Trois entrepreneurs locaux ont relevé le défi de reprendre cet établissement emblématique de la gastronomie locale.
Depuis sa mise en vente, il y a 18 mois, l’hôtel-restaurant L’Embarcadère, à Nantua, endeuillé par la disparition de son patron, Jean-Charles Guyot, en août 2022, ne semblait pas devoir trouver preneur. Habitués des lieux au point d’avoir noué des relations amicales avec le défunt propriétaire, trois entrepreneurs locaux ne pouvaient se résoudre à voir disparaître ce haut lieu de la gastronomie aindinoise.
Bruno Pellegrini, Daniel Zarlenga et Hervé Vion-Delphin ont décidé de s’associer pour le reprendre. Les initiales de leurs prénoms par ordre alphabétique, BDH, ont donné son nom à la holding repreneuse de la partie immobilière. Le fonds de commerce, lui, garde sa dénomination : SAS L’Embarcadère.
Entrepreneurs aguerris (lire ci-dessous), les trois hommes savent parfaitement où ils mettent les pieds. « On a connu des affaires plus simples, admet Hervé Vion-Delphin. Les débordements réguliers du lac causent des problèmes d’assurance et des pertes d’exploitation. Et l’an dernier, le restaurant a enregistré 200 000 euros de déficits, compensés – en partie seulement – par les recettes de l’hôtel. »
Mais, ils en connaissent aussi les atouts. « Jean-Charles a su créer un vrai attachement du personnel, note encore Hervé Vion-Delphin. Certains étaient avec lui depuis le début, à l’image du chef Xavier Augier, présent depuis 22 ans. » Un chef secondé par une jeune femme « pleine d’idées », Amandine Gros.
En tout, l’établissement emploie 24 personnes. L’hôtel, de 48 chambres, fonctionne bien, essentiellement avec une clientèle affaires, mais aussi de tourisme de court séjour.
L’enjeu principal – outre la nécessité de réunir la municipalité et le syndicat de rivières pour une meilleure gestion des débordements du lac – sera de ramener du monde en salle, en particulier le midi. Pour cela, le trio mise sur le recrutement d’une autre nantuassienne de naissance, Valérie Morosi, créatrice, il y a cinq ans, de l’entreprise de traiteur Mlle Cocotte, à Montréal-la-Cluse (qui cherche un repreneur).
« La salle du restaurant est très grande. Replacer la jauge autour de 50 couverts permettra qu’elle fasse moins vide, observe-t-elle. La fermeture annuelle, du 22 décembre au 8 janvier, prolongée jusqu’au 11 pour la partie restauration, a été l’occasion de repenser la carte, notamment pour proposer une formule plus rapide et plus abordable, le midi. Il ne s’agit pas de tout changer, mais de peaufiner, de faire de L’Embarcadère un lieu de vie où l’on vient boire un café l’après-midi, prendre un petit-déjeuner le matin et surtout, profiter d’une vue incroyable autour d’une belle assiette. »
Qui sont les repreneurs ?
Bruno Pellegrini est cofondateur de la société de construction métallique Poralu (devenue Kapeci), qu’il a dirigé pendant 50 ans, ancien maire de Port (13 ans) et ancien président de la communauté de communes Lac de Nantua (11 ans). Daniel Zarlenga gère l’entreprise de charpente-couverture Girod Moretti, à Béard-Géovreissiat.
Hervé Vion-Delphin est connu du monde économique pour avoir monté les entreprises Broplast, puis Trivéo ; et du monde associatif et culturel, entre autres, pour la création du Festival international de musique du Haut-Bugey (1995-2005) et de l’espace d’art contemporain de Nantua, La Maroquinerie.
Quant à Valérie Morosi, de nombreuses expériences dans l’hôtellerie à l’étranger, notamment en Angleterre, l’ont conduite à devenir responsable des relations publiques de la Manufacture Roger Dubuis, marque horlogère du groupe Richemont, avant qu’elle ne décide de revenir dans le Bugey et d’aborder la cuisine, en se formant à l’Institut Bocuse.
Sébastien Jacquart
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