La marque japonaise de stylos, dont le siège europe est basé à Allonzier-la-Caille, réinvente l’écriture. Elle est l’une des rares à maîtriser l’intégralité du process, de la pointe au bouton-poussoir et à la formulation de l’encre. Récit et vidéo d’une success story.
Vive les vacances ! Bientôt la rentrée des classes, répondent les employés de l’usine Pilot d’Allonzier-la-Caille à quelques kilomètres d’Annecy, qui tourne depuis plusieurs mois à plein régime. C’est de là que partent les 40 millions de stylos produits, chaque année, à destination de 50 pays (Europe, Maghreb, Israël, Russie, Turquie, Géorgie…). Les produits, commandés en octobre dernier au Japon où ils sont fabriqués, sont assemblés et conditionnés sur place. Seuls certains modèles phares de la marque, comme les G2, les V5 et V7 (premiers rollers à encre liquide), le Fineliner mais aussi le B2P (pour Bottle to pen) de la gamme Begreen, 1er stylo “100% recyclé” (au moins à 95%) réalisé à partir de bouteilles d’eau d’Évian et de Volvic, y sont fabriqués.
Plus gros site du groupe nippon en Europe (le groupe a des filiales en Suède, en Allemagne… et au Royaume-Uni), il est depuis 2001 le siège de Pilot Corporation of Europe (PCE), auparavant implanté en Suisse, et de sa
filiale française (2014). Une implantation que Yasuyuki Kazaoka, pdg de PCE, qualifie de « stratégique de par sa situation géographique au cœur de l’Europe et aux portes de la Plastics vallée et de la vallée de l’Arve, épicentre du décolletage ». En 2017, PCE a généré un chiffre d’affaires de 165 millions d’euros sur les 812 millions consolidés réalisés par le groupe.
Des technologies high-tech et innovantes
Depuis sa création au Japon en 1918, à l’initiative de Ryosuke Namiki et Masao Wada, Pilot n’a eu de cesse d’innover, et en a fait la clé de son succès. Aujourd’hui leader mondial des instruments d’écriture en chiffre d’affaires, n° 2 européen en valeur et en France avec 22% de parts de marché (+2,6 points depuis 2013), il anticipe et crée la demande pour favoriser le plaisir d’écrire. Le leitmotiv, et plus encore un état d’esprit, de la marque nippone, qui depuis 100 ans écrit une à une les pages de son incroyable histoire. À coups d’innovations et de nouvelles technologies.
Pilot est en effet l’un des rares fabricants au monde à maîtriser l’ensemble de la chaîne de fabrication, du choix des matériaux et du design à la précision de l’embout et l’élaboration des encres. « Un bon stylo est la combinaison parfaite de la pointe et de l’encre», assure le président, rappelant le métier d’origine de Pilot, à savoir la fabrication de plumes en or. Dans ses usines au Japon, les chimistes planchent sur la formulation des encres : pour stylo-plume (1918), tableau blanc (1966), sous forme liquide (1976), encre gel (1993) … et permanente, la dernière en date, élaborée en 2017. La plus aboutie est sans aucun doute l’encre thermosensible effaçable, dont la mise au point a réclamé trente années de R&D. « Cette encre, chauffée à 65 degrés, devient transparente dès lors que l’on opère une friction avec l’embout du stylo», détaille Yasuyuki Kazaoka.
En 2006, le lancement du stylo FriXion connaît un succès retentissant. Devenu le best-seller de la marque, il s’en est vendu 170 millions d’unités en Europe en 2017, et 2,9 milliards dans le monde depuis sa commercialisation, stylos et recharges confondus. Pilot est aussi l’inventeur du stylo-plume rétractable sans bouchon, créé en 1964 à l’occasion des JO de Tokyo. Depuis une autre version a vu le jour intégrant un système à poussoir…
REPÈRES
1918 : Ouverture de l’entreprise Namiki Manufacturing Company au Japon, qui donnera naissance à la marque Pilot.
1919 : La première usine est créée à Tokyo le 1er octobre. Les produits de la gamme haute écriture Pilot y sont toujours fabriqués.
1938 : L’entreprise est rebaptisée Pilot Pen Corporation pour faciliter son internationalisation.
1961 : Première fabrication de stylos-billes.
1962 : Introduction à la Bourse de Tokyo.
1989 : Pilot Pen Corporation devient Pilot Corporation.
1996 : Inauguration de la 1re et unique usine Pilot en Europe, à Allonzier-la-Caille.
2006 : Mise en place du label Begreen qui désigne les produits éco-conçus de la marque.
2009 : L’usine d’Allonzier
est labellisée patrimoine du XXe siècle.
2013 : Création d’un nouveau centre de logistique de 5000 m2 sur le site d’Allonzier.
et il est toujours le seul à en posséder le secret de fabrication. Et c’est sans compter ses gammes haute écriture Pilot et luxe baptisée Namiki, du nom de son fondateur, pour répondre aux exigences des grands collectionneurs, et couvrir tous les segments de marché.
Un haut niveau de qualité
« Nous sommes un généraliste à haut niveau de technicité », résume Ken Schoellhammer, directeur de la marque en Europe.
Le maître mot pour qualifier ces produits d’une qualité “irréprochable”. Le cahier des charges est très strict et défini dans le respect des process. Chacune des 16 à 20 pièces composant un stylo est assemblée avec minutie. Chaque stylo est ensuite contrôlé manuellement, testé sur un banc d’essai, essuyé pour effacer toute trace, avant d’être mis sous blister et en présentoir.
« Depuis 2013, année de création de la plateforme logistique, nous avons investi plusieurs millions dans les outils de conditionnement pour pouvoir gagner en performance et livrer sous 24 heures », ajoute Patrick Forveille, directeur des corporate services sur le site d’Allonzier, où sont désormais produits annuellement 23 millions de blisters.
Cette année, un nouveau plan à trois ans sera voté pour optimiser et continuer à innover. Au Japon, un “Pilot” est un marin qui trace et montre la voie. Nul doute que la marque saura garder le cap. Elle réfléchit déjà au nouveau rôle à donner aux instruments d’écriture dans un monde qui se digitalise. Même si pour le pdg de Pilot Corporation of Europe, « l’écriture manuscrite s’inscrit dans le développement de l’humanité, et en cela, elle ne disparaîtra jamais ».
Cet article est paru dans ECO Savoie Mont Blanc du 29 juin 2018. Il vous est exceptionnellement proposé à titre GRATUIT. Pour retrouver l’intégralité des articles de notre hebdomadaire mais aussi de nos suppléments et hors-séries, c’est ICI
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