Le club de basket burgien s’est interrogé sur l’impact du management sur le bien-être psychique des collaborateurs et collaboratrices.
«Depuis trois ans, une recrue est particulièrement chargée d’accompagner la santé mentale des jeunes joueurs comme des pros », justifie Didier Lamy, président de BB+, le club affaires de la JL Bourg Basket, à propos du thème principal des septièmes Rencontres du leadership, mardi 6 février : « Comment votre management impacte-t-il la santé mentale de vos collaborateurs et collaboratrices ? »
Cette recrue, Anaïs Cote, psychologue, témoignait d’ailleurs sur scène, aux côtés de Fabrice Goll, directeur de France 3 Nouvelle-Aquitaine, de Sylvain Ventre, ancien handballeur pro, fondateur de l’agence Willie Beamen, et des commandants David Audisio et Sébastien Gobert, du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de l’Ain. Interrogée la première, elle décrit la santé mentale comme « un état d’harmonie interne qui nous permet de mener à bien notre vie et de faire face à ses difficultés ».
Ce sujet, le Sdis de l’Ain a décidé, il y a deux ans, de lui dédier un service. « Nous tentons d’introduire une notion de bienveillance au quotidien dans notre management, pour contrebalancer une organisation très hiérarchisée et une forte exigence sociétale, explique le commandant David Audisio. Cela consiste notamment, à déconstruire l’image du sapeur-pompier superhéros. Mais, il y a une différence entre le management, où l’on peut débattre, et le commandement opérationnel, qui ne souffre aucune discussion… »
Bienveillance
Et Anaïs Cote de relever : « Si le management autoritaire est adapté aux situations de crise, il n’est pas tenable sur la durée. Il est important de connaître les atouts et les faiblesses des membres de son équipe. » Fabrice Goll remarque d’ailleurs qu’être manager, « c’est forcément aimer les gens, savoir écouter, guider et, quand c’est nécessaire, recadrer, être bienveillant mais aussi valoriser les bons, ceux qui vont faire la différence. »
Gestion des émotions, du stress, confiance en soi… Les sportifs de haut niveau se sont toujours préoccupés de leur mental. Mais la fin de carrière est un passage délicat. Sylvain Ventre en a fait l’expérience, avec un passage dépressif au moment de sa reconversion. Constatant que le phénomène était courant, il en a conçu un documentaire, « Strong, aussi forts que fragiles », qui rassemble cinq témoignages.
« Les sportifs professionnels sont bien accompagnés en cas de blessure physique, moins sur leurs fragilités psychologiques », analyse-t-il. « Après un événement important, en particulier s’il est négatif, il faut prendre un temps pour évacuer l’émotion. Suivra un temps d’analyse, avant de se lancer dans une nouvelle étape », conseille Anaïs Cote.
Le Commandant Gobert confirme : « En quelques années, nous sommes passés d’un débrief rapide et souvent informel après intervention à un vrai débrief opérationnel. L’enjeu, c’est d’éviter que le pompier reparte avec une blessure, un sentiment de culpabilité. »
Près de 300 personnes ont assisté à ces 7es Rencontres du leadership, organisées par la JL et son club affaires, en amont d’un match d’Eurocup face à Ulm (Allemagne).
Le leadership, un thème large
« On aurait pu penser que nous finirions par tourner en rond, avec cette thématique, mais pas du tout. C’est même facile, tant il existe de vraies problématiques de ressources humaines autour de cette notion », a relevé Didier Lamy, président de BB+, le club affaires de la JL Bourg, à l’occasion des 7es Rencontres du leadership, mardi 6 février.
« Sur la santé mentale (l’un des sujets de cette édition, NDLR) en l’occurrence, le besoin ne se limite pas aux enjeux d’une équipe professionnelle de basket. Être bien mentalement, n’est-ce pas une condition sine qua non d’un leadership efficace ? »
Et Julien Desbottes, le président de la JL, de rappeler l’attachement du club à ce thème qui lui permet de se différencier. « On aime détourner le L de notre nom pour mettre en avant le leadership. Si nous avons créé une école des meneurs de jeu, il y a 12 ans, c’est pour sortir des critères athlétiques. »
81-85 : La JL a perdu le match face à l’équipe allemande, ce soir-là, sans que soit remise en question, sa première place au sein de son groupe.
Génies solitaires ou pas géniaux solidaires ?
« Vaut-il mieux des génies solitaires ou des pas géniaux solidaires ? » C’est sur ce thème imprononçable imaginé par Didier Lamy, que ce sont poursuivies les Rencontres du leadership. Pour Freddy Fauthoux, entraîneur de la JL, « le génie est un handicap pour le groupe, qui doit comprendre comment il fonctionne. Parfois, cela ne marche pas et il est préférable d’écarter cette personne ». Patrick Bois, fondateur d’Albus Conseil, est bien de cet avis.
C’est en écartant respectivement Éric Cantona et Karim Benzema qu’Aimé Jacquet et Didier Deschamps ont permis à l’équipe de France de football de gagner la coupe du monde. « L’équipe marche mieux avec des gens qui ont envie. » Et celui-ci de citer la série télévisée Kaamelott : « Arthur et Lancelot veulent tous les deux le Graal, le premier en amenant tout le monde, le deuxième seulement les meilleurs. Les entreprises ont tendance à vouloir faire comme lui, mais c’est cher et cela ne permet pas toujours de construire un collectif. »

La basketteuse Monique Akoa Makani ne partage pas tout à fait cette opinion. « C’est le rôle du coach de construire son équipe et d’établir la hiérarchie selon sa vision. À partir de là, à chacun de jouer son rôle, même si à titre individuel, il est important de se considérer comme un génie. » Elle, a préféré renoncer au poste de capitaine qu’elle occupait l’an dernier. « Je n’étais pas encore assez mature. J’ai préféré me concentrer sur mon poste de leader offensif. Mais, c’est un bon rôle que j’aimerais retrouver plus tard. »
Le skipper Kito de Pavant avoue « mettre beaucoup d’affectif » dans le choix de ses équipiers et partenaires. « Cela fonctionne bien, même si cela joue parfois des tours. C’est mieux car la préparation d’une course est longue. »
Enfin, pour clore les débats, l’ex-judoka David Douillet, grand témoin de la soirée, devait conclure : « Être leader, c’est être capable d’aller au plus profond des personnes qui vont travailler avec vous, les déverrouiller pour qu’elles puissent donner le meilleur. »
Sébastien Jacquart
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