Opératrice conditionnement et assemblage au sein de l’entreprise adaptée de l’ADTP de Cluses, Manon Plockyn est l’une des 70 candidates aux Trophées nationaux femmes en EA.
Rien ne distingue a priori Manon Plockyn d’une autre jeune femme. Bien dans sa peau et bien dans sa tête, elle caresse pourtant un rêve particulier : quitter l’entreprise adaptée (EA) de Cluses où elle travaille actuellement pour intégrer une entreprise ordinaire. Un dessein à portée de main pour cette trentenaire qui a déjà réussi à s’affranchir de son ancien poste en Esat (établissement et service d’aide par le travail), toujours à l’ADTP de Cluses.
« Le parcours de Manon est exemplaire, souffle Marie-Claire Clerc, directrice de l’ADTP de Cluses, c’est pourquoi nous avons souhaité le mettre en lumière en la proposant aux 10e trophées nationaux Femmes en EA et en Esat organisé par RéseauH. »
Le concours* rassemble cette année 69 autres candidates de la France entière, toutes porteuses d’un handicap. Manon n’échappe pas à cette particularité. Née prématurément avec une neurodyspraxie visuo-spatiale, elle se heurte à des troubles de la mémoire et à des problèmes d’orientation dans l’espace.
Un handicap qu’elle connaît par cœur et dont elle parle librement : « J’ai par exemple du mal à faire plusieurs choses à la fois, dit-elle. Et il me faut du temps pour retenir les consignes. » « Mais lorsqu’elle les a intégrées, souligne Marie-Claire Clerc, elle les a intégrées complètement et compense largement le temps passé aux explications ! » Sa force tient assurément dans un seul mot : la détermination, qui se lit dans l’azur de ses yeux.

Pourtant, Manon Plockyn n’a pas eu un parcours facile. Si l’école élémentaire s’est relativement bien passée, son cursus au collège a été « très difficile ». « Non pas à cause des autres élèves, se souvient-elle, mais à cause des professeurs qui ne comprenaient pas mon handicap… » A 14 ans, elle intègre donc l’Institut médico-éducatif Chalet Saint-André (Megève) où un enseignement adapté lui est enfin proposé.
Cinq ans plus tard, elle est embauchée à l’Esat de Cluses où elle effectue des petits assemblages, du contrôle, de l’ensachage, etc. « Ce qui m’a plu, ça a surtout été d’en sortir ! », rigole-t-elle. En franchissant la porte qui sépare l’atelier de l’Esat de celui de l’EA de l’ADTP de Cluses, Manon a fait un pas de plus vers son but ultime, l’intégration en milieu ordinaire.
« A plus ou moins long terme, je veux quitter l’EA pour travailler sur une machine dans une entreprise « normale ». Mon rêve serait d’être sur une machine semi-automatique d’usinage, où l’on peut quand même intervenir. »
Différents stages effectués chez des client de l’ADTP l’ont confortée dans cette envie. Nul doute que sa volonté, qui bluffe les encadrants de l’ADTP, l’amènera où elle le désire. En attendant, n’hésitez pas à voter pour elle !
*Les votes sont ouverts au public jusqu’au 14 février sur reseauh.fr
L’ADTP de Cluses se diversifie
Le site clusien de l’ADTP, qui compte 40 salariés en entreprise adaptée, 40 en Esat et 20 encadrants, offre ses prestations d’assemblage, de conditionnement et de contrôle unitaire à des clients industriels. Autrefois très tourné vers l’automobile (78 % de son activité il y a 4 ans), il s’est diversifié vers le poids lourd (avec Kongsberg Automotive, pour qui travaille Manon) ; la domotique (Somfy, Profalux) ; le sport (Simond) ; le jouet (Vulli) ou le conditionnement agroalimentaire. L’automobile représente désormais 48 % de son activité. « Nous cherchons d’autres marchés, notamment pour notre atelier d’ensachage, indique Marie-Claire Clerc, qui nous permettraient d’augmenter notre chiffre d’affaires. » Ce dernier s’établit à 1,7ME.
L’association ADTP emploie 600 personnes dont 80 % de travailleurs en situation de handicap et compte 4 sites au total. Sa mission est de faciliter l’emploi des personnes porteuses de handicap.
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