L’affacturage au secours des trésoreries

par | 08 juin 2017

BNP Paribas, l’UIMM de l’Ain, Pacte PME et l’EM Lyon se sont associés pour promouvoir cette solution dont les outils ont évolué.

« Quatre entreprises sur 10 se déclarent nettement impactées par les retards de paiement et trois sur 10 par les impayés. Pour 70 % des entreprises, cela met en péril leur activité », indique Bozana Douriez, directrice de BNP Paribas Factor, sur la base d’une étude conduite, notamment auprès des membres de l’UIMM de l’Ain. Aussi, la banque, l’organisation professionnelle, Pacte PME et l’EM Business School de Lyon organisaient, lundi 29 mai, sur le campus de l’école, un événement intitulé « Leviers de croissance et de compétitivité ». À un speed meeting où les chefs d’entreprise pouvaient rencontrer des experts pour un diagnostic et un accompagnement personnalisé dans l’optimisation de leur trésorerie, succédait une conférence autour des solutions d’affacturage. « Des outils trop souvent méconnus des entreprises, alors qu’ils ont beaucoup évolué », observe Jean-Pascal Birvady, professeur d’économie et finances de l’EM Lyon.

Dégager des fonds

« J’étais anti-factor et j’ai épuisé toutes les solutions de recherche de trésorerie, avant d’expérimenter l’affacturage, a témoigné Jean-Michel Lignier, dirigeant de DSA Devraine (électricité et automatismes industriels à Brignais). Nous travaillons dans un secteur où les marges sont tendues et où les durées de projet peuvent s’étaler sur trois à six mois. Nos activités nécessitent des investissements lourds et un fonds de roulement important. De plus, j’ai repris en 2014, Ately, une société en dépôt de bilan qui devait reconstituer sa trésorerie. J’étais devenu un sportif de la recherche de financements. Trois freins m’empêchaient de me tourner vers l’affacturage, la crainte de lourdeurs administratives, le coût et l’image. Aucun ne s’est révélé exact. Le système présente une vraie facilité d’utilisation et les coûts ne sont pas si importants. »

Affacturage, témoignages

Trois dirigeants d’entreprise, Laurent Florentin, Jean-Michel Lignier et Marc Aumont, ont témoigné de leur recherche de trésorerie et des avantages du factoring

Fondateur de Néo-Soft (services numériques) et président de Sec-IT Solutions (sécurité informatique), Laurent Florentin affirme avoir trouvé dans l’affacturage, un moyen de financer sa croissance facilement et de consacrer l’argent de l’entreprise « à autre chose que de financer le poste client ». « Cette solution permet de confier la relance des paiements à des spécialistes et de se consacrer au développement de sa boîte. »

Pour Marc Aumont, directeur général de Véhixel (carrosserie industrielle à Attignat), le factoring s’est révélé une véritable planche de salut. « Nous avons pu dégager 8 M€ pour financer notre R&D, sur des sommes jusqu’alors consacrées à la gestion du poste client. Nous avions par le passé, 15 ans pour rentabiliser une gamme de véhicules, quand il ne s’est écoulé que quatre ans entre les normes Euro 5 et Euro 6. Il nous fallait renouveler intégralement les gammes avant le 1er janvier 2015. Au-delà, il nous était interdit de vendre nos précédents modèles. Un véritable arrêt de mort pour une entreprise comme la nôtre. La preuve, nos concurrents ont disparu ou sont devenus importateurs. Pour obtenir un financement classique, il aurait fallu attendre le bilan, le rapport du commissaire aux comptes… L’affacturage s’est révélé la solution la plus adaptée. »

Se projeter

Les délais de paiement sont le premier motif de saisine de la médiation des entreprises, note son directeur général, Nicolas Mohr, pour qui les retards de règlement rendent difficile pour les entreprises de se projeter en matière de trésorerie. « Le factoring représente une réponse opérationnelle à cette problématique, un moyen d’améliorer la confiance entre les PME et leurs clients publics et privés, de lever les incertitudes », considère-t-il donc.

Reste à gagner la bataille de l’image. « Un énorme travail a été conduit, au niveau tarifaire, en termes de lisibilité et de simplification, au niveau de la communication, à travers des rencontres comme celle de ce lundi 29 mai, ou l’édition de guides », relève Patrick de Villepin, directeur du factoring du groupe BNP Paribas.


D’autres outils

La médiation des entreprises a développé ses propres outils d’amélioration des pratiques d’achat, avec la charte et le label Relations fournisseur responsables. Quant à l’UIMM, elle s’est carrément attelée, avec Somudimec, à créer des solutions d’ingénierie financière pour accompagner ses adhérents, « parce qu’il nous est apparu que les besoins en la matière étaient importants, justifie Marie-Hélène Lebranchu, déléguée générale de l’UIMM 01. Nous intervenons sur des financements à court, moyen et long terme ».


Un guide du financement

Guide du routard du financementPrésidente d’honneur de l’ordre des experts-comptables Paris-Île de France, Agnès Bricard vient d’éditer un Guide du routard du financement. Celui-ci comporte notamment des fiches où sont définis différents profils d’entreprises, depuis la création jusqu’à une introduction en Bourse, avec pour chacun des cas de figure, les solutions les plus adaptées. Il classe également les financements bancaires par besoins, s’intéresse aux financements non bancaires et aux financements européens, s’attarde sur les garanties sous forme de cautionnement mutuel et indique quelles pièces fournir dans son dossier. De quoi permettre à chacun de « trouve[r] le financement qui [lui] ressemble ».


En chiffres

15 000
C’est le nombre de défaillances provoquées annuellement par les retards de paiement

25 %
Les retards de paiements sont à l’origine de 25 % des faillites.

60
Deux tiers des factures sont réglées plus de 60 jours après leur émission.


Quand les grandes entreprises accompagnent les PME

Avec les solutions d’affacturage inversé, les donneurs d’ordres et leurs fournisseurs fonctionnent en mode projet.

Pour témoigner des solutions de reverse factoring, la conférence sur les leviers de croissance et de compétitivité a diffusé des vidéos d’EDF et de l’un de ses fournisseurs. « Le fournisseur passe un contrat avec un factor. Ensuite, chaque fois qu’il émet une facture, nous réceptions, nous la validons et nous la mettons à disposition sur la plateforme de l’affactureur. Le fournisseur n’a plus qu’à cliquer pour se faire payer, moyennant une microcommission. Enfin, nous remboursons le factor à l’échéance de la facture. C’est un fonctionnement en mode projet où les différents intervenants travaillent ensemble. L’entreprise retravaille ses process et les fournisseurs font très attention à la qualité de leurs factures pour une validation et un paiement plus rapides », raconte l’électricien. « Nous fabriquons des transformateurs de moyenne et de grande puissance, rapporte JST (Lyon, 300 personnes). La particularité de notre activité est que nous n’émettons pas des factures, mais des situations qui n’étaient pas prises en charge par notre ancien factor. Aujourd’hui, elles peuvent être financées, sitôt qu’elles ont été validées par EDF. Nous sommes libres de les encaisser ou non, en fonction de nos besoins. Cela permet de sécuriser nos encaissements et de fiabiliser nos évaluations de trésorerie. »

Pour Nicolas Mohr, directeur général de la médiation des entreprises, l’affacturage présente un des potentiels les plus importants de fiabilisation des comptes des PME, « à condition que ces outils soient collaboratifs et avantageux pour tout le monde ». Aussi, il estime que tout l’intérêt du système proposé par EDF réside dans le libre choix, pour le fournisseur, de faire financer ou non sa facture, et dans la rapidité du paiement. Et celui-ci de noter la mise en place par l’Ugap, la centrale d’achats de l’État, d’une solution du même ordre « qui commence à bien fonctionner ». François Perret, directeur général de Pacte PME, juge pour sa part que les grands groupes — souvent réputés pour mal payer leurs fournisseurs, tiennent là un moyen d’améliorer leur image.


Par Sébastien Jacquart

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Découvrez également :

Aéro Traitements Solutions : drones agricoles en approche

Benoît Pinget, 37 ans, vient de créer sa société Aéro Traitements Solutions, spécialisée dans le nettoyage et démoussage des façades et toitures par drone. Mais il aura bientôt la possibilité d’assurer l’épandage de produits phyto­sanitaires agricoles : les décrets...

LIRE LA SUITE

L’UIMM 74 pointe une industrie « sous tension »

Le syndicat patronal haut-savoyard de la métallurgie vient de présenter sa note de conjoncture trimestrielle. Corroborant les résultats des autres enquêtes de conjoncture déjà présentées, celle réalisée par l’UIMM 74 auprès de ses adhérents n’est guère plus...

LIRE LA SUITE

Transport : Salesky2Savoie n’a pas froid aux yeux

La dernière-née des filiales du groupe de transport Salesky a récemment inauguré son bâtiment à Clarafond-Arcine. A quelques tours de roues de l’entrée de l’autoroute, le bâtiment flambant neuf de Salesky2Savoie, à Clarafond-Arcine (74), a été pensé pour que le...

LIRE LA SUITE

Publicité