Ébénisterie : un parcours hors normes estampillé Charlotte Le Roux

par | 06 mars 2024

Dirigeante de l’Estampille formation depuis 2020, Charlotte Le Roux a gagné son slalom géant vers l’indépendance et l’entrepreneuriat.

Au jeu des sept familles, celle des Le Roux aurait été assez simple à illustrer avec des combinaisons rouges et des skis au pied. Donnez-moi la mère : monitrice de ski. Le père : moniteur de ski. La sœur : monitrice de ski. Les deux frères : moniteurs de ski. Et Charlotte dans tout ça ? « J’étais déjà monitrice l’année de mon baccalauréat », se souvient la jeune femme qui, à l’âge de 30 ans, en août 2020, a racheté l’Estampille formation, à Vallières-sur-Fier. Celle qui était si peu motivée pour les études classiques dirige aujourd’hui un établissement d’enseignement. « C’est une forme de revanche ! », s’amuse-t-elle.

Du ski au maniement des gouges et autres défonceuses, cette sportive a parcouru avec succès un slalom géant dont l’ultime porte a été l’entrepreneuriat. Mais avant d’en arriver là, elle a dû faire quelques sorties de piste pour vraiment trouver sa voie.

C’est l’année de son baccalauréat, qu’elle loupe, qu’elle décide de s’orienter vers une activité manuelle pour s’assurer une activité complémentaire à l’enseignement du ski. Au hasard de ses recherches, elle tombe sur un lycée, dans ses Hautes-Alpes natales, qui permet d’allier ski et menuiserie. Cela fera l’affaire, même si elle ne connaît rien au bois. Plongée immédiatement dans le bain de l’atelier, elle se découvre une passion pour ce milieu… tout en skiant beaucoup.

« Cela m’a redonné goût à l’école », dit-elle. Son bac pro en poche, elle enchaîne donc sur un BTS au lycée Lachenal d’Argonay. Il lui faut une entreprise pour ses stages : ce sera Temahome, à Thônes, où elle sera embauchée en 2014 une fois son BTS obtenu. Elle y entre pour dessiner les meubles en 3D au bureau d’études, et évolue rapidement vers le marketing et la conception. En 2016, elle intègre le comité de direction avant de démissionner en 2018.

« J’avais envie d’avoir ma propre société. C’est le modèle que m’ont transmis mes parents. Et le fait d’être toujours monitrice en parallèle libère de beaucoup de craintes. »

Après quelques détours en agriculture, une saison d’hiver sur les planches et les confinements, elle apprend par hasard que l’Estampille formation est à vendre. « Je l’ai visitée début juin et l’ai rachetée le 30 août suivant ». En affaire comme dans les descentes, Charlotte Le Roux n’hésite pas. Suivie par Initiative Grand Annecy et par les banquiers, elle prend donc les rênes de l’établissement qui forme chaque année 24 adultes en reconversion au CAP d’ébéniste.

Après trois ans d’activité, la jeune femme a fait passer le chiffre d’affaires de 280 000 euros à 350 000 euros. Elle a investi plus de 50 000 euros dans les machines et le réaménagement du bâtiment. Et si elle n’a toujours aucun salarié, elle fait néanmoins travailler six formateurs en free-lance quand son prédécesseur faisait tout par lui-même.

« J’ai également modernisé le programme pédagogique, détaille-t-elle, en obtenant la certification Qualiopi en 2021. Et depuis deux ans, je propose aussi des stages d’une journée le samedi, à destination des amateurs, pour fabriquer une lampe, une étagère, voir les assemblages traditionnels et aborder la marqueterie. »

Jamais à court d’idée ni à bout de souffle, Charlotte Le Roux planche désormais sur l’éventualité de dupliquer ce modèle dans d’autres régions. Dès cet automne, elle devrait par ailleurs proposer des nouveautés sur le web. De quoi rester dans la course et gagner des points.

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