Savoie : à La Léchère, le projet Ugi’Ring inquiète les habitants

par | 14 mars 2024

L’enquête publique relative à l’installation, à Château-Feuillet, d’une usine de revalorisation des déchets industriels d’Ugitech et de piles alcalines et salines a fait ressortir de nombreuses inquiétudes. Ugi’Ring fait le point.

Dans l’immensité de l’ex-site Ferropem de Château-Feuillet, à La Léchère, seules sept personnes travaillent à temps plein. Des chargés d’affaires qui préparent les investissements que, demain, Ugi’Ring espère pouvoir faire sur ces 8 hectares, dont 39 000 mètres carrés de bâtiments. 90 millions d’euros d’investissement très précisément. L’enjeu est à la mesure des lieux et est désormais fragilisé par l’inquiétude des habitants de la commune et des alentours.

L’enquête publique sur ce projet de création d’une unité industrielle de valorisation de piles alcalines et salines (mais pas des piles au lithium) et de co-produits métalliques industriels (dont les déchets issus des usines d’Ugitech) pour la production de ferro-alliages par pyrométallurgie, a débuté le 5 février et doit se terminer le 17 mars.

Le 12 février, la direction d’Ugi’Ring (structure détenue à 91 % par Ugitech et le groupe Swiss Steel) a tenu une réunion publique au cours de laquelle de nombreuses interrogations ont été exprimées. Un collectif d’habitants s’est créé dans l’urgence.

30 000 m3 : c’est la future consommation annuelle d’eau brute (puisée dans la nappe phréatique) d’Ugi’Ring, soit l’équivalent de la consommation de 500 habitants.

Volonté de transparence

« Nous voulons être clairs et transparents », réaffirmait mardi Frédéric Perret, président d’Ugi’Ring, à l’occasion d’une conférence de presse. Il rappelait d’abord que ce projet sera totalement inédit, visant à créer la première aciérie circulaire au monde. A terme, il vise à limiter les approvisionnements primaires du site d’Ugine en ferro-alliages de plus de 90 %.

« Il contribue à la souveraineté des approvisionnements français, insistait-il, en sus de réduire drastiquement la génération de déchets non ou mal valorisés à ce jour. Il aura un impact positif sur nos émissions de CO2 et réduira l’extraction minière. »

Il donnera en outre à Ugitech, avec des aciers issus du recyclage, une longueur d’avance sur un marché très concurrentiel. « Mais, poursuivait-il, innovant ne signifie pas expérimental. Tous les outils et process que nous utiliserons ont déjà fait leurs preuves dans le domaine de la pyrométallurgie. »

Frédéric Perret, président d’Ugi’Ring (2e à gauche), aux côtés de Pierre Meinder, ingénieur environnement, Freddy Hutteau, responsable projet et Frédéric Bernard, directeur de site (1er à droite).

Les habitants, quant à eux, sont d’abord alarmés par le classement du site en Seveso seuil haut. « Cela interpelle à juste titre, commente-t-il. Ce classement est uniquement dû à la quantité théorique maximale des matières premières stockées pour valorisation. »

Le danger qui a été identifié est un risque de pollution pour le milieu aquatique en cas de dispersion de ces coproduits de manière longue. « Mais ces matières pulvérulentes seront transportées dans des camions bâchés puis stockées dans des silos », rassurait-il. Il n’y a donc pas lieu de mettre en place une zone de confinement en externe, « ni d’impact sur les populations lié à ce classement ».

L’ex-site Ferropem a des allures quelque peu fantomatiques.

Beaucoup de questions portent sur les risques sanitaires. La hauteur des 4 futures cheminées (33 mètres), et leurs rejets posent question. Pour leur taille, Ugi’Ring ne fait que se conformer à la réglementation. Les émanations provenant du four subiront quant à elles une filtration en 4 étapes et seront régulièrement contrôlées par des laboratoires accrédités et par la police de l’environnement.

« Nous proposons en plus de mettre en place une surveillance par Atmo Auvergne Rhône-Alpes, comme nous le faisons déjà à Ugine. » Quant à la consommation humaine et animale de végétaux dans un rayon de 6km autour de l’usine, « elle ne présentera pas de danger ». L’Agence régionale de la santé a donné un avis favorable sur les conclusions de l’étude de risque sanitaire. « Aucun impact potentiel sur les populations n’est à souligner. »

L’usine, que Frédéric Perret espère voir démarrer fin 2025, emploiera 50 personnes au départ et 110 à terme. Rien ne dit cependant que le calendrier pourra être tenu. L’enquête publique pourrait être prolongée à la demande du collectif d’habitants et surtout, des recours pourraient être déposés au Tribunal administratif après la promulgation de l’autorisation préfectorale.

« Ne pas faire ce projet pourrait avoir, à moyen et long terme, des impacts négatifs sur Ugitech », prévient-il tout en redisant sa volonté de « donner une information circonstanciée et transparente et de répondre à toutes les questions, sans botter en touche ».

Devant l’entrée, l’avis d’enquête publique pourrait être prolongé si la commissaire enquêtrice le décide. Copyrighy : Sylvie Bollard

Deux risques d’incident identifiés

Deux types d’incidents ont été identifiés. Le premier est un risque d’explosion dû à la présence d’eau et de métal liquide dans le four de 20 tonnes. Le second est lié au gaz (stockage et livraison) pour lequel une arrivée partagée avec Tokai Cobex Savoie est prévue en 2026. « En cas d’explosion dans le four, il pourrait y avoir des effets mineurs de surpression sur des maisons proches, détaillait le président. Pour les habitations existantes, rien n’est à prévoir. En cas de nouvelle construction, il sera demandé d’installer des fenêtres tenant à ce niveau de surpression, 20 mbar, ce qui est le cas des standards du marché. »

Pour aller plus loin :

Étude INRS : mise en évidence du risque chimique associé au retraitement des piles alcalines / salines et caractérisation de leur composition organique et minérale

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