La chambre de métiers et de l’artisanat régionale a voté, le 28 novembre, en faveur d’une réduction d’effectif. La faute à l’austérité budgétaire ? La CFDT, organisation majoritaire, s’inscrit en faux…
Un courrier adressé à la ministre Olivia Grégoire, cosigné par 23 députés de la région Aura, évoque « un déficit financier de 3 M€ » pour la chambre de métiers et de l’artisanat Auvergne-Rhône-Alpes (CMA Aura).
Ce déficit justifierait la suppression d’une vingtaine de postes dans certains départements, dont la Savoie et la Haute-Savoie. Vingt postes sur un total de 680 agents, une broutille ? Pas pour Vincent Hervier, représentant CFDT CMA 74, vent debout contre le projet de Vincent Gaud, le président de la CMA régionale : « Pour nous, la CMA Aura n’est pas en déficit. Il y a encore d’importantes marges de manœuvre budgétaires… Sans compter que, sur le plan moral, on ne peut pas licencier une vingtaine d’agents et, dans le même temps, augmenter l’indemnité du président de 47 %*. »
Sur la méthode, la CFDT s’offusque : « Certains éléments en notre possession étayent la thèse selon laquelle certains agents ont été ciblés nommément, notamment en Savoie et Haute-Savoie… »
Isabelle Guillaud, présidente de la CMA Savoie, réfute ces allégations : « Nous ne parlons pas de salariés mais de postes, ce qui n’est pas la même chose. Sinon cela voudrait dire qu’il y a des noms, et ce n’est pas le cas. » Elle insiste sur le fait que « depuis la régionalisation, l’employeur des salariés de Savoie, c’est la chambre de métiers Auvergne-Rhône-Alpes ».
Mutisme en Savoie Mont-Blanc
Parmi les pions avancés par la CFDT, toutefois, un courriel intitulé « Adaptation de la masse salariale aux projets stratégiques de la CMA dans un contexte tendu », stipule bien : « la liste des agents titulaires pressentis (prénom, nom, emploi occupé). »
Côté Haute-Savoie, Benoist Balay, directeur territorial, observe un même mutisme : « Vous avez dû recevoir une réponse officielle de la CMA Aura. À ce stade, tout y est et je n’ai pas d’éléments complémentaires à ajouter. »
La chambre régionale a effectivement répondu par écrit à nos demandes : « À ce stade, sont prévus dans la grille des emplois de la CMA Auvergne-Rhône-Alpes des suppressions d’emplois, des titularisations, des promotions. Cette grille ainsi modifiée doit faire l’objet d’une approbation par la préfecture de région à la suite de son adoption à l’assemblée générale de la CMA Auvergne-Rhône-Alpes, le 28 novembre 2023. »
Alors que la préfecture a deux mois pour statuer après la remise du rapport par la CMA, la CFDT promet de ne rien lâcher : « Ce qui nous choque, poursuit Vincent Hervier, c’est que l’État, par l’entremise du préfet de région, a aidé la CMA Aura à hauteur de 550 000 euros, et le réseau chambre de métiers national lui a attribué 1,13 M€ au titre de la solidarité territoriale. De surcroît, nous avons proposé un plan alternatif, avec de nombreuses solutions qui ne coûtent pas un euro d’argent public grâce à des dispositifs comme la retraite anticipée, la cessation progressive d’activité ou la mise en disponibilité des agents. C’est d’autant plus incompréhensible qu’en parallèle, 19 postes sont en recrutement à la CMA Aura… »
*L’assemblée générale du 28 juin 2022 a voté, pour le président, des indemnités de fonction fixées à 1 230 points d’indice mensuels, soit 6 400 € brut.
10% des emplois menacés dans les CCI
Marc Beggiora, président de la CCI Savoie, décrit une situation alarmante : « Les CCI vont perdre de nouveau 100 millions d’euros de dotations de l’État, c’est la punition du 49-3 de la loi de finances. Nous allons être obligés de supprimer 1 400 postes sur 14 000 agents en France, soit 10 %. Nous tenterons de faire au mieux entre les départs à la retraite, les non-remplacements… D’autres seront volontaires pour quitter leur poste. Nous savons que nous devons ajuster la masse salariale à nos possibilités. Je pense que les difficultés des CMA sont encore plus importantes : elles avaient été moins chahutées que les CCI grâce au lobbying. »
Marc Beggiora convient toutefois : « L’État est en déficit, et comme nous sommes des établissements publics gérés par des entreprises, il est normal de fournir des efforts pour baisser les charges. De toute façon, ce sont les parlementaires qui décident. Et si vraiment nous n’y arrivons pas, nous donnerons les clés à monsieur le préfet. Je l’ai déjà prévenu : nous sommes des bénévoles ; si l’État veut s’occuper des CCI, qu’il s’en occupe. »
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