La grogne des agriculteurs secoue la France depuis une semaine. En Pays de Savoie comme ailleurs, les opérations escargot ont grippé les autoroutes. Les organisateurs annoncent une pause mais, déjà, d’autres filières leur emboîtent le pas.
La mobilisation des agriculteurs en Pays de Savoie s’est déroulée sans gros incident. Encouragées par une première victoire – le gel des taxes sur le GNR (gazole non routier) –, les organisations représentatives des agriculteurs convergent vers un même but. « Pour l’instant, il n’y a pas eu de casse. Nous avons distribué des tracts et échangé avec les automobilistes qui se sont montrés compréhensifs. Nous n’avons pas d’autre action prévue après ce mercredi 31 janvier, nous avons besoin de souffler », relate Gilles Chatelain, président de la Coordination rurale des Savoie (une centaine d’adhérents).
La PAC dans le viseur
De leur côté, les Jeunes Agriculteurs (JA) des Savoie (200 adhérents) ont uni leurs forces à la FDSEA. Le président des JA, Fabien Petit-Roulet, souligne l’importance de rester mobilisé : « Le carburant est une charge vraiment très importante pour nous, mais la victoire sur le prix du GNR n’est qu’une première étape. Même si, pour l’instant, nous levons le pied sur la mobilisation. »
Son aîné, Gilles Chatelain, est aussi déterminé : « Nos revendications concernent la Pac [politique agricole commune de l’UE, NDLR]. Cette dernière a beaucoup “verdi”, avec des contraintes environnementales parfois insensées, comme la généralisation du méthaniseur. Ce procédé nécessite des cultures qui fermentent. Dans nos Savoie, il faudrait changer de plantations ou, pire, les acheter à l’extérieur du territoire… Toutes ces incohérences excèdent les agriculteurs. »
S’unir pour tenir
Gérant du Gaec La Ferme de Rogney (CA d’environ 340 000 €, un salarié, 85 vaches), à Gruffy (74), Fabien Petit-Roulet produit du lait pour la tome des Bauges. Il s’estime privilégié mais, pour maintenir son activité, il se rapproche du Gaec Les Champs du lac (Saint-Jorioz – 74). Il pointe les contradictions du système : « On nous demande de faire des efforts tout en augmentant nos charges. L’autre problème, c’est l’inadéquation entre les normes exigées et notre revenu. Nous aimons fabriquer des produits de qualité et être acteurs de notre territoire. Seulement, il faut que nous puissions tous en vivre. »
Les TP en veulent aussi
Inspirants, les agriculteurs drainent avec eux les revendications d’autres professions. La victoire tarifaire sur le GNR, entre autres, donne des idées à la CNATP des Savoie (Chambre nationale des artisans des travaux publics et du paysage, 44 adhérents), à laquelle se joignent les Capeb 73 (910 adhérents) et 74 (860 adhérents), ainsi que la section “travaux publics” du Syndicat général du BTP 73.
Alain Margerard, président de la CNATP des Savoie, après une opération escargot entre le viaduc des Égratz (Passy) et Les Houches (Chamonix), évoque ainsi : « Sur le GNR, nous ne lâcherons pas. C’est une question d’équité. Nous attendons des réponses du ministre Bruno Le Maire sur la suppression des taxes, ce jeudi 1er février. J’ai aussi suggéré l’utilisation du carburant bio HVO, qui s’adapte aux moteurs thermiques et permet d’épargner 90 % de pollution. Il coûte 25 % plus cher que le GNR mais nous serions partants si son prix était aligné sur celui du GNR de 2021. »
« Pas de négo, pas de J.O. »
Les chauffeurs de taxi ne restent pas non plus insensibles à cette effervescence. Sébastien Dumarais, président de la Chambre syndicale des artisans taxis de Savoie (60 adhérents), se tient prêt : « Nous attendons des engagements fermes de la CPAM et des préfectures qui conventionnent nos tarifs. Si rien ne bouge favorablement, nous rejoindrons le mouvement, c’est certain. » Et de laisser planer une menace : « Il est fort possible que nous déposions, avec d’autres professions, un préavis de grève pour le vendredi 26 juillet 2024. Notre slogan : “Pas de négo ; pas de JO !”. »
0 commentaires