Eau & Soleil du Lac travaille à la remise en état de la microcentrale hydroélectrique du Nant Varon, qui alimentait autrefois une papeterie.

La reconstruction de la microcentrale électrique du Nant Varon, qui figurait parmi les projets de l’équipe municipale élue en 2020 au Bourget-du-Lac, est en bonne voie. « Ce cours d’eau, qui prend sa source dans le hameau de La Roche-Saint-Alban, présente un potentiel hydraulique intéressant. Il permettrait de produire environ 1 500 MWh par an, en complément d’autres sources de production d’énergie renouvelable comme le solaire photovoltaïque », rappelle le maire, Nicolas Mercat.

La commune a signé, fin 2021, une convention avec la centrale villageoise Eau & Soleil du Lac (ESL)*, qui a étudié les différentes possibilités de remise en fonction de l’installation. « Notre équipe bénévole comprend des spécialistes de l’hydroélectricité, habitués à travailler sur des projets qui ont du sens : socialement acceptables, répondant à des enjeux environnementaux raisonnés et raisonnables », souligne Benoit Badin, le vice-président d’ESL.

Optimiser l’installation

Loin d’arriver en terrain conquis, la centrale villageoise multiplie les échanges avec les parties prenantes (Cisalb, Grand Lac, direction départementale des territoires, Office français de la biodiversité, propriétaires fonciers, fédération de pêche, etc.), « afin de comprendre les spécificités du site et de faire émerger les solutions maximisant les bénéfices partagés du projet ».

À l’arrêt depuis une cinquantaine d’années, l’aménagement du Nant Varon date de 1884 et alimentait, à l’origine, la papeterie du hameau de La Roche-Saint-Alban, située 50 mètres au-­dessous de la prise d’eau. L’option technique retenue pour optimiser le potentiel de production, réduire les coûts, faciliter les travaux, limiter les impacts environnementaux, prévoit une prise d’eau au même endroit.

La conduite forcée suivrait approximativement le même chemin que l’historique, mais resterait en rive droite pour rejoindre la nouvelle implantation de la centrale, entre la route et le Varon. Une isolation phonique performante et des pièges à sons installés sur le bâtiment permettraient une bonne cohabitation avec les habitations voisines. ESL précise que l’accent sera mis sur l’intégration paysagère de la conduite forcée, qui sera enterrée ou recouverte sur la majeure partie de son linéaire.

Partage d’expériences

Le dossier, déposé fin janvier 2025 auprès de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), a abouti à une décision de la préfecture de la région estimant que la réalisation d’une étude environnementale n’était pas justifiée. ESL, qui finalise les recherches portant notamment sur la conception de l’usine, l’acoustique et les débits réservés, espère parvenir à une autorisation du projet fin décembre 2025. « Au 31 décembre, les dispositifs légaux changeront pour les aménagements de cette puissance et deviendront un peu plus compliqués », précise Benoit Badin.

La microcentrale hydroélectrique du Nant Varon pourrait entrer en chantier en mars 2026, en vue d’une mise en service en décembre 2026 pour une durée d’exploitation d’au moins quarante ans. De par son originalité, elle vaut à ESL de figurer parmi les trois collectifs citoyens choisis pour partager leurs expériences au sein du programme européen Ecoempower, lancé dans six pays en septembre 2023, pour une durée de trois ans. q

* Dédiée au développement d’énergies renouvelables sur le territoire de Grand Lac via des financements citoyens, ESL est implantée à La Biolle. Elle a réalisé et exploite des centrales photovoltaïques à Grésy-sur-Aix, Brison-Saint-Innocent et Aix-les-Bains. La Société par actions simplifiée est, par ailleurs, partie prenante dans le réseau de chaleur biomasse en cours de ­réalisation au Bourget-du-Lac.

Sophie Boutrelle
Crédit photo : Eau & Soleil du lac