Quand on pense revitalisation des centres urbains, on pense commerce. Mais est-ce vraiment la seule piste ?
« La crise sanitaire a renforcé les difficultés du prêt-à-porter, mais elles étaient déjà là. Il faut imaginer de nouveaux usages pour les boutiques de rez-de-chaussée », a observé Philippe Bras, chargé de mission de la Communauté d’agglomération du bassin de Bourg-en-Bresse (CA3B), à l’occasion des Rencontres du possible organisées par le Pôle territorial de coopération économique (PTCE) Bourg-en-Bresse Dynamique Solidaire, jeudi 26 novembre. Un rendez-vous qui déclinait la thématique de l’année « Entreprendre autrement », par une réflexion sur « les nouveaux modèles pour entreprendre en centre bourg » (lire notre édition du 3 décembre).
Ainsi quand certains habitants de Trévoux ont découvert, en juillet 2016, que la librairie La Plume Rouge s’apprêtait à fermer, ils ont décidé non seulement de la reprendre via une Société coopérative d’intérêt collectif, mais d’en élargir le champ. « Nous voulions proposer autre chose qu’une simple librairie aux habitants, exposer les œuvres d’artistes locaux, en faire un lieu ouvert sur l’art et la culture en général, un lieu de rencontres. Ce qui est aussi un moyen d’attirer des gens éloignés de la lecture », raconte Sophie Davy, présidente de la SCIC.
Action citoyenne
Élisabeth Brazier-Chassagne, elle, a fondé l’Atelier Fica, à Meximieux. « Je voulais avoir sur mon territoire de vie, une action collective et solidaire. Je souhaitais agir, mais pas seule, retrace-t-elle. Quand j’ai parlé autour de moi de l’idée de créer une association pour porter des projets locaux, celle-ci a d’autant plus vite fait son chemin qu’il n’existe pas de structure d’échange social, localement. Notre logo représente une tasse à café dans laquelle pousse une plante. Il illustre ces temps d’échanges dont on ne sait pas ce qu’il peut émerger. L’idée, c’était aussi de créer de l’emploi grâce à cette association, tout en conservant une gestion citoyenne. Cela a été l’un de nos principaux enjeux, depuis notre création, il y a trois ans. Parmi nos actions concrètes, nous avons monté des ateliers de partage de savoir-faire, autour de la cuisine ou du travail du bois, ce qui permet de mutualiser des matériels comme la ponceuse. Et nous avons également un jardin partagé. Cet espace extérieur nous a permis maintenir du lien, même pendant le confinement. Et cela nous a confortés dans l’idée qu’il ne faut pas tout miser sur un lieu, pour renforcer notre résilience. Nous sommes allés à la rencontre des gens, avec nos masques et nos visières, pour les interroger sur leurs besoins. Même quand nous aurons un local, il faudra poursuivre ce genre de démarches. »
Action politique
Un local, c’est souvent le nerf de la guerre pour implanter une nouvelle activité, quelle qu’elle soit. Les collectivités disposent de différents leviers, à commencer par celui des documents d’urbanismes qui peuvent interdire le changement de destination des boutiques de rez-de-chaussée, évitant qu’elle ne devienne des garages ou des habitations. Il ne saurait être le seul. « Il faut aussi des moyens d’accompagnement et une action en marketing territorial pour attirer des prospects », conclut Phlippe Bras.
Par Sébastien Jacquart
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