Atmo vient de dresser le bilan de la qualité de l’air dans la région pour 2022. La situation s’est détériorée pour l’ozone et les microparticules. Elle s’améliore légèrement pour le dioxyde d’azote.
Association loi 1901 chargée d’examiner la qualité de l’air, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes a dressé, jeudi 27 avril, son bilan de situation 2022. L’année est qualifiée de « chaude », ce qui a entraîné de nombreux incendies, une sécheresse des sols très prononcée et des pics de pollution plus présents.
Les microparticules de moins de 10 et de moins de 2,5 microns (PM 10 et PM 2,5) ont augmenté, à la grande surprise de Didier Chapuis, directeur des actions d’Atmo Aura : « On s’attendait à une baisse de la pollution, mais il y a eu peu de pluviométrie, donc une présence plus importante de particules. De plus, le renchérissement des coûts de l’énergie a incité les populations à utiliser le chauffage au bois : c’est un combustible moins cher, mais aussi moins bon pour l’environnement. »
Pour ce bilan 2022, Atmo a segmenté la région en quatre typologies de territoires, examinant à la fois leur situation et les pistes d’amélioration. D’abord les grandes métropoles de plus de 150 000 habitants, telles que Lyon, Grenoble, Saint-Étienne mais aussi Annecy et même la partie française du Grand Genève (autour d’Annemasse).
En ce qui concerne l’ozone (O3), particule qui ralentit la croissance des végétaux et la biodiversité, sa concentration a augmenté de 18 % en quinze ans. Après quatre années d’amélioration, 2022 marque une nette dégradation de la situation. En revanche, les niveaux de pollution au dioxyde d’azote (NO2) sont restés stables, malgré une augmentation du trafic routier de 10 % par rapport à l’avant-covid (25 % sur l’été).
Les habitants des villes surexposés
Elles regroupent 3 millions d’habitants. Dans ces pôles économiques, le transport multimodal est utilisé davantage, tout comme le chauffage collectif. Pourtant, 93 % des habitants sont exposés à des concentrations de NO2 supérieures aux recommandations sanitaires de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pire : les émissions de NO2/km² sont quatre fois plus importantes que dans les autres types de territoires… même si les émissions par habitant sont deux fois moins élevées que la moyenne régionale.
Atmo préconise donc de réduire encore le nombre des véhicules les plus polluants et de favoriser l’utilisation des transports en commun. Mais aussi de rendre les bâtiments moins énergivores. Deuxième type de territoire : les villes moyennes, de 50 000 à 150 000 habitants (Pays de Gex, Bas-Chablais, “croissant” allant de l’Albanais à Albertville). Elles génèrent plus de dioxyde d’azote : dans les déplacements, en raison de l’éloignement des activités économiques par rapport aux zones d’habitation ; mais aussi via le chauffage, car l’habitat y est à la fois plus dispersé et plus individuel.
Au final, les émissions d’oxydes d’azote (NOX) par habitant sont deux fois plus élevées dans ces villes moyennes que dans les grandes agglomérations. Et pour les particules fines, c’est même trois fois plus, avec, pour conséquence, « 4 300 décès attribuables chaque année à la pollution dues aux PM 2,5 », rappelle Atmo, qui formule les mêmes préconisations que pour les métropoles, avec, en plus, un recours plus fréquent au télétravail.
Réduire l’autosolisme
Troisième type de zone : « les territoires sensibles » (Chablais, Aravis, Avant-Pays savoyard, Maurienne et Tarentaise). Ils représentent près de la moitié de la superficie d’Aura. Dans ces territoires, la pollution de l’air aux particules fines est surtout liée au chauffage au bois, mais également à l’agriculture. Au niveau des gaz à effet de serre (GES), le transport routier (30 % des émissions) devance, là encore, l’agriculture (24 %).
En ce qui concerne les pistes d’amélioration, elles résident, selon Atmo, dans le renouvellement des appareils de chauffage et, pour la mobilité, dans la réduction de l’autosolisme. Enfin, les « territoires préservés » (Haute-Maurienne, Vanoise) regroupent peu d’habitants et représentent 20 % de la superficie d’Aura. Les émissions de NO2 par habitant y sont supérieures à la moyenne régionale. L’agriculture génère 49 % des émissions de NOX et 58 % des GES. Améliorer ses pratiques (moins d’engrais et pesticides) constituerait donc un efficace levier d’amélioration.
Léa Chalvet








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