A l’occasion de la crise sanitaire, les entreprises ont majoritairement su s’adapter. La CCI de l’Ain leur propose de capitaliser sur cette expérience, pour se forger une culture de la sécurité et de la résolution de problèmes.
Et si la crise sanitaire actuelle était l’occasion pour les entreprises, d’acquérir une culture de la sécurité ? C’est en tout cas le pari de la Chambre de commerce et d’industrie de l’Ain qui organise ces temps-ci (le prochain aura lieu le 26 mai), des webinaires sur le thème : « Réalisez des retours d’expérience (retex) pour analyser vos décisions ».
« Le retex est une démarche professionnelle structurée qui permet de partager à partir d’une expérience vécue et d’apprendre à partir de la compréhension a posteriori de cette situation, décrit le commandant Martial Foissotte, sapeur-pompier professionnel mis à disposition de la CCI par le Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de l’Ain. Dans cette phase épidémique, il va vous permettre, par exemple, d’analyser la stratégie globale de continuité d’activité mise en œuvre par l’entreprise ou, plus modestement, de cibler un axe particulier, comme une commande de masque ou l’organisation d’un chantier. » Mieux vaut, en effet, commencer petit. Car l’enjeu sera de maintenir un rythme régulier sur la remontée des tableaux de bord des actions correctives, d’être tenace et persévérant avant d’en voir les résultats.
Identifier les difficultés et les bonnes pratiques
Un pilote de la démarche doit bien entendu être désigné. Sa mission : alléger la fonction d’arbitrage de la direction générale et rendre lisible les objectifs transverses. « Le retex doit être porté par une volonté hiérarchique et être réalisé dans un climat de confiance réciproque et de culture partagée. Il nécessite une prise de conscience individuelle et collective des vulnérabilités, précise encore le Commandant Foissotte. Chaque acteur est considéré comme une source d’information potentielle, sa liberté de parole est respectée et les enseignements issus du traitement croisé et objectivé des informations recueillies lui seront transmis, l’objectif étant le renforcement de la cohésion et l’amélioration du fonctionnement de l’entreprise. Il s’agit de cultiver l’esprit critique, de chercher à comprendre la situation et non pas à désigner un responsable. La pratique du retex permet de partager la connaissance issue du sujet traité, de susciter une réflexion collective, d’objectiver les décisions prises, d’identifier les difficultés et les bonnes pratiques, de renforcer les liens transversaux entre l’entreprise et ses partenaires, d’instituer une culture d’organisation apprenante ou encore, de montrer la volonté de transparence et de réactivité de l’organisation… »
Les objectifs déterminés, il convient d’identifier les acteurs à associer à la démarche. « Cela ne veut pas dire que tous participeront aux réunions, mais il faut prendre garde de n’oublier personne. Omettre un acteur peut altérer l’analyse globale, limiter le plan d’action retenu et le renforcement global de la réponse », prévient le commandant.
Décliner la démarche
L’organisation du retex (le nombre, la régularité et la forme des réunions, le choix des personnes consultées, le format des échanges, puis de la restitution, etc.) dépendra de deux paramètres : d’abord, la gravité réelle ou potentielle de l’événement analysé en termes de perturbations de l’organisation ou de ses conséquences, ensuite, son occurrence. La crise sanitaire est un événement tout à fait exceptionnel, donc faible en termes de récurrence, mais particulièrement impactant en termes d’organisation, ce qui la classe, évidemment, dans les événement de gravité forte. Ceci étant, même les presque accidents, incidents anodins dont l’occurrence n’est pas nécessairement importante non plus, peuvent faire l’objet de rendez-vous retex réguliers. Fort de son expérience à la centrale nucléaire du Bugey, le Commandant Foissotte assure que 80 % des résolutions de problèmes sont issues de leur analyse.
L’accompagnement de la CCI
Le webinaire de la Chambre de commerce sur le retex s’inscrit dans une opération cadre « culture sécurité » menée avec le Sdis de l’Ain. Ce partenariat, qui constitue une première en France, part du « constat commun de la nécessité d’accompagner les entreprises dans l’amélioration de leur sécurité et la pérennisation de leur site », justifie Bertrand Glaizal, directeur du service développement des entreprises de la CCI de l’Ain. « Deux sinistres sont déclarés chaque semaine dans les entreprises du département, relève-t-il. Et 70 % des entreprises victimes d’un sinistre majeur disparaissent dans les six mois qui suivent. Il s’agit donc de les aider à mieux anticiper et maîtriser les risques. » La CCI leur propose un parcours d’accompagnement complet, qui commence sur le site web de la Chambre, avec des autodiagnostics gratuits et confidentiels en cinq minutes et une dizaine de questions. Suivent des ateliers collectifs basés sur le partage d’expérience et la diffusion de bonnes pratiques, des diagnostics en entreprise réalisés par un sapeur professionnels et un accompagnement sur mesure pour atteindre les objectifs définis.
Par Sébastien Jacquart
Légende photo : Les sapeurs pompiers sont coutumiers des retex, ces retours d’expériences qui permettent de voir ce qui a bien fonctionné ou non en intervention et de réviser les procédures.
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