Cet hiver 2023, le salon des professionnels des sports outdoor s’est déroulé du 30 janvier au 1er février à Eurexpo Lyon, avec cinq semaines d’avance pour coller au calendrier d’achats.

« Les calendriers d’achats bouclent de plus en plus tôt pour garantir les délais de fabrication et de livraison, encore impactés par la pénurie et la hausse des coûts des matériaux. Comme nous nous devons d’être au service du marché, il fallait nous adapter à ces nouvelles évolutions et créer de nouveaux repères qui s’ancreront dans le temps », déclare d’emblée Lionel Kurtz, dirigeant de Sportair & Like That, organisateur historique de Sport Achat.

Une adaptation nécessaire, et réclamée par les professionnels, sur un salon d’affaires où le mot d’ordre est la prise de commande. En témoignent les exposants plus nombreux, soit 430 (on retrouve les niveaux pré-covid), et le retour de marques phares dans le textile comme Helly Hansen, Spyder, Reush, Luhta… mais aussi dans le matériel, avec Scott, Lacroix ou encore Dynafit, qui avaient déserté les allées. Le visitorat aussi s’en ressent, avec 3 324 personnes enregistrées.

« Le nombre de détaillants était déjà en hausse de 2 % le premier jour », se réjouit l’organisateur.

Reste que cet hiver, le manque de neige en début de saison et la baisse de la consommation des ménages ont rendu les acheteurs et les détaillants plus frileux au moment de passer commande. Tous se demandent si la rentabilité sera au rendez-vous, tandis que l’Union Sport & Cycle constatait déjà, mi-janvier, un recul de 12 % de l’activité des magasins de montagne (-8 % de la location et -17 % des ventes) pour les fêtes de fin d’année. Et que dire des industriels du sport qui réalisent généralement 70 % de leur chiffre d’affaires avant le 31 décembre ?

« Ce que l’on a perdu est difficile à rattraper, même si toutes les conditions sont réunies par la suite », souligne Patrick Giraudon, PDG d’Arva Nic-Impex et ex-président d’Outdoor Sports Valley.

Mais réjouissons-nous, les taux de réservation des hébergements dans les stations sont élevés pour les vacances d’hiver, tout comme les réservations de matériel et de cours de ski.

FOCUS ENTREPRISES

Nic-Impex : le défi de la sécurité

Après deux années exceptionnelles propulsant son chiffre d’affaires à 23 M€ (contre 16 M€), Patrick Giraudon, le PDG d’Arva Nic-Impex, “atterrit”. « Nous sommes sur une année plateau, avec trop de stocks dans les magasins et chez les fabricants dans certaines catégories de produits. »

Résultat, les prises de commande fléchissent, dues au manque de neige en début de saison et au pouvoir d’achat en berne. « On constate une baisse de 15 à 20 % des commandes de base et davantage de réassorts qui vont peser sur les industriels », confirme le dirigeant, qui reste positif, pointant un phénomène de pendule comparativement aux années de référence sur un marché en progression.

Pour 2023-2024, le fabricant annécien – propriétaire d’Arva et distributeur de 15 marques spécialisées dans le trekking, le camping et l’aventure – lance le système airbag Arva Reactor 2, plus léger, puissant et compact, fabriqué en France. Il vient compléter l’Arva connecté Neo BT Pro, en vente cet hiver. « Les résultats sur le terrain sont très bons et les clients s’engagent, malgré des retards de livraison dus à la pénurie de microprocesseurs. » Les ventes d’Arva pèsent 10 M€ dans le monde, dont la moitié en France.

NST farte sans fluor

La marque de farts et produits d’entretien pour les textiles et chaussures de sport, vélos et skis a fait du “100 % écolo” son credo. Tous les produits (lessives, désinfectants, imperméabilisants, lubrifiants, dégraissants…) sont fabriqués par la maison mère, les Laboratoires CMA, à Marignier (74).

Sur le marché, cinq gammes (environ 50 références) que la société de distribution Nstep vend dans plus de 700 magasins de sport (enseignes et détaillants indépendants) en France. Le chiffre d’affaires global, lui, a quadruplé en deux ans pour atteindre 800 000 euros, « grâce notamment aux partenariats noués avec Millet et Salomon, qui utilisent nos produits dans tous leurs magasins, y compris à l’export », explique Joseph Bouchon, le directeur général de la filiale Nstep France et Andorre (en photo).

En 2022, 200 000 produits ont été vendus, dont le fart à crayonner pour les skis (la grande nouveauté) à 15 000 unités. Plus grosses ventes jusqu’à présent, les produits pour le textile (30 %), ont été supplantés par ceux pour chaussures (40 %). Suivent les produits d’entretien et les désinfectants pour le ski (20 %) et pour le vélo (10 %). NST entend à l’avenir élargir son périmètre en France, notamment aux jardineries, et reprendre la distribution de la marque à l’export. « Le potentiel est énorme », assure le directeur.

TSL marche avec « Smart«  

Le fabricant de raquettes à neige, qui a atteint des sommets en 2022 avec 300 000 paires vendues (un record, l’année de ses 40 ans), vise les 260 000 paires cette année. « Nous sommes très tributaires de la neige et de la météo », rappelle sa directrice générale déléguée, Marion Gallay (à gauche sur la photo). Avec quatre gammes de raquettes (24 modèles), TSL est leader sur le marché mondial. S’y ajoutent les modèles “SMU” (Special Make Up), soit 50 % des ventes, que la marque développe spécialement pour les enseignes comme Decathlon, Intersport…

Pour 2023, elle innove avec la Smart, une raquette hybride, moins encombrante qu’un modèle classique, pour évoluer sur les terrains damés. Elle est disponible ce mois‑ci en magasin. En parallèle, TSL, qui conçoit aussi des sacs à dos modulables, investit le marché du trail avec deux premiers modèles, développés en interne et fabriqués en Asie, commercialisés cet automne.

Quant aux bâtons toute-saison (son 2e plus gros marché), elle prévoit d’en vendre 70 000 paires.
Le fabricant (siège à Annecy-le-Vieux, 80 salariés) mise sur 20 M€ de recettes en 2023 (contre 22 M€ un an plus tôt mais 16 M€ en 2021), dont 41 % à l’export. Les raquettes représentent 80 % des ventes, les bâtons 15 % et les sacs, accessoires et traîneaux de secours 5 %.

Plum mise sur l’injection plastique

Le spécialiste des fixations de skis de randonnée et de splits “made in Haute-Savoie ” (Thyez) en a écoulé 20 000 paires en 2022 (70 % skis et 30 % splits) et en prévoit 17 000 en 2023. Cette année, son chiffre d’affaires devrait reculer de 15 %, après deux exercices de croissance à deux chiffres (6 M€ en 2022, dont 1 M€ en mécanique générale). En cause, le début de saison manqué mais aussi la hausse des coûts de l’énergie et des matériaux, comme l’aluminium dont le prix à plus que doublé à 10 € le kg. « Nous n’aurons pas d’autre choix que d’augmenter les prix de 5 % cette année », déplore Loïc Félisaz, le directeur général (en photo).

Pour éviter les pertes de matières, il a désormais recours à l’injection plastique pour certaines pièces, tels les embases et le corps des fixations de split, sous-traitées à Ormance Technologie (Villaz) : « Nous avons investi dans nos propres moules. 50 000 euros en 2022 et près du double cette année. » De quoi augmenter la réparabilité et fabriquer en plus grande série.

Plum vend aussi ses skis (150) et splits (300) – avec un nouveau modèle, Fario, présenté à Ispo – qu’il codéveloppe avec Les Shapers Alpins, à Marignier. La distribution est assurée par 350 magasins en France (dont le sien) et via 27 importateurs et agents à l’international.

Eivie Nature, un concentré de fruits

Fondée il y a un an par Yoane Butel (conseiller en nutrition) et Julie Romanet (designer industriel), Eivie Nature conçoit des purées de fruits nutritives 100 % naturelles à consommer lors des loisirs ou du travail. « Nous avons lancé trois références, dont les recettes sont élaborées en interne, en Savoie, avec dans chacune d’elles, un super aliment (spiruline, camu camu ou baobab) riche en nutriments et en vitamine C, le fil rouge de notre marque », expliquent d’une même voix les fondateurs.

Les recettes sont ensuite testées en laboratoire avant d’être fabriquées et conditionnées dans les ateliers de Thomas Leprince, à Vallières (74). Une première production de 8 000 gourdes a été lancée en septembre 2022 et une deuxième suivra en mars, en même temps que la boutique en ligne de la marque.

Les objectifs ? Vendre 80 000 unités en année 1 et étendre la gamme aux boissons, barres de céréales et granolas. Pour la distribution, Eivie Nature cible les magasins de sport et les distributeurs automatiques (Popote Minute…). Des contacts sont pris. D’ici un mois, les deux fondateurs quitteront l’incubateur d’OSV pour Savoie Technolac. Pour l’heure, ils multiplient leur présence sur les salons et événements sportifs pour gagner en visibilité.

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Reportage et photos de Patricia Rey