc représente une puissance installée de 20 MW. L’objectif est de maintenir un haut niveau de performance opérationnelle dans ces activités de production. Dès cette année, nous commençons à étudier d’éventuels nouveaux projets de production d’énergies renouvelables (photovoltaïque et hydraulique).

Des projets sont-ils déjà dans les tuyaux ?

Nous finalisons les études pour un parc photovoltaïque de 500 kWc à Saint-Rémy-de-Maurienne. Nous allons nous structurer en interne pour poursuivre et accélérer les études. Nos objectifs en matière d’installations EnR et de puissance installée seront probablement quantifiés dans le projet d’entreprise, ainsi que les investissements…

Et nous nous tenons prêts à répondre aux besoins du territoire en termes d’infrastructures de recharge pour véhicules électriques.

Où en êtes-vous du déploiement des compteurs Linky ?

Nous entrons dans la dernière phase de ce projet réglementaire engagé il y a cinq ans. Après une année de préparation et d’organisation, et quatre de travaux, nous allons très bientôt poser notre 10 000e compteur Linky. Ce déploiement, qui se déroule bien, nous permet de recevoir et traiter les données de consommation, avec une amélioration du service en termes de facturation. Nous avons encore une personne chargée des tournées sur une partie de son temps, mais qui est appelée à d’autres fonctions.

Quelle est l’activité de votre filiale Électricité de Savoie ?

Détenue à 100 % par Soréa, Électricité de Savoie (ex-Sowatt) est une filiale commerciale qui a vocation à proposer à des clients professionnels des offres de fourniture d’énergie basées sur le marché. Elle confie à Alterna Énergie son approvisionnement sur les marchés de l’énergie et l’équilibrage entre l’offre et la demande. Elle a l’ambition de maintenir et développer son portefeuille de 2 500 clients. Les professionnels installés dans les Savoie et en Isère peuvent donc faire appel à un fournisseur d’énergie de proximité, fiable et performant. Pour cela, Électricité de Savoie doit être mieux et davantage reconnue.

Les fournisseurs ont été pointés du doigt durant la crise de l’énergie….

Au plus fort de la crise, quand certains fournisseurs ont délaissé des clients qui devaient renouveler leur contrat, nous avons répondu présent et joué la carte de la proximité. Nous avons conseillé aux professionnels qui devaient renouveler leur contrat, dans cette période où les prix ont atteint des niveaux inexplicables, de ne pas s’engager sur des périodes trop longues. Certains ont suivi, d’autres non et ils pâtissent malheureusement de la situation sans que nous y puissions grand-chose. En revanche, ils peuvent avoir intérêt à regarder leur contrat d’énergie maintenant que la situation est revenue à un niveau raisonnable.

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CV express

2003
Insa Lyon (ingénieur génie électrique)

2009
Commission de régulation de l’énergie

2010
GRT Gaz (chargé d’affaires)

2014
Storengy (responsable achat et vente énergie)

2018
GRDF (chef du programme mobilité durable Ouest

2023
Soréa et Électricité de Savoie (directeur général)

SOREA

Président : Dominique Jacon
Directeur général : Benjamin Simon
Siège social : Saint-Julien-Montdenis
Effectifs : 40 personnes
Chiffre d’affaires : 19,4 M€ en 2022, pour un résultat net de 3,6 M€ (13,3 M€ en 2021, pour 1,6 M€ de RN)

Électricité de Savoie

Chiffre d’affaires : 43 M€ (en 2022)
Résultat net : 4 M€
Effectifs : environ 9 personnes

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Propos recueillis par Sophie Boutrelle
Crédit photo : Bouquet/Soréa