Entretien avec Najat Vallaud Belkacem, ministre des droits des femmes, porte-parole du gouvernement qui revient pour nous sur la place des femmes dans l’entreprise.
Cela faisait 26 ans qu’un ministère du droit des femmes n’avait cours au gouvernement… Où en est-on aujourd’hui de l’égalité hommes-femmes dans le monde de l’entreprise ?
On a pu observer que les taux d’activité et les taux d’emploi des femmes s’étaient considérablement améliorés sur longue période. En matière d’écarts de salaire, des actions ont été engagées par les entreprises, mais force est de constater qu’ils ne se réduisent pas, en raison de discriminations, de la concentration de l’emploi à temps partiel chez les femmes, mais aussi parce qu’en matière d’orientation professionnelle, les choix offerts aux femmes sont nettement plus limités que ceux des hommes. La moitié des femmes salariées reste toujours cantonnée dans quelques familles professionnelles, 12 sur 87 pour être exacte, peu valorisées en général et donc peu rémunérées. C’est pour cela que l’action que je mène agit sur toutes ces situations : lutte contre les petits temps partiels pour limiter la précarité des femmes, agir pour que l’égalité des carrières et des rémunérations soient effectives dans les entreprises…
Le plafond de verre est-il toujours une réalité et comment y échapper ?
Il existe encore malheureusement. Vous savez, même dans les secteurs dits féminins où les femmes se font plus présentes, elles n’accèdent pas pour autant aux postes d’encadrement supérieur. Cette réalité est encore bien présente dans le monde du travail.
Pour changer les choses, il faut d’abord que toutes les entreprises engagent leurs démarches d’égalité professionnelle, car c’est évidemment un point central des négociations et des plans d’action. Cela suppose pour l’Etat, une réelle politique de contrôle, d’animation et d’accompagnement des entreprises..
Par ailleurs nous devons agir sur tous les leviers : la mise en œuvre de l’objectif de 40% de femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises à l’horizon 2017, notamment. A cet effet, j’ai engagé un travail avec 17 entreprises pour définir les voies de progrès. Nous signerons très prochainement des conventions avec ces entreprises. Par ailleurs, j’organise le 9 avril une conférence nationale où une vingtaine de dirigeants d’entreprises viendront intervenir sur cette question essentielle.
Et puis, il ne faut pas oublier que l’Etat doit lui-même donner l’exemple. Nous le faisons puisque la loi du 12 mars 2012 soumet l’Etat à des obligations concernant la place des femmes dans les emplois supérieurs de la fonction publique. Les premiers résultats sont encourageants puisque dès 2012, nous avons atteints le seuil attendu. Et le président de la République s’est lui-même engagé à ce que nous atteignons au moins 40 % de femmes dans les nominations dès 2017, soit avec un an d’avance par rapport à l’obligation législative.
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