La crise, et après : télétravail, « big data » et sans contact

par | 29 avril 2020

DOSSIER BANQUES 4/5 – Avant-dernier volet de notre dossier consacré aux banques régionales pendant la crise du coronavirus. Quelles conséquences de la crise du coronavirus les dirigeants de la Banque Laydernier, la Banque Populaire, la Caisse d’Epargne et du Crédit Agricole entrevoient-ils, au delà des impacts déjà directs et déjà perceptibles (état de santé des entreprises, emploi, dette publique…) ? Eléments de réponse.

Au delà de l’impact socio-économique immédiat et, forcément, de moyen terme (dépôts de bilans, licenciements, dette publique, organisation de la santé…) quelles seront les conséquences de cette crise à long terme sur le monde du travail ? Nos interlocuteurs ont été plus ou moins inspirés par la question, qui relève il est vrai plus de la boule de cristal que du tableur Excel.

Tous se sont accordés sur le télétravail : après la crise, la pratique devrait fortement gagner du terrain comme fonctionnement normal. Même si, ont insisté plusieurs d’entre eux, le contact client direct restera fondamental dans leur activité et si le travail en équipe exigera aussi des périodes au bureau.

Alain Méline, président de la Banque Laydernier (Photo : Eric Renevier)

Au delà, l’organisation physique du travail pourrait être chamboulée : «Sanitairement, les gestes barrière vont continuer au-delà de la période de confinement. Et l’organisation des espaces de travail – notamment les open-spaces – va évoluer pour garantir la bonne distanciation entre les collaborateurs»,envisage Alain Méline (Laydernier).

Aménagement des locaux professionnels, outils technologiques pour le travail à distance, mais aussi, pour certaines branche, développement des ventes en ligne (« y compris pour le commerce de proximité ») ou encore « hausse des exigences en matière de traçabilité sanitaire » : autant d’évolutions possibles avec cette crise qui pourraient aussi constituer « des opportunités » pour les entrepreneurs d’Auvergne-Rhône-Alpes, relève Cyril Brun (BP Aura).

Plusieurs nous ont aussi parlé de l’évolution du regard du banquier. « Cette crise va changer les regards sur les ratios d’endettement et sur la notion de temps », estime Alain Denizot. « Avec notre prisme habituel, un nouveau prêt sur 5 ans qui peut représenter jusqu’à 25% du chiffre d’affaires annuel (NDLR : le Prêt garanti par l’Etat, donc), ça ne passerait pas !, complète Martial Schouller. Alors certes, c’est une mesure exceptionnelle et il y a une garantie mais sans ces mesures exceptionnelles, tout s’arrête ! En fait, nous faisons le pari d’un rebond dont nous ignorons la forme et l’ampleur. Forcément, cela nous oblige à « changer de lunettes » ».

Et évidemment, tous ont mis en avant le rôle que continuerait à jouer « une banque de proximité », digitale et physique, pleinement ancrée sur son territoire et avec des centres de décisions locaux. On n’en attendait quand même pas moins !


Accélérateur de tendances et relocalisations industrielles

« Cette crise, qui touche toutes les activités, sera longue et va marquer les esprits, encore plus que celle de 2008. Dans bien des domaines, elle sera un accélérateur de tendance. Il y aura un avant et un après », pronostique Alain Méline (Laydernier). Elle va aussi « avoir des répercussions psychologiques, au moins pendant le temps de l’incertitude sanitaire (NDLR : période pendant laquelle le virus est actif). C’est un virus terrible qui entraîne des perceptions différentes, en fonction de l’âge notamment », relève Alain Denizot (Cera).


« Sommes-nous prêts à accepter la géolocalisation pour lutter contre l’épidémie et si oui, avec quelles limites et quelle souveraineté sur la collecte et la gestion des données ? Il faut se préparer à un débat de fond sur les questions liées au « big data » »

Cyril Brun (BP Aura)


En matière de flux commerciaux, « les acteurs de l’approvisionnement vont être challengés. N’avoir qu’un fournisseur ou même plusieurs fournisseurs mais tous dans la même région du monde a montré ses limites », note Cyril Brun (BP Aura), avec ici aussi des opportunités « pour l’industrie (relocalisations) et pour les circuits courts en général. » En outre, la crise du coronavirus et les problèmes de contagion qui sont au cœur de la problématique vont « sans doute modifier aussi les pratiques de paiement : plus de sans contact et moins de billets », anticipe Alain Méline (Laydernier).

Avec cette crise du coronavirus, qui ne préfère pas déjà un virement ou un paiement sans contact à un versement en billets passés entre des milliers de mains ? (Photo AdobeStock)

Enfin, entrevoit Cyril Brun, cette crise « va également approfondir le débat sur le « big data. » Dans plusieurs pays d’Asie, la lutte contre le coronavirus passe par la géolocalisation via les smartphones (NDLR : suivi des mouvements des malades et repérage des personnes qu’ils ont côtoyé). Est-ce que nous sommes prêts à cela chez nous et avec quelles limites et quelle souveraineté sur la collecte et la gestion des données ? Il faut se préparer à un débat de fond sur ces questions. »

Photo du haut : photo d’illustration AdobeStock


Retrouvez les autres parties de ce dossier :

1/5 – Report des crédits : les entreprises disent banco !
2/5 – La déferlante du Prêt garanti par l’Etat (PGE)
3/5 – La reprise, les frontaliers et la montagne
4/5 – La crise, et après : télétravail, sans contact et « big data »
5/5 – Comment les agences sont parvenues à tenir le choc


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